e-Mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie (ISSN 1634-0647)
Sommaire du numéro 2006, vol. 5 (3)
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L’homme, seul primate exclusivement bipède, possède une trochlée fémorale creusée en son milieu, asymétrique, avec une berge externe plus saillante. L’engagement de la rotule sur une trochlée de plus en plus profonde et asymétrique semble être une spécificité de l’homme moderne. Ce caractère serait essentiellement la conséquence de la bipédie. Il existe cependant une grande variabilité individuelle des caractéristiques anatomiques de la trochlée fémorale chez l’homme. Notre objectif était de réaliser une biométrie sur une série de fémurs foetaux et de comparer nos résultats avec la série de genoux adultes de Wanner (1977) [1]. Ce travail constitue la première évaluation biométrique statistiquement significative de la croissance osseuse durant la vie foetale. Il vise à établir si durant les stades foetaux précoces la morphologie des extrémités osseuses est fixée ou si au contraire elle se modifie progressivement jusqu’à atteindre la morphologie adulte. Ainsi l’observation d’un nombre significatif de sujets présentant une trochlée creusée dès les stades précoces du développement foetal plaide en faveur de l’influence de facteurs génétiques progressivement apparus au cours de l’évolution et non de seuls facteurs mécaniques dus à l’acquisition de la marche. Cette étude peut également permettre de mieux comprendre la genèse de certains morphotypes prédisposant à la luxation ou l’instabilité rotulienne, pathologie encore mal comprise et donnant lieu à des divergences thérapeutiques importantes.
Biometry of the femoral groove in foetuses. Anthropological and clinical interest
The femoral groove in humans, the only exclusively biped primate, is asymmetrical, with a lateral margin that is more elevated than the medial one. This asymmetrical patellar groove is a specificity of the modern human being. This feature might be caused by bipedalism. Nevertheless, a great anatomic variability in the shape of the femoral groove has been described. Our aim was to achieve a biometry of the femoral groove in foetuses and to compare our results with those published in adults by Wanner (1977) [27]. To date, this is the first biometry of the trochlear groove in foetuses. The analysis was performed in order to check the following hypothesis: the distal end of the bones is fixed in shape from the earliest foetal stage through the growth. Our results pointed out that a significant number of foetal specimens had an asymmetrical and deeply dug femoral groove from the earliest foetal stage. This supports the hypothesis that in the determination of the distal end shape of the femur, a part is played by genetic factors that have progressively appeared during the evolution. Thus, not only mechanical factors such as specific stress caused by bipedalism are responsible for the shape of the distal femurs in adults. This work may serve as a base in order to better understand the femoral groove dysplasia that is in certain cases responsible for iterative patellar dislocations, and in which the treatment remains controversial.
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Les études prospectives et comparatives analysant les voies d’abord mini-invasives pour arthroplastie totale de hanche sont encore rares. Nous avons recherché l’intérêt d’une voie postérieure minimale par rapport à une voie postéro-externe « standard » dans les résultats cliniques précoces. C’est une étude prospective, continue et comparative incluant 116 arthroplasties (110 patients) répartis en deux groupes d’effectif égal et comparables en pré-opératoire. Nous avons exclu les troubles architecturaux majeurs et les arthroplasties de reprise. Les deux voies ont été réalisées en décubitus latéral avec une instrumentation classique et le même type d’implant. Nous avons étudié la durée opératoire, les transfusions sanguines, la douleur post-opératoire et le positionnement des implants. Le saignement opératoire a été calculé selon une méthode validée. Les résultats cliniques fonctionnels ont été évalués (HHS et Womac) à 6 semaines, 3 et 6 mois. Le seuil de significativité retenu était p<0.05. La longueur moyenne de l’incision était de 8,5cm contre 15,1cm. Les pertes globulaires moyennes calculées étaient significativement plus faibles dans le groupe mini-voie (p=0.027) ainsi que la douleur post-opératoire confirmée par une moindre consommation d’antalgiques morphiniques (p=0.006). Les autres paramètres opératoires et le positionnement des implants étaient comparables. Aucune complication majeure n’a été relevée dans le groupe minivoie. Dans l’autre groupe, une parésie du SPE, deux luxations et deux fractures sur prothèse lors de chute ont été observées. L’index de Womac était meilleur après mini-abord à 6 semaines et 3 mois (p<0.05), le score HHS était meilleur à 6 semaines seulement. A long terme, les résultats fonctionnels étaient comparables.
Prospective and comparative study of minimally invasive posterior
approach versus standard posterior approach in total hip replacement.
