Séance du vendredi 30 mars 2012

SEANCE COMMUNE AVEC LA SOCIETE DE CHIRURGIE DE LYON
15h00-18h00 - LYON, Médiathèque de la Faculté de Médecine de Lyon-Est
Sous la Présidence d’honneur de Monsieur Jacques BAULIEUX

 

 

Introduction

LETOUBLON C Président de la Société de Chirurgie de Lyon

 

Cancers de l’ovaire persistants et récurrents au stade de carcinose péritonéale traités par chirurgie de cytoréduction et chimiohyperthermie intrapéritonéale : étude rétrospective multicentrique portant sur 626 patientes
Peritoneal carcinomatosis treated with cytoreductive surgery and hyperthermic intraperitoneal chemotherapy (HIPEC) for advanced ovarian carcinoma: a French multicentre retrospective cohort study of 626 patients

BAKRIN N, BEREDER JM, DECULLIER E, CLASSE JM, MSIKA S, LORIMIER G, ABBOUD K, MEEUS P, FERON JG, QUENET F (Lyon) - Membres du FROGHI (FRench Oncologic and Gynecologic HIPEC Group)
Texte intégral : E-Mémoires de l'ANC, 2012, vol. 11 (3), 035-036

Résumé
Objectif. En dépit d’un taux de réponse élevé au traitement de première ligne, 70 % des patientes avec un carcinome ovarien rechutent dans les cinq ans. La prise en charge thérapeutique à visée curative est alors aléatoire et le pronostic réservé.
Depuis près de 20 ans, plusieurs équipes dans le monde ont développé un traitement combiné des Carcinoses Péritonéales (CP), associant une Chirurgie de Cyto-Réduction (CCR) complète à une Chimio-Hyperthermie Intra- Péritonéale (CHIP). Ce traitement est, de fait, proposé par certaines équipes françaises dans le traitement des CP d’origine ovarienne. L’objectif de cette étude est d’évaluer chez des patientes en rechute traitées par cette technique, la toxicité et l’efficacité en terme de survie.
Patients et méthodes. Nous avons mené une étude de cohorte rétrospective et multicentrique auprès du FROGHI Group. Toutes les patientes avec une carcinose péritonéale d’origine ovarienne traitées par CRS et HIPEC ont été inclues.
Résultats. L’étude comprenait 626 patientes traitées au cours de 666 procédures dans 13 centres français entre 1990 et 2010. Quatre cent soixante dix patientes (76,5 %) présentaient un cancer ovarien récurrent ou persistant au moment de la procédure. Nous avons distingué deux sous-groupes : les patientes chimiorésistantes dont la première récidive apparaissait moins de six mois après le traitement initial et les patientes chimiosensibles dont la récidive apparaissait au-delà de six mois. Les taux de morbidité de grade 3 et 4 étaient respectivement de 36,8 % et 25,8 % (p>0,05) et les taux de mortalité étaient respectivement de 1,4 % et 0,8 % (p>0.05).
Il n’y avait pas de différence significative de survie globale entre le sous-groupe chimiorésistant (médiane : 33,1 mois) et le sous-groupe chimiosensible (médiane : 41,3 mois). Les facteurs pronostics indépendants en analyse multivariée étaient une CRS complète et le stade ASA (American Society of Anesthesiology).
Conclusion. Les patientes qui présentent un carcinome ovarien récurrent ou persistant constituent une population au pronostic réservé. La CHIP, associée à une chirurgie de cytoréduction complète, donne des résultats de survie encourageants au prix d’une toxicité acceptable. Toutefois, la sélection des patientes éligibles à ce type de traitement doit être rigoureuse et la prise en charge réalisée par des équipes multidisciplinaires

Abstract
Purpose. Despite a high response rate to front-line therapy, prognosis of Epithelial Ovarian Carcinoma (EOC) remains poor. Approaches that combine Cyto-Reductive Surgery (CRS) and Hyperthermic Intra-Peritoneal Chemotherapy (HIPEC) have been developed recently. The purpose of this study was to assess early and long-term survival in patients treated with this strategy.
Patients and methods. A retrospective-cohort multicentric study from French centers was performed. All consecutive patients with advanced and recurrent EOC treated with CRS and HIPEC were included.
Results. The study included 626 patients from 13 centers who underwent 666 procedures between 1991 and 2010. There were 161 patients with advanced EOC (first-line treatment), and 417 patients with recurrent EOC. A complete cytoreductive surgery was performed in 74,7 % of patients. Mortality and grades 3 to 4 morbidity rates were 1 % and 31 %, respectively. The median overall and recurrence-free survivals were 41,8 months and 12,8 months, respectively. There was no significant difference in overall survival between patients with chemosensitive and with chemoresistant recurrence. The positive independent prognostic factors were the complete cytoreductive surgery, a lower PCI and lower ASA(American Society of Anesthesiology) score.
Conclusion. For advanced and recurrent EOC, curative therapeutic approach combining optimal CRS and HIPEC should be considered if complete cytoreductive surgery is feasible. With limited mortality and morbidity rates, it may achieve long-term survival in patients with a severe prognosis disease, even in patients with chemoresistant disease.

