Vesalius, 1996,2 (2)

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PRIORESCHI, Plinio
Galenicae Quaestiones Disputatae Duae : rete mirabile and pulmonary circulation
  Paru dans Vesalius, 1996, 2 (2), pp. 67-78. Anglais

Résumé

L’auteur s’interroge sur deux questions de la médecine galénique qui ont longtemps interpelé les historiens de la médecine : pourquoi Galien a-t-il rapporté l’existence d’une rete mirabile artérielle (qui n’existait pas) à la base du cerveau humain et comment est-il arrivé le premier à reconnaître la circulation pulmonaire ? Après réflexion, l’auteur conclut qu’en fait Galien a confondu une rete mirabile veineuse avec une rete mirabile artérielle et a donc décrit le passage du sang du ventricule droit vers le gauche, bien qu’il n’ait pas découvert la circulation pulmonaire.

PEUMERY, Jean-Jacques
La disgrâce d’Antoine Daquin, Premier médecin de Louis XIV (1693)
  Paru dans Vesalius, 1996, 2 (2), pp. 79-85. Français

Résumé

Antoine Daquin, Premier médecin de Louis XIV et comte de Jouy-en-Josas, naquit à Paris. Il était le fils de Louis-Henri Daquin, médecin de la reine Marie de Médicis ; son grand-père paternel, né dans la religion juive, se convertit au catholicisme à Aquino, en Italie, d’où son nom d’Aquin, puis Daquin. A. Daquin fit ses études de médecine à Montpellier et fut reçu docteur le 18 mai 1648. Il épousa Marguerite Gayant, la nièce d’Antoine Vallot, Premier médecine de Louis XIV ; cette parenté lui permit d’obtenir la charge de Premier médecin de la reine, puis, après la mort de Vallot, de lui succéder, le 18 avril 1672, comme Premier médecin du roi. Le soutien de la favorite, Mme de Montespan, le servit dans cette désignation. Daquin était bon médecin, mais il se montra maladroit : « grand courtisan, mais riche, avare, avide, voulant établir sa famille en toutes façons ». Il osa réclamer au roi l’archevêché de Tours, pour l’un de ses fils abbé : « ce fut l’écueil où il se brisa ».Le 2 novembre 1693, le comte de Pontchartrain vint chez lui, par ordre du roi, lui annoncer qu’il devait quitter la Cour sur-le-champ, avec défense d’y revenir et d’écrire au roi. Guy-Crescent Fagon était nommé archiatre à sa place, le même jour ; mais fagon avait travaillé à la perte de Daquin, dans l’intention de lui ravir ce poste, avec la complicité de la nouvelle favorite, Mme de Maintenon. Après sa disgrâce, Daquin se retira vraisemblablement à Moulins ; il mourut obscurément à Vichy, le 17 mai 1696. Daquin est aujourd’hui considéré comme une victime des intrigues de Cour, d’où sa célébrité.

ABOU ALY, Amal
The wet nurse : a study in ancient medicine and Greek papyri
  Paru dans Vesalius, 1996, 2 (2), pp. 86-97. Anglais

Résumé

Cet article étudie les recommandations médicales grecques observées dans la sélection des nourrices, le régime médical qu'elles étaient censées suivre ainsi que leurs devoirs envers les enfants (surtout en ce qui concerne l’allaitement et, plus tard, le sevrage). L’article établit par la suite un parallèle avec les papyrus grecs originaires de l’Egypte romaine datant de la même époque. Il étudie également à travers les papyrus la conscience médicale collective. Bien que ces recommandations puissent avoir émané des besoins sociaux, elles n’étaient observées et appliquées ni par les nourrices, ni par ceux qui les sélectionnaient. L’article souligne l’existence de points communs entre les recommandations médicales et les contrats grecs avec un surplus d’interdictions et de prohibitions dans ces derniers. Il s’est avéré difficile de prouver que ces recommandations étaient respectées ou contrôlées. Elles semblent plutôt avoir été une force de dissuasion assurant la bonne conduite de la nourrice et l’octroi de tous les soins possibles à l’enfant.

BYL, Simon - SZAFRAN, Willy
La Phrenitis dans le Corpus hippocratique : étude philologique et médicale
  Paru dans Vesalius, 1996, 2 (2), pp. 98-105. Français

Résumé

La Phrenitis a une histoire qui va d’Hippocrate à Pinel. La présente étude, due à deux auteurs de formation différente - l’un est philologue classique, l’autre est psychiatre - ne concerne que la phrenitis dans le Corpus hippocratique. Les auteurs aboutissent à la conclusion que la phrenitis se rapproche de ce que nous appelons le syndrome délirant organique.