Introduction: Minimally posterior approach in total hip replacement (THR) is topical. We studied its interest with regard to standard postero-lateral approach. Material and Method: It was a prospective, comparative and continuous study. Major architectural disorders and revision arthroplasty were excluded. One hundred and sixteen total hip replacements (110 patients) were included, divided into two groups of equal size. We performed the two approaches with standard instruments. The same implants were used. Duration of operative procedure, haemoglobin level, and haematocrit at day 1 and 5, transfusion volume, postoperative pain and implant positioning were noted. Average operative blood loss was calculated by mean of haematocrit rate and transfusion. Clinical status was evaluated by Harris hip score (HHS) and WOMAC Osteoarthritis Index preoperatively and postoperatively (6 weeks, 3 and 6 months). A p<0.05 was considered significant. Results: Preoperative data were comparable with respect to age, sex, body mass index, diagnosis and preoperative functional scores. ASA score was lower in the mini-incision group (p=0.04). Average incision length was 8,5 cm versus 15,1 cm. Average calculated total blood loss was lower in mini-posterior approach (p=0.027) as was postoperative pain, confirmed by less morphine use (p = 0.006). WOMAC Osteoarthritis Index was significantly better in miniposterior approach at 6 weeks, 3 and 6 months (respectively p=0.005, p=0.02 and p=0.01) and HHS at 6 weeks (p<0.05). Later, functional results and pain became comparable. Other postoperative data (transfusion rate, duration of hospitalisation and implant positioning) were comparable. We observed no major complication in the mini-posterior approach group but one peroneal palsy, 2 dislocations and 2 periprosthetic fractures, secondary to falls, in the other group. Discussion and Conclusion: Blood loss and postoperative pain are less in mini-posterior approach. It allows an earlier and a faster recovery. This approach needs no specific instrumentation, no orthopaedic table and no fluoroscopy. It allows a satisfying and reproducible implant positioning. The complication rate is similar. Early clinical results are better but become comparable after 6 weeks. The mini-posterior approach is a reliable and reproducible approach. It requires a learning period. Conversion into standard postero-lateral approach is possible if necessary.
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Les systèmes d’imagerie médicale numérique et les techniques informatiques qui sont actuellement développés pour planifier et réaliser certains actes opératoires en chirurgie orthopédique procurent au chirurgien une panoplie d’outils performants qui sont capables d’améliorer la précision du geste opératoire, sa fiabilité et le résultat clinique, en même temps d’ailleurs que de permettre une réduction du coût des soins et de la durée de l’hospitalisation. Les principaux systèmes de navigation chirurgicale sont équipés de quatre sous-ensembles : 1. Un système de recueil et d’enregistrement des informations numériques spécifiques à chaque patient : images préopératoires (radios conventionnelles, TDM, IRM) ; images peropératoires (fluoroscopie, ultrasons) ; positionnement peropératoire d’outils ou de segments osseux à l’aide de localisateurs tridimensionnels. 2. Un système de recalage permettant de replacer toutes les informations et images numériques dans le champ opératoire du patient en utilisant la fluoroscopie ; les ultrasons ; des repères anatomiques remarquables ou de surface acquis de façon randomisée et aléatoire. 3. Un système d’aide à la décision permettant de planifier le geste opératoire à l’aide d’informations multimodales : positionnement interactif d’outils ou de segments osseux dans le champ opératoire ; éléments prévisionnels de navigation (directions, axes, orientations, longueurs d’un instrument…). 4. Un système d’aide à la réalisation du geste opératoire, permettant de réaliser la stratégie optimale définie en préopératoire : le système est passif lorsqu’il fournit des informations sur la position des outils chirurgicaux dans le champ opératoire ; il est actif lorsqu’il s’agit d’un robot qui effectue une tâche précise, autonome et déterminée à l’avance. Dans le futur, on peut envisager que les systèmes de navigation chirurgicale permettront aux chirurgiens d’évaluer la fiabilité et la précision de différentes techniques opératoires, première étape de l’optimisation des thérapeutiques.
Computer Assisted Orthopaedic Surgery: Current state and future prospects.
