Livre II
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le second muscle est placé sous le premier, de même les tendons du deuxième muscle se trouvent sous ceux du premier muscle. Et tous deux sont également recouverts par le même ligament transverse le long de la première phalange des doigts, et ils sont également ronds ici, comme dans la vola et dans le creux du poignet. Dire que le tendon du premier muscle s'élargit dans la première phalange, comme l'affirme Galien, n'est pas conforme à la vérité. Utilité des parties, livre 1.
Les tendons du deuxième muscle traversent ceux du premier muscle
De plus, pour que les tendons du deuxième muscle puissent se diriger vers la