THIERY, Michel
Willughby’s Observations in Midwifery : the Dutch translation
  Paru dans Vesalius, 1996, 2 (2), pp. 106-110. Anglais

Résumé

La traduction néerlandaise du manuscrit « Observations in Midwifery » (ca. 1672) de Percival Willughby (1596-1685), accoucheur anglais et ami de William Harvey, parut en Hollande en l’année 1754. Comme elle antidata l’édition anglaise (1863) de plus d’un siècle, elle ne put influencer la pratique des accoucheurs anglais.

OLRY, Régis
La phobie des inhumations prématurées de Michael Ranft (1728) à Eugène Bouchut (1849)
  Paru dans Vesalius, 1996, 2 (2), pp. 111-117. Français

Résumé

Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, une authentique phobie des inhumations prématurées fit rage dans toute l’Europe. Bien que cette question remonte en fait à la nuit des temps, la publication de l’ouvrage de Michael Ranft (1728) d’une part, et l’attribution du prix Manni à Eugène Bouchut (1849) d’autre part, sont deux dates-clé entre lesquelles le nombre des recherches sur le diagnostic de la mort témoigne de l’urgence de réponses rassurantes pour une population inquiète. Cet article résume la bibliographie sur les inhumations prématurées, et ses implications dans le diagnostic de mort de 1728 à 1869.

CROSFILL, Martin
The Highlands and Islands Medical Service : precursor of a State Funded Medical Care System ?
  Paru dans Vesalius, 1996, 2 (2), pp. 118-125. Anglais

Résumé

Les Highlands et les Iles écossaises occupent une grande étendue du pays et ces zones sont très faiblement peuplées. Une suite de désastres naturels et de calamités engendrées par l’homme a contribué au fait qu’au début du 19e siècle, la région était dans la misère. Peu à peu on a constaté que le degré de privation sociale était trop important pour les efforts personnels des habitants et que cette situation ne pouvait être allégée que par des efforts extérieurs. Cet article relate l’utilisation des fonds de l’Etat pour l’instauration et l’entretien d’un service médical depuis les premiers versements aux termes des lois sur l’assistance publique jusqu’au moment où éclata la guerre en 1939. Au début, l’amélioration fut très lente, mais la situation fut améliorée par l’établissement en 1913 du Comité de service médical des Highlands et des Iles. Le comité avait le pouvoir d’augmenter ou de diminuer sa subvention annuelle selon son propre jugement. Dans les rapports de gestion, on peut examiner l’histoire de l’utilisation de cet argent. En premier lieu, il a servi à développer un service complet de premiers soins et ensuite le début d’un service d’hospitalisation intégré. Le succès de ce projet régional a peut-être facilité l’introduction de la sécurité sociale plus tard

GOENS, Jean
Impact littéraire de la campagne de propagande antivénérienne du tournant du siècle
  Paru dans Vesalius, 1996, 2 (2), pp. 126-131. Français

Résumé

La perception littéraire des maladies vénériennes au XIXème siècle a été radicalement modifiée par la vaste campagne de prophylaxie qui a débuté à la fin de celui-ci. A des écrivains présentant une vision romantique de la syphilis associée à la fierté initiatique et au génie de l’exaltation, a succédé une génération angoissée par l’obsession et la phobie qu’a générées alors le discours antivénérien. Les éléments moteurs de cette campagne étaient l’attention extrême à des statistiques surévaluées et la considération excessive de la transmission indirecte ; mais également des concepts mythiques tels la parasyphilis ou diathèse syphilitique, le « génie syphilitique » et surtout « l’hérédosyphilis ». Sous le couvert d’une prophylaxie sanitaire préconisée par les syphiligraphes, la campagne antivénérienne s’est avérée principalement une prophylaxie morale ne lésinant sur aucun moyen dissuasif, engendrant entre autres une véritable littérature de propagande antivénérienne. Après la Première Guerre mondiale, la crainte d’une dégénérescence de la race amoindrie par le dépeuplement va intensifier la propagande. Sa nature protectionniste, xénophobe, intolérante va se développer considérablement dans la littérature militante de l’Entre-deux-guerres, pour se fondre dans les thèmes qui ont marqué le discours politique de l’époque hitlérienne. Les Alliés et la pénicilline ont heureusement mis un terme à cette rhétorique devenue délirante.