Imaging, sensing and computing technologies that are being introduced to aid in the planning and execution of surgical procedures are providing orthopaedic surgeons with a powerful new set of tools for improving clinical accuracy, reliability and patient outcomes while reducing costs and operating times. Current computer assisted surgery systems typically include four steps : 1. A measurement process for collecting patient-specific medical data ; pre-operative images (CT, x-rays, MRI) ; intra-operative images (fluoroscopy, ultrasound images) ; intra-operative positions of tools or bones obtained using 3D localizers. 2. A registration process for aligning all images and data to the patient coordinate system ; using anatomical landmarks ; using bone surfaces digitized directly or with ultrasounds ; using x-rays 3. A decision making process for generating a surgical plan on multi-modality information ; interactive placement of tools or bones on images ; monitoring of criteria (angles, positions, impingement….) 4. An action process for accurately achieving the goals specified in the plan ; passive systems that display the position of tools or bones on images and data and active robots. In the future, it is expected that computer assisted surgery systems will enable surgeons to measure the performances of surgical techniques accurately and consistently, which is a first step for optimization of surgery.
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L’histoire des résections oesophagiennes pour cancer a cent ans, le chirurgien isolé a fait place aux équipes, aux décisions multidisciplinaires. De 1892 à 1913, entre les premières thoracotomies et la réussite de Torek, Tuffier et d’autres ont étudié sur le cadavre l’abord et la vascularisation ; au laboratoire, sur le chien, les conséquences physiologiques respiratoires des thoracotomies. Les premières résections sur l’homme sont mortelles. En 1913, Torek obtient, au prix d'une double stomie oesophagienne et gastrique, la première survie prolongée. Mais pendant vingt ans les réussites sont rares dans un effroyable inconfort. De 1933 à 1945, c’est le temps des anastomoses par voie gauche, avec moins de 10 survies mondiales rapportées. L’après-guerre permet une première mise au point lors de deux congrès internationaux en 1946 aux USA, en 1947 à Paris (Santy et Mouchet). Un net progrès se dessine, moins lié à la dextérité des opérateurs qu’à l’apparition d’équipes spécialisées (USA, Argentine) et à l’essor de l’anesthésie moderne (appareils à circuit fermé, intubation trachéale, curare, ventilation assistée). Après 1953, les appareils de ventilation mécanique, et, par ricochet, la naissance de services de réanimation polyvalente, imposent au chirurgien, à part entière, l’anesthésiste et le réanimateur. Avec la période 1960-1978 s’ouvre l’ère des statistiques et des premières sélections. Plus que la voie d’abord de plus en plus à droite, compte l’amélioration sensible des instruments, des aiguilles, du fil bientôt résorbable, la tubulisation mécanique, etc…Les progrès de l’endoscopie souple, de l’imagerie (échographie, scanner) permettent une meilleure sélection des opérés. La radiothérapie ciblée, une chimiothérapie plus efficace, l’intubation endoscopique, prennent place dans une décision thérapeutique devenue multidisciplinaire. Après la bataille et la victoire des anastomoses mécaniques, la résection sans thoracotomie, éventuellement vidéo-assistée clôt (provisoirement sans doute) ce survol historique.
Esophagectomy for carcinoma : a very long story
From the first cervical resection, by Czerny (1877), to the first successful thoracic excision by Torek (1913), several surgeons in the world, and especially Tuffier in France, experimented on the dog and studied respiratory consequences of thoracotomies. But all esophagus resections in men were mortal. Torek’s operation had a high mortality rate, a very rare long-time survival with the double infirmity of a cervical esophagostomy and a gastrostomy. From 1933 (Oshawa) to 1945 (Sweet), a left thoracotomy with phrenotomy was performed. Immediate anastomosis was preferred by most surgeons. Mortality rate was high and only about fifteen operations in the world were successful. After World War II, two international conventions, in the USA in 1946, and in France in 1947 (Santy, Mouchet), noted important progress. It was less due to the surgeons’ dexterity than to the development of modern anaesthesia procedures (tracheal intubation; curare; assisted ventilation; closed circuit devices). Abdominal and right thoracic approach, the royal way allowed spreading the resections to the carcinoma of the middle esophagus. After 1953, the devices of mechanical ventilation entailed indirectly the creation of respiratory, then polyvalent units. Independent anesthesiologists and reanimators entered the team. During the period 1960-1978, an era of statistical and better selection opened. The right approach emerged. But chiefly one notes major improvements of the instruments, needles, absorbable thread, mechanical tubulisation of the stomach, etc… Progress in flexible endoscopy and imagery (echography, Scan) allowed for better selection of patients for carcinoma resection. Radiotherapy, a more efficient chemotherapy and endoscopic intubation were employed in therapeutic decisions that had become increasingly multidisciplinary. After the battle and the victory of mechanical anastomosis, resection without thoracotomy and possible video-assisted esophagectomy concludes this historical survey, although probably only temporarily.
