INTRODUCTION Dans les années1975, constatant le bon résultat d’une carpectomie réalisée en 1966 par un confère, nous avons progressivement privilégié cette intervention. En 1981, nous avons rapporté nos premiers résultats, certes encourageants mais avec un faible recul. Aujourd’hui avec notre expérience de plus de 35 ans, nous ne rapportons que les cas ayant un recul minimal de 15 ans.
MATERIEL Il s’agit d’une étude rétrospective comportant 44 patients, 36 hommes dont la moitié sont des travailleurs de force et 8 femmes. Un seul cas, le premier de la série, correspond à un traumatisme complexe du carpe. Dans les autres cas il s’agit de formes évoluées de : Maladie de Kienböck :10 cas. Traumatismes articulaires : subluxations et luxations invétérées : 14 cas. Pseudarthrose du scaphoïde (échec de greffe) : 1 cas. Implants de silicone du scaphoïde mal tolérés : 4 cas. Maladie de Preisser : 1 cas. Polyarthrite rhumatoïde : 2 cas. Et Cal vicieux du radius : 1 cas.
METHODES La voie d’abord : il s’agit essentiellement d’une voie postérieure chez 39 patients contre 5 voies antérieures. La résection comporte l’exérèse complète de 3 os, sans brochage temporaire ni interposition capsulaire. Le poignet est immobilisé pendant 1 mois. L’évaluation a été clinique (douleur et amplitudes articulaires) et radiographique.
RESULTATS L’analyse des résultats réalisée selon le système d’évaluation de Cooney permet de noter : 1 résultat classé très bon, 4 résultats classés bons, 28 ont un résultat assez bon et 11 ayant un mauvais résultat soient 25 % (11/44) de mauvais résultats.
Il faut rappeler que le système d’évaluation des résultats selon Cooney concerne l’analyse de lésions traumatiques sans antécédents. Or dans cette série il s’agit de poignets douloureux chroniques dont l’amélioration de l’état initial, même modeste, est largement appréciée par les patients. Ainsi dans le groupe des 11 mauvais résultats seuls 5 patients seront re opérés par arthrodèse radiocarpienne. Les 6 autres patients sont satisfaits car améliorés par rapport à leur situation initiale.
Ainsi on peut conclure qu’en fait 39 patients sont satisfaits soient 89 % et seuls 5 patients qui ne sont pas satisfaits soient 11 %.
DISCUSSION Cette série nous confirme l’efficacité au long court de cette technique mais aussi ses limites que nous avons progressivement pu constater dans note expérience. Il s’agit avant tout de la dégradation (au-delà de 10 ans) des bons résultats précoces pour la maladie de Kienböck. Il en est de même pour la polyarthrite rhumatoïde.
Les résultats pour les fractures de l’extrémité inférieure du radius, qu’il s’agisse de fractures articulaires ou de fractures extra articulaires associées à des lésions ligamentaires complexes, sont aussi très décevants.
Nous avions au début tendance à privilégier la carpectomie pour les lésions avec peu ou pas d’arthrose. En fait, progressivement, nous avons pu constater que l’existence d’arthrose ne constituait nullement une contre-indication à la résection. Nos résultats à distance sont formels ; les cas avec une arthrose importante évoluent favorablement au très long cours.
Parmi les autres techniques palliatives permettant de conserver la mobilité, l’arthrodèse intra carpienne est, au vu de la littérature, malgré la plus grande difficulté de réalisation et la nécessité d’une immobilisation plus longue, une bonne alternative. Plus récemment plusieurs études comparant les deux techniques soulignent une très légère supériorité de la carpectomie.
Actuellement, on peut noter un réel intérêt de cette technique dans la littérature ; outre l’introduction de la technique sous arthroscopie, divers travaux fondamentaux rapportent les études de biomécanique de cette néo articulation.
CONCLUSION Notre étude confirme la bonne tolérance de la résection des 3 os du carpe au très long cours dont l’intérêt majeur, outre sa simplicité est, du fait de la résection, d’apporter une composante d’arthrolyse décompressive favorisant la conservation d’un bon secteur de mobilité.
Cette technique dont l’accueil a été très réservé initialement trouve ainsi, à juste titre, désormais sa place dans l’arsenal thérapeutique du poignet.
Commentaire : Dominique LE NEN (Brest)