 

Facettectomie latérale et prothèse unicompartimentale latérale du genou
Lateral unicompartmental replacement and facetectomy

NEYRET P, GANCEL E, MAGNUSSEN R, SERVIEN E, LUSTIG S (Lyon)
Texte intégral : E-Mémoires de l'ANC, 2012, vol. 11 (3), 031-034

Résumé
Objectif. Les lésions arthrosiques fémoro-patellaires sont pour certains une contre-indication à la réalisation d’une Prothèse Unicompartimentale fémoro-tibiale (P Uni). Nous rapportons les résultats de la facettectomie (ou patellectomie partielle verticale) comme geste associé.
Matériel et méthodes. Trois cent trois P Unis de resurfaçage cimentées type HLS dont 123 P Uni externes, avec implant fémoral en chrome cobalt et implant tibial tout polyéthylène, ont été posées entre 1998 et 2009 dans notre centre selon des indications établies dès 1988, en suivant la même technique. La présence de douleurs latéro-rotuliennes localisées réveillées lors de l’examen clinique, associées à une arthrose fémoro-patellaire avec ostéophyte du versant externe de la rotule a fait discuter une facettectomie associée. 11 facettectomies (11 P Unis latérales) ont été réalisées lors de la voie d’abord, avec un recul minimum de 36 mois. Il s’agissait de 11 femmes d’âge moyen 66,7 ans (min : 49 ; max : 79). Le recul moyen à la révision était de 60,3 mois (de 39 à 91 mois). Les données cliniques et radiologiques au dernier recul ont été analysées.
Résultats. Dix patientes sur onze étaient satisfaites ou très satisfaites. La flexion moyenne était de 134 (120-140). Le score genou moyen était de 87,5 (min : 60 ; max : 100) et le score fonction de 83,2 (min : 40 ; max : 100). La déformation résiduelle moyenne était de 3,4 de valgus. Une patiente se plaignait de douleurs rotuliennes au dernier recul.
Conclusion. Nos résultats, très satisfaisants à moyen terme, confirment que l’association d’une facettectomie permet d’étendre les indications de la P Uni en particulier externe avec d’excellents résultats.

Abstract
Unicompartmental Knee Arthroplasty (UKA) is a treatment option in patients with unicompartmental degenerative disease. Advantages over Total Knee Arthroplasty (TKA) such as accelerated recovery and cruciate ligament retention have encouraged expansion of indication for UKA to patients with patellofemoral disease. Symptomatic lateral patellofemoral joint degenerative disease is common cause of UKA revision. Partial lateral patellar facetectomy can provide relief from symptoms of lateral patellofemoral degenerative disease. We hypothesize that simultaneous UKA and lateral patellar facetectomy provides durable pain relief and functional improvement in a patient population with degenerative disease of one tibiofemoral compartment and the lateral patellofemoral joint.
Between 1998 and 2009, 303 prostheses were implanted with 123 laterals UKA. Eleven UKAs were performed in association with partial lateral patellar facetectomy in eleven female patients (mean age 66,7 years) with degenerative changes in one tibiofemoral compartment and the lateral patellofemoral joint. Patients were followed clinically and radiographically for a mean of 60 months.
No patient underwent revision surgery in the follow-up period. Ninety per cent patients were satisfied with their knee function at final follow-up. The mean IKS knee score improved from 64,9 points pre-operatively to 87,5 points (range : 60 to 100 points) at final follow-up. The mean IKS functional score improved from 65,9 points pre-operatively to a mean of 83,2 points (range: 40 : to 100 points) at final follow-up.
Simultaneous UKA and partial lateral patellar facetectomy is a viable treatment option for symptomatic degenerative disease involving one tibiofemoralcompartment and the lateral patellofemoral joint. Durable pain control and functional improvement were noted at medium-term follow-up. This treatment approach may be a useful alternative to TKA in a carefully selected patient population.