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Nous rapportons l’observation de deux patients ayant développé un adénocarcinome sur plastie gastrique. Le traitement a consisté, dans un cas, en une résection chirurgicale de la plastie gastrique et réalisation d’une anastomose oeso-jéjunale. Le diagnostic, dans le deuxième cas était orienté par des douleurs thoraciques. Le traitement était à base de chimiothérapie, Carboplatine-5Fluoro-Uracil, en raison des métastases pulmonaires. Les meilleurs résultats sont observés dans le premier cas. Ceci souligne l’intérêt de la surveillance des patients opérés d’un cancer de l’oesophage par une endoscopie régulière.
Metachronous cancer of gastroplasty after esophagectomy
The incidence of gastric tube cancer after esophagectomy has increased recently with prolongation of survival of patient with esophageal cancer. It may be found in 0,2 to 3,5% of patients treated for esophageal carcinomas. In our experience, we observed 2 cases of gastric tube carcinomas among 750 cases who had surgical resection for esophageal cancer by Ivor Lewis procedure from 1980 to 2005 (0,2%). In the first case, the cancer was detected during the follow-up by endoscopic examination. Total resection of gastric tube and reconstruction by Roux-en-Y were performed. The patient is alive and disease free one year after surgery. In the second case, the gastric tumor was revealed by thoracic pain. Chemotherapy, using Carboplatin-5Fluoro-Uracil, was performed because of lung metastasis. Patient died of disease one year later. The clinical symptoms related to tumors are associated with shortterm survival, whereas the cancers detected by periodic endoscopy screening have occasional long-term survival. Total gastrectomy is proposed for surgical treatment but the operating procedure is complicated and invasive. Early single location and mucosal cancer can be treated by endoscopic mucosal resection. A majority of reports experienced good results with this technique. Early diagnosis, by annual endoscopic examination, permits best results in the treatment of metachronous gastric carcinoma arising from gastric tubes used for reconstruction after oesophagectomy
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Introduction. Notre série de cancers de l’oesophage comportait 792 cancers épidermoïdes, 183 adénocarcinomes et 25 autres lésions, pseudo sarcomes, dysplasies de haut grade, métastases d’adénocarcinomes et 3 mélanomes primitifs. Patients and methods : Il s’agissait de 907 hommes et 93 femmes. La moitié des patients avait entre 60 et 70 ans et 252 d’entre eux des antécédents pulmonaires. Notre taux d’opérabilité est de 85 % et de réséquabilité 92 %. Cent trente huit patients ont été récusés pour métastases, envahissement d’organes, cirrhose décompensée et troubles respiratoires majeurs et 862 patients ont été opérés, 767 réséqués et 32 by-pass ont été pratiqués. Dans notre série, nous avons privilégié de façon évidente l’intervention d’Ivor Lewis qui a été pratiquée 616 fois, 21 Akiyama ont été pratiquées au début de l’expérience puis abandonnées et 92 oesophagectomies sans thoracotomie. Vingt huit patients ont eu une transposition de plastie de grêle ou une anse en Y intra thoracique. Trente deux patients ont eu un by-pass et 10 patients une colostomie pour des patients préalablement opérés de l’estomac. Nous avons mis au point une installation triple abord simultané qui nous permet d’avoir un abord de l’abdomen, thoracique et cervical concomitant. Nous pratiquons l’anastomose toujours au sommet du thorax à 4 cm sous la bouche de Killian. Nous avons abandonné l’ascension par voie rétro sternale pour les voies cervicales au profit de la voie médiastinale postérieure qui donne moins de fistule. Concernant l’intervention de Lewis 67 % des patients ont eu des suites simples, 6,5 % des fistules post-opératoires et 25 % des troubles respiratoires. Les fistules sont le double après oesophagectomie sans thoracotomie. La mortalité post-opératoire est de 6 % après Lewis-Santy, 8 % après oesophagectomie sans thoracotomie et 10 % après Akiyama. Concernant le confort des patients : 64 % des patients ont repris leur activité antérieure à un an post-opératoire chez les patients sans récidive avec un Karnofsky supérieur à 80 chez 58 % des patients. La surveillance à 5 ans des cancers épidermoïdes R0 est de 40 % lorsque la chirurgie curative est moins de 10 % lorsqu’il existait des ganglions à distance de la tumeur. A côté du caractère R0 de la section tumorale, l’envahissement ganglionnaire est déterminant dans leur survie. Deux cent vingt cinq patients ont eu une radio chimiothérapie préopératoire et nous avons constaté rétrospectivement le double de mortalité post-opératoire 11 % versus 5,7 % après chirurgie seule. Conclusion : la chirurgie nous paraît le traitement de choix pour les cancers épidermoïdes et les adénocarcinomes stade 1 et 2, mais également pour les cancers épidermoïdes T3 N0. La radio chimiothérapie à l’heure actuelle n’a pas démontré une amélioration des taux de survie, sauf chez les patients répondeurs et réséqués, mais elle augmente la morbidité post-opératoire.
