Livre II
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par la qualité de froideur dont elle est abondamment fournie ; mais l'expiration conduit aussi à refroidir le cœur en exhalant et en expulsant le déchet chaud, quasi brûlé et fuligineux qui se trouve en lui. Et c'est principalement dans ce but que la respiration se fait par deux mouvements contraires : par la distension et la dilatation, il y a attirance, mais par la constriction, il y a évacuation, deux mouvements identiques à ceux que le cœur accomplit constamment. Cependant les mouvements de la respiration et ceux du cœur diffèrent beaucoup génériquement. Car si le cœur est mû par un mouvement naturel, que nous le voulions ou pas, la respiration dépend tellement de notre volonté que nous lisons que certains se sont tués en retenant leur souffle ; elle est jugée extrêmement utile à l'homme non seulement pour bien vivre, mais pour la vie elle-même. En effet si le rythme et la consonance de la respiration avaient été liés au pouls du cœur, et que la respiration elle-même ne fût pas dépendante de notre désir et de notre volonté, nous serions incapables de parler beaucoup et longtemps, ce qui nuirait beaucoup à l'agrément de la vie. En outre, si nous étions incapables de retenir notre respiration toutes les fois où nous passons à travers la fumée, la poussière, ou à travers une qualité d'air corrompue et empoisonnée ou à travers des lieux contaminés par des cadavres, des cloaques ou toute autre cause, ces choses nuiraient très rapidement à notre vie et corrompraient l'homme lui-même. Il en ressort que l'inspiration de l'air dans nos poumons par la trachée, et que l'expiration des excréments fuligineux du cœur devaient dépendre de notre volonté. Puisque le poumon suit le mouvement du thorax, toutes les fois où il est comprimé ou dilaté, principalement par la force du vacuum, les muscles moteurs du thorax devaient assurément être construits pour pouvoir le dilater et le contracter.Le nombre de muscles moteurs du thorax Avec les huit muscles abdominaux, il y aura donc en tout quatre-vingt neuf musclesbb que nous traiterons individuellemen, à leur emplacement chez l'homme : quarante-quatre symétriques et un commun aux deux côtés [du corps]. Mais les chiens et les singes en ont deux de plus de chaque côté, pour un total de quatre-vingt-treize, que je me résoudrai à compter dans la série, ceci afin de rendre Galien compréhensible, lorsque j'aurai terminé l'énumération des muscles sur un seul côté, puis la description du muscle commun aux deux côtés, et que j'additionnerai les muscles des deux côtés sous un seul total.Le premier des muscles moteurs du thorax Donc le premier muscle [m. sous clavier]cc d planche IV ; Z planche V est originaire de la région inférieure et interne de la clavicule, sur toute sa longueur, face à la première côte ; il a un début entièrement charnu et il s'insère par une terminaison également charnue sur la partie antérieure de la première côte à l'endroit où elle est jointe à l'os de la poitrine [sternum]. Ce muscle est court mais large et peu épais, entièrement charnu, avec des fibres obliques, presque transversales, qui procèdent de la clavicule vers l'avant ; il s'insère sur la côte thoracique supérieure et un peu sur l'os de la poitrine [sternum], qui reçoit le cartilage de cette côte. Ce muscle tire la première côte en arrière vers le haut et vers l'extérieur, et dilate ainsi le thorax au même endroit[375].Le deuxième muscle Le deuxième muscle [muscle dentelé antérieur]dd O, O, O planche I ; o, o, o, planche II ; 5, 6, 7 planche III ; l planche IV ; m planche V ; R planche VI ; L planche VII ; F planche VIII ; X planche XI ; S planche XII ; T planche XIII est grand, avec un début charnu, originaire de toute la base de la scapula sur sa face interne ; de là il progresse, toujours charnu, et s'étend jusqu'aux côtes, en étant très large et devenant progressivement moins épais jusqu'à son insertion sur les première, deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième et huitième côtes thoraciques, parfois sur la neuvième, sur la partie qui est juste au milieu de chaque côte et bien avant que les côtes ne se terminent en cartilages, si vous mesurez la longueur des côtes depuis les vertèbres à l'os de la poitrine [sternum]. Dans la partie restante, là où le muscle s'étend sur les côtes, il repose seulement sur elles et ne leur est attaché que par de fines fibres (comme les muscles couchés les uns sur les autres, de manière générale). Mais la fin dece muscle que j'ai décrit ne s'insère pas sur les côtes sur une ligne verticale ou unique, mais il se sépare à cet endroit pour ainsi dire en doigts [digitations] qui procèdent plus vers l'avant en longeant les os des côtes que la partie du muscle attachée aux interstices, d'une manière totalement opposéeee Comme on a pu le voir à O, O, O, P, P, P dans la planche I et à o, o, o, p, p, p dans la planche II à celle dont le muscle oblique descendant [m. oblique externe] est originaire des six côtes inférieures. Ce muscle allonge ses doigts hors des interstices des côtes, et avec le deuxième muscle de la respiration il forme un assemblage en dents de scie. Quand les fibres du deuxième muscle moteur du thorax se contractent vers leur début, qui est, selon nous, issu de la base de la scapula, elles tirent toutes les côtes (sauf les côtes inférieures sur lesquelles le muscle ne s'insère pas) vers l'extérieur, en dilatant le thorax[376]. Telle est la disposition de ce muscle chez les hommes, mais chez les chiens et les singes à queue, elle est différente : non seulement ce muscle s'insère sur huit côtes, mais également et très solidement sur les processus transverses des quatrième, cinquième, sixième et septième vertèbres cervicales, ou bien (si j'osais le dire!) il prend une portion de son origine de ces processus. Je voudrais en effet que cela ne soit pas examiné superficiellement : est-ce que ce muscle provient de la scapula, s'insère sur les côtes et sur les vertèbres et est utile aux mouvements du thorax, ou bien est-ce qu'il est originaire des côtes et des vertèbres, s'implante sur la scapula et peut être considéré comme la cause du mouvement de la scapula vers l'avant sur les côtés du thorax[377] ?Les troisième et quatrième muscles, mais le troisième chez les singes Des deux muscles qui succèdent dans le compte, l'unff F planche XI n'est présent que chez les hommes, c'est celui que nous compterons comme le quatrième dans l'ordre, en effet les singes et les chiens n'en ont que trois ; mais je l'ai également inclus, comme je l'ai dit précédemment, de crainte que quelqu'un ne fasse trop confiance à la leçon de Galien, sans disséquer, et n'aille s'imaginer à tort que j'aie oublié quelques muscles. Donc le troisièmegg Γ planche VI et le quatrième muscles sont situés symétriquement par rapport au deuxième muscle, l'un à l'avant, l'autre à l'arrière, tous deux dilatant le thorax en même temps que le deuxième muscle(si telle est l'action de ce muscle). Le troisième [muscle dentelé postérieur supérieur]hh Γ planche VI ; X planche V

×En décrivant parfaitement l’action de ce petit muscle sous-clavier, Vésale montre sa capacité déductive de l’action d’un muscle en fonction de ses insertions.
×Nous devons faire ici les mêmes remarques que pour l'Epitome : si l'action inspiratoire de ce muscle est accessoire, il est remarquable de la part de Vésale de l’avoir imaginée, soulignant bien sa façon de voir le corps humain comme un ensemble fonctionnel et ne réduisant pas l’action d’un muscle à sa fonction la plus simpliste.
×Formulation peut-être parodique d'une quaestio de dispute académique avec la double interrogation (an... an).