 

Place et résultats de la chirurgie pour échinococcose alvéolaire hépatique (EAH)

MANTION G, BRESSON HADNI S, VUITTON DA, GILLET M (Besançon)

Résumé
EAH est considérée comme un cancer à développement lent. Jusque dans les années 1970, la maladie était considérée comme incurable du fait du diagnostic tardif au stade d’ictère dans 45 % des cas ou de masse volumineuse dans 20 % des cas.
De nos jours, du fait d’un diagnostic précoce, en particulier par dépistage échographique de lésions asymptomatiques et des progrès de la chirurgie hépatique, près de 50 % des patients peuvent être guéris avec une exérèse radicale (1).
Il n’y a pratiquement plus d’indication pour la chirurgie palliative (résection partielle des lésions, drainage biliaire interne ou externe). Les procédures non chirurgicales ont fait la preuve de leur efficacité (drainage écho-guidé d’un abcès hépatique, stent biliaire endoscopique) et dans quelques cas en attente d’une chirurgie radicale.
La résection curative (R0 avec une marge de sécurité  2 cm) est maintenant considérée comme le standard qui donne les meilleures chances de survie au patient (2).
1) Pour les lésions dépistées : la résection R0 est réalisable pour pratiquement tous les patients en particulier pour les lésions périphériques avec une mortalité postopératoire qui doit être nulle et une survie à 10 ans sans récidive de 100 %. Pour les lésions centrales nécessitant une résection hépatique majeure avec risque d’insuffisance hépatique postopératoire, un traitement médical par Albendazole est à considérer en premier.
2) Pour les lésions symptomatiques ou responsables de complications, les résections hépatiques élargies avec reconstruction biliaire et/ou vasculaires (veine cave inférieure, veine porte) sont indiquées comme la chirurgie d’une tumeur de Klatskin. Une résection diaphragmatique est nécessaire dans un tiers des cas. Une insuffisance hépatique postopératoire est peu habituelle du fait de l’hypertrophie du foie sain liée à l’envahissement par la lésion de la branche portale opposée. La mortalité postopératoire est inférieure à 5 % et la survie à 10 ans sans récidive de 80 %.
La transplantation hépatique (TH) doit être envisagée en cas de lésion bifocale infiltrante, de syndrome de Budd-Chiari et de cirrhose biliaire secondaire avec angiocholite à répétition. L’indication est retenue chez moins de 5 % des patients en cas d’impossibilité de résection partielle R0, en l’absence de lésions extra-hépatiques (poumon, encéphale). Pour réduire le risque de récidive, un traitement médical par Albendazole et un traitement immunosuppresseur allégé au maximum sont recommandés. La réalisation de procédures mini-invasives est conseillée pour la prise en charge initiale de préférence aux laparotomies répétées, pour faciliter la transplantation hépatique. Pour des patients très sélectionnés, la survie à 10 ans sans récidive est de 58 %, ce qui est supérieur à la survie des patients transplantés pour carcinome hépatocellulaire d’après le registre européen (3).
Avec ce type de prise en charge incluant la nécessité d’un traitement médical pré et postopératoire par Albendazole et l’implication de nombreux spécialistes non chirurgiens, il a été démontré que la réduction de l’espérance de vie due à l’échinococcose alvéolaire hépatique est passée de 18.2 ans pour les hommes et 21.3 ans pour les femmes en 1970 à 3.5 et 2.6 ans (4).

 

Néphrectomie pour donneur vivant par la technique monotrocard.

MARTIN X, CROUZET S, HABER G, FASSI FEHRI H, ABID N, MORELON E, BADET L (Lyon, Cleveland)

Résumé
Depuis environ 15 ans plusieurs équipes françaises ont commencé à réaliser la néphrectomie pour donneur vivant en laparoscopie. Récemment une étude a montré en France que plus de 80% des équipes utilisent la laparoscopie pour cette intervention. Son avantage réside dans le caractère mini-invasif et l’intérêt des suites opératoires (baisse du nombre de complications pariétales, et du besoin d’analgésie postopératoires).
Depuis avril 2010 nous avons utilisé la technique monotrocard dans l’optique de diminuer encore l’effraction pariétale et d’augmenter la tolérance clinique de l’intervention.
18 patients ont eu une néphrectomie depuis Avril 2010. L’intervention a comporté la pratique d’une incision à cheval sur l’ombilic d’environ 4cm, et la mise en place d’un multitrocard. Dans deux cas la difficulté opératoire a nécessité la mise en place d’un trocard de 5 mm supplémentaire. La durée de l’intervention a été de205 minutes en moyenne, et l’ischémie chaude de 7 minutes. Tous les reins prélevés ont été transplantés et ont fonctionné immédiatement.
Les complications chez le receveur ont été : une fistule urinaire, ayant nécessité la mise en place d’une sonde JJ, une phlébite surale. Chez le receveur, nous avons observé un cas d’infection pariétale traité par des soins locaux.
L’intérêt de cette technique réside dans son caractère mini-invasif, et, dans son avantage par rapport aux douleurs postopératoires, sur le plan cosmétique.
Il s’agit d’une technique possible dans la plupart des cas, et qui peut être complétée en cas de difficulté par la mise en place d’un trocard supplémentaire. L’avantage cosmétique est indiscutable par rapport à la laparoscopie classique. Les douleurs postopératoires apparaissent minimes.