Esophageal cancer surgery. Reflexions concerning 1000 patients
Introduction: Our series of esophageal cancer included 792 cases of squamous cell carcinoma, 183 cases of adenocarcinoma, 25 other lesions in the form of pseudosarcomas, high grade dysplasia, adenocarcinomatous metastasis and three cases of primary melanoma. Patients and methods: The series concerned 907 males and 93 females. The age of half of our patients varied between 60 and 70 years. Two hundred and fifty two cases had past history of pulmonary disease. Eigthy five per cent of these patients were operable while 92 % had resectable tumours. Surgery was contra indicated in 138 patients due to metastasis, organ invasion, decompensated liver cirrhosis or major respiratory problems. The total number of patients operated was 862. We performed 767 complete resections and 32 by-pass procedures. In our series, the surgical procedure of choice was the intervention of Ivor Lewis which was performed in 616 cases. Twenty one Akiyama procedures were performed in the beginning of our series but were given up, and 92 oesophagectomies without thoracotomy. Twenty eight patients had intestinal transposition repair or intra thoracic Y procedure, 32 patients had by-pass repair and 10 colonic interpositions were performed in patients previously operated for stomach lesions. We adopted a three access installation which allowed us to have simultaneous surgical access to the abdomen, thorax and neck. The anastomosis was always performed at the thoracic apex about 4 cm inferior to the Killian area. In performing the cervical access, we gave up the retrosternal pathway and we adopted the posterior mediastinal one due to lower incidence of fistula. Results: Mortality: Postoperative mortality was about 6 % after Lewis-Santy, 8 % after esophagectomy without thoracotomy and about 10 % after Akiyama. Morbidity: concerning the procedure of Lewis-Santy, 67 % of patients had simple postoperative course, 6,5 % had postoperative fistulas and 25 % of patients had respiratory complications. We observed that the incidence of postoperative fistulas doubled after esophagectomy without thoracotomy. Sixty four per cent of patients without relapse practiced their usual activities within one year postoperatively and 58 % of patients had a Karnofsky score superior to 80. Long term follow-up at 5 years of squamous cell carcinomas R0 is about 40 % and less than 10 % in the presence of distant lymph node metastasis. Two hundred and twenty five patients had had pre-operative adjuvant radio-chemotherapy. We observed retrospectively that the incidence of post-operative mortality (11%) was two times more than patients operated without the preoperative radio-chemotherapy (5.7%). Conclusion: Surgical resection appears to be the treatment of choice of esophageal cancer. For the time being, radiochemotherapy does not demonstrate any improvement regarding the survival rate except for resected cases responding well to radio chemotherapy, with increased rate of postoperative morbidity.
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Depuis février 2002, 71 patients ont été opérés pour obésité morbide avec l’indication d’une dérivation bilio-pancréatique avec « duodenal switch » (technique de Marceau-Hess) (DS). Soixante femmes et 11 hommes âgés de 42.5 ± 10.9 ans avaient un index de masse corporelle (IMC) de 47.9 ± 7.0. Seize d’entre eux avaient déjà eu une chirurgie bariatrique sous la forme d’un anneau gastrique ou d’une gastroplastie verticale calibrée (1 patient). Trente huit patients présentaient au moins un facteur de comorbidité associé (diabète type 2, hypertension artérielle, apnée du sommeil). Après une approche initiale par laparotomie exclusivement, quarante sept opérations ont été débutées de principe sous coelioscopie. Sur les 47 tentatives de coelioscopie, 20 ont fait l’objet d’une conversion en laparotomie pour exposition insuffisante (6 fois), problème d’instrumentation (3), adhérences (3), plaies du duodénum (3), hémostase (1). Enfin 4 conversions ont été faites délibérément après une partie de l’opération réalisée sous coelioscopie. Chez 3 patients l’opération a été limitée à une gastrectomie en manchette, partie restrictive du DS en raison de difficultés d’exposition, troubles ventilatoires et cirrhose et 3 patients ont eu une opération type Scopinaro après conversion en laparotomie sur des IMC supérieurs à 60. La durée opératoire globale des dérivations bilio-pancréatiques a été de 231 ± 53 minutes. Les suites ont été simples dans 61% des cas. Les complications les plus fréquentes ont été les fistules (12.8%), les abcès de paroi (11.4%) et les hémorragies postopératoires (5.6%). Huit patients (11.2%) ont été réopérés dans les suites immédiates. Un patient avec IMC 80 est décédé à J60 dans un tableau d’insuffisance rénale et hémorragie sur escarre fessier (rhabdomyolyse glutéale). Le suivi comporte des consultations à un mois après l’opération, 3 mois puis tous les 3 mois la première année, 4 mois la deuxième année et tous les 6 mois à 1 an ensuite, avec recherche des carences vitaminiques et supplémentation orale systématique à partir du 3ème mois. Deux patients sont décédés au cours du suivi à 9 mois : l’un par péritonite biliaire compliquant la réparation d’une volumineuse éventration de la paroi médiane, l’autre d’un infarctus du myocarde possiblement en rapport avec un état cachectique chez une patiente ayant échappé au suivi. Au cours de l’évolution post-opératoire l’IMC est passé de 39.6 ± 5.4 à 3 mois à 34.8 ± 17.3 à 1 an et 31.4 ± 5.7 à 2 ans.
Biliopancreatic diversion with duodenal switch for morbid obesity
Since February 2002, 71 patients have been operated on for morbid obesity according to the Marceau-Hess technique of biliopancreatic diversion with duodenal switch (DS). Sixty women and 11 men aged 42.5 ± 10.9 had a body mass index (BMI) of 47.9 ± 7.0. Sixteen had a prior bariatric surgery with gastric banding except vertical banded gastroplasty in 1 case. Thirty eight patients presented with at least one comorbidity (type 2 diabetes, high blood pressure, sleep apnea). While the early experience with this operation was done exclusively by an open incision, the 47 most recent cases had a systematic laparoscopic approach. Of the 47 laparoscopic attempts 20 were converted to open for: inadequate exposure (6), technical problems (3), severe adhesions (3), duodenal injury (3), bleeding (1). In 4 cases conversion to open was deliberate after part of the procedure was performed laparoscopically. For 3 patients the operation was limited to a sleeve gastrectomy only due to ventilatory problems, inadequate exposure of the duodenum and cirrhosis, and 3 patients had a Scopinaro instead of a duodenal switch because of inadequate duodenal exposure after conversion to open with a BMI over 60. Overall the operating time for the biliopancreatic diversions was 231 ± 53 minutes. The postoperative course was uneventful in 61% of the cases. The most frequent complications were anastomotic leaks (12.8%), wound abcesses (11.4%) and postoperative bleeding (5.6%). Eight patients (11.2%) had early reoperation. One BMI 80 patient died at day 60 of acute renal failure after gluteal rhabdomyolysis. During follow-up patients were reviewed at 1, 3 month postop. and then every 3 months during the first year, every 4 months during the second year and every 6 to 12 months thereafter with regular blood sample, check up and vitamin supplementation. Two patients died 9 months after the operation: one of peritonitis after the laparoscopic repair of a large ventral hernia and the other of a myocardial infarction that may be related to metabolic disorders in a patient more or less lost to follow up. Over time the BMI went down to 39.6 ± 5.4 3 months postop. to 34.8 ± 17.3 at 1 year and 31.4 ± 5.7 at 2 years.
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But : analyser la technique de plastie mammaire de réduction pour les cancers du sein des quadrants inférieurs. Patientes et méthodes : 60 patientes ont été opérées entre 1992 et 2003, l’âge moyen était de 53 ans (extrêmes : 34-75) par une double équipe cancérologique et plastique dans le même temps opératoire pour un cancer à l’union des quadrants inférieurs (T1-2, N0-1a, M0) Toutes les patientes ont eu une plastie mammaire de réduction bilatérale et un curage ganglionnaire homo-latéral dans le même temps opératoire par une double équipe cancérologique et plastique. Une irradiation était faite chez toutes les patientes avec une surimpression chez 30% dans la zone de tumorectomie. Résultats : La taille moyenne des cancers était de 17,5mm avec 10 patientes N+ Le poids moyen de la tumorectomie était de 220g (80-900). Il y a eu une récidive locale à 3 ans .Le résultat esthétique était bon dans 75% des cas. Les séquelles de radiothérapie, induration, fibrose et télangiectasies et la mauvaise qualité des cicatrices contro-latérales étaient responsables des résultats moyens. Conclusion : La plastie mammaire de réduction est une bonne technique de prise en charge des cancers du sein des quadrants inférieurs. Une double équipe, au prix d’une contrainte logistique, permet une bonne prise en charge oncoplastique.