 

Traitement des kystes hydatiques du foie : étude bi-centrique comparative périkystectomie - résection dôme saillant

MOHKAM K, BELKHIR L, WALLON M, HUBERT C, NAVEZ B, DUCERF C, BAULIEUX J, GIGOT JF, MABRUT JY (Lyon, Bruxelles)

Résumé
But du travail : Le traitement chirurgical représente le traitement de référence des kystes hydatiques du foie. Le but de cette étude bi centrique est de comparer les résultats (cliniques, radiologiques et sérologiques) à moyen et à long terme de deux techniques chirurgicales (périkystectomie la plus complète possible et résection de dôme saillant de prise en charge des kystes hydatiques du foie.
Méthodes : Entre Septembre 1991 et Octobre 2011, 91 patients ont été opérés d’une hydatidose hépatique dans 2 centres à haut volume de chirurgie hépato biliaire en zone non endémique. Tous les patients ont bénéficié d’une imagerie hépatique par échographie ou scanner, de la recherche d’une 2ème localisation au niveau pulmonaire et d’une sérologie hydatique préopératoire. Parmi ces patients, 60 ont été pris en charge dans un centre privilégiant une chirurgie radicale (CR) par périkystectomie complète ou subtotale (en cas de contact bilio-vasculaire) après destruction du parasite par un agent scolicide. Les 31 autres patients ont été pris en charge dans un centre privilégiant une chirurgie conservatrice (CC) où était réalisée une résection du dôme saillant après destruction parasitaire par scolicide, associée à une épiplooplastie. Un traitement médical péri-opératoire par benzimidazolés était associé en cas de fistule bilio-kystique ou de traitement d’une récidive. Un suivi clinique, échographique et sérologique a été réalisé chez tous les patients. Le recueil des données a été effectué de manière rétrospective.
Résultats : Les données démographiques, cliniques et morphologiques des deux groupes de patients étaient comparables. Le taux de formes compliquées était de 13% dans le groupe CR contre 16% dans le groupe CC, avec pour principale complication une fistule bilio kystique (5% dans le groupe CR contre 12,9%). La durée moyenne d’hospitalisation était de 12,6 jours dans le groupe CR contre 11,2 dans le groupe CC. La mortalité était nulle dans les deux groupes. Le taux de complications sévères (Grade Clavien  3) était de 8,3 % dans le groupe CR contre 19,3 % dans le groupe CC. Le taux de fistule biliaire post opératoire était cependant plus important dans le groupe CR (16,7% vs 12,9%). Les principales autres complications observées étaient un épanchement pleural (3,3% dans le groupe CR vs 19,3%) et une collection profonde (5% dans le groupe CR vs 12,9%). Après un suivi moyen de 26 et 43 mois dans les groupes CR et CC respectivement, 4 cas de récidives radiologique ont été mis en évidence dans le groupe CC qui ont justifié 2 réinterventions chirurgicales. Le taux de négativation sérologique est bas dans les deux groupes (13,3 % dans le groupe CR contre 32,2% dans le groupe CC).
Conclusion : La périkystectomie la plus complète possible représente un traitement radical efficace à long terme des kystes hydatiques du foie au prix d’une morbidité limitée. La résection de dôme saillant expose au risque de complications dans la cavité résiduelle.

 

François de Lapeyronie (1678-1747), le « Restaurateur de la chirurgie », avec les « démonstrateurs de chirurgie » (1724), l’Académie de Chirurgie (1731), « Les Droits des chirurgiens » (1743), brillant chirurgien civil et militaire

FISCHER LP, BEL JC, BLATTEAU J (Lyon, Toulon)
Texte intégral : E-Mémoires de l'ANC, 2012, vol. 11 (1), 089-100

Résumé
Lapeyronie, philosophe, naturaliste, esprit universel, habile chirurgien illustre le siècle des Lumières et a séduit Louis XV et la Cour. Elève et ami de Georges Mareschal, « L’oracle de la chirurgie », il a réformé l’enseignement de la chirurgie (1724), créé l’Académie Royale de chirurgie (1731). Il est le « Restaurateur de la chirurgie », des « Droits des chirurgiens en 1743 ».
Ses écrits sont importants, les premiers d’ordre philosophique (sur l’âme) et naturaliste (compréhension d’animaux rares). Ses écrits chirurgicaux ne se résument pas à la maladie qui porte son nom, mais portent souvent sur des urgences chirurgicales graves, crâniennes, intestinales, urologiques, gynécologiques, et autres.
« Grand et habile courtisan… beaucoup d’esprit et d’ambition » selon Saint-Simon, il est réputé pour son élégance et sa courtoisie, sa générosité pour des malheureux. Il a été, comme Ambroise Paré, un grand chirurgien aux Armées, bon opérateur et réformateur des structures de soins pour les blessés.