Aim: Evaluate bilateral reduction mammoplasty in the management of breast cancer in the lower quadrants Patients and methods: 60 patients were operated on between 1992 and 2003, mean age was 53 (ext: 34-75), by a double team of oncologists and plastic surgeons during the same operative procedure, for a cancer in the lower quadrants (T1-2, N0-1a, M0). Radiation therapy was delivered to all patients with a boost in 30% of them. Results: Mean cancer size was 17.5mm (with 10N+ patients). Mean weight of the lumpectomy was 220g (80-900). There was one local recurrence at three years. Cosmetic result was good in 75% of the cases. Radiation side effects: fibrosis, induration and telangiectsias and vicious cicatrisation on the contro-lateral breast were responsible for the medium quality results. Conclusion: Bilateral reduction mammoplasty is a good technique for the management of cancers in the lower quadrants. A double team, with a logistic organization, gives good oncoplastic results.
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Revue de la littérature/Objectif: Les jumeaux siamois sont une forme rare et complexe de malformations des nouveau-nés. Une équipe dotée d’une longue et vaste expérience et un centre bien équipé sont indispensables afin de pouvoir relever le défi que présente cette anatomie. Méthode: Trente-quatre paires de jumeaux siamois ont été prises en charge par une équipe unique sur une période de 16 ans. Les diverses anomalies, la gestion des stratégies ainsi que les résultats seront analysés avec des recommandations pour l’avenir. Résultats: Onze paires de jumeaux siamois complets et deux paires de jumeaux siamois parasites ont été séparées avec succès. Nous n'avons pas eu recours aux expanseurs tissulaires ni aux prothèses synthétiques. La séparation d’un e paire de jumeaux siamois de craniopagus parasiticus a été tentée, puis elle fut abandonnée en raison de la fusion cérébrale et vasculaire. Les autres 20 paires ne pouvaient pas être séparées pour des raisons d’anomalies et/ou de fusion de tissus cardiaques et toutes moururent dans les semaines qui ont suivi leur naissance. Conclusion: L’élaboration d’un plan bien précis, l’approche multidisciplinaire du problème, l’entraînement et la longue expérience de l’équipe chirurgicale sont des facteurs importants pour la prise en charge des jumeaux siamois. Les expanseurs tissulaires et les prothèses synthétiques ne sont pas indispensables dans la plupart des cas. L’avortement sélectif et l’intervention sur le foetus peuvent jouer un rôle dans l’avenir.
Conjoined Twins – Past, Present and Future
Background/Purpose: Conjoined twins are rare and complex anomalies of the newborn. They require a highly experienced team and a center equipped to deal with such challenging anatomy. Method: A review of thirty-four sets of conjoined twins was managed by one Team over a sixteen year period. The spectrum of the anomalies, management strategies and outcomes will be analyzed with future recommendations. Results: Eleven sets of complete conjoined twins and two sets of parasitic conjoined twins were successfully separated. Tissue expanders and prosthetic meshes were not required. A separation of one set of craniopagus parasiticus conjoined twins was attempted, but abandoned due to major vascular and brain sharing. The remaining twenty sets were not separable due to major cardiac anomalies and/or sharing, and all died within several weeks of birth. Conclusion: Careful planning, a multidisciplinary approach, rehearsal and experience are important factors in dealing with conjoined twins. Tissue expanders and prosthetic meshes are not required in most cases. Selective abortion or fetal intervention may play a role in the future.
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Les auteurs présentent trois observations remontant à 1980, 1981 et 1989 de tentatives de confection d’une dérivation urinaire trans gastrique continente, entreprises pour une complication historique des irradiations abdominales massives, la vessie radique. Ces complications ne devraient plus exister avec les progrès de la radiothérapie de nos jours (conformationnelle, hadronthérapie). La continence ne put être obtenue, les deux premiers cas se comportant comme une cystostomie appareillée avec une sonde, le troisième comme un montage de Bricker, avec un confort très satisfaisant (la deuxième pendant 15 ans, jusqu’en 1996). Les troubles ioniques observés dans le deuxième cas (alcalose hypochlorémique avec hypokaliémie importante) ont été facilement corrigés par des inhibiteurs de la pompe à protons (omeprazole). Le troisième cas fut donc traité préventivement. La technique est décrite. Elle permet de réaliser facilement un montage d’urétérostomie cutanée trans gastrique avec des uretères même très courts. Mais les indications éventuelles actuelles ne peuvent être que rarissimes au regard des autres dérivations urinaires. L’estomac étant un très bon matériel peut cependant entrer dans la confection de dérivations composites, utilisant d’autres segments intestinaux.
A contribution to the history of medicine: transgastric urinary diversion for radiation- induced cystitis: three cases, one with a 15-year follow-up. Feasibility and limits
The authors report three cases of transgastric urinary diversion dating from 1980, 1981 and 1989 respectively. They were undertaken for a radiation-induced cystitis complicating a massive abdominal irradiation. This complication is a historical one and exists no longer due to the current progress of radiotherapy (conformational, hadrontherapy). Continence could not be obtained: the first two cases behaved like a cystostomy, the third like a Bricker trans-intestinal cutaneous ureterostomy. Disorders of electrolyte balance (hypochloremic alkalosis with important hypokalaemia) were observed in the second patient. They were easily corrected by omeprazole. Therefore a preventive treatment with omeprazole was used in the third patient. The surgical technique is described. This operation is possible even when the ureters are very short. Its indications are extremely rare compared to other techniques of urinary diversion. However the stomach is a very good material that can be used with other intestinal segments in composite urinary diversions.
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Grâce aux progrès des appareils de circulation extra-corporelle (oxygénateurs performants, canules percutanées), il est possible, grâce à l’unité mobile de réanimation, d’amener l’assistance circulatoire au chevet du malade, qu’il soit en réanimation ou en salle de cathétérisme, afin de rétablir une hémodynamique précaire. Cette technique s’adresse aux défaillances cardiaques suraiguës : myocardites, intoxications médicamenteuses, infarctus du myocarde en phase aiguë, arrêts cardiaques, etc. Chez ces malades en choc, le transport est délétère. A l’inverse, une fois stabilisés sur place, ces malades peuvent être transférés en chirurgie pour la suite de la prise en charge : chirurgie conventionnelle ou plus souvent sevrage en cas de récupération de la fonction myocardique, voire assistance circulatoire de longue durée avec d’autres types de machines et/ou transplantation cardiaque. Depuis 2002, sur 257 patients traités par assistance circulatoire, 70 ont bénéficiés de l’unité mobile UMAC pour une prise en charge à distance dans différents hôpitaux de la région parisienne par l’équipe de La Pitié. Plus de 40 % de ces patients, autrement condamnés ont été soit sevrés de l’assistance, soit assistés à long terme, soit transplantés.
Interest of the Mobile Unit of Cardiac Assistance (MUCA) in Critical Haemodynamic circumstances
Thanks to the improvement of extracorporeal circulation devices (new oxygenators, percutaneous canulas), it is now possible to bring cardiac support to the patient’s bedside in the intensive care unit, or in the catheterism room. It allows stabilization of compromised haemodynamic conditions. The indications are myocarditis, poisonings with different medications, acute myocardial infarction, cardiac arrest. After haemodynamic stabilization, the patient can be transferred to the surgical unit for further management: classical cardiac surgery, weaning of the circulatory support in case of myocardial recovery, bridge to long term cardiac assistance with other devices, and heart transplantation. Since 2002, out of 257 patients treated with mechanical circulatory assistance by the cardiac surgery team of La Pitié hospital, 70 patients were managed in different hospitals in the Paris region with the help of the mobile unit MUCA. More than 40% of these very ill patients either were weaned of the support, or were treated by long-term cardiac assistance, or received a cardiac transplant.
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L’espérance de vie d’un septuagénaire est actuellement de l’ordre de 12. La résection des cancers hépato-pancréatiques constitue le seul traitement à visée curative. Notre expérience globale porte sur 131 patients âgés de plus de 70 ans opérés pour tumeur maligne hépatique ou pancréatique entre 1990 et 2003. Ces exérèses ont été effectuées avec une mortalité analogue à celle observée chez les patients plus jeunes. La médiane de survie est de 33 mois après résection des métastases hépatiques des cancers colo-rectaux et de 20 mois après résection pancréatique pour tumeur maligne. Ces résultats suggèrent qu’un âge supérieur à 70 ans ne constitue pas une contre-indication à une exérèse hépatique ou pancréatique à visée curative.
Does patient age remain a limiting factor for major hepatic or
pancreatic surgery?
The life expectancy of elderly patients over 70 years old is currently estimated around 12 years. Hepatobiliary and pancreatic resection constitute the only available curative treatment for liver or pancreatic carcinomas. Between 1990 and 2003, in our experience, a total of 131 elderly patients of more than 70 years were operated on for hepatic or pancreatic malignant tumours. These resections were carried out with a mortality similar to that observed among patients younger than 70 years old. The median survival is 33 months after resection of colo-rectal liver metastases and 20 months after pancreatic resection for malignant tumour. These results suggest that an age higher than 70 years no longer constitutes a contra-indication to a curative hepatic or pancreatic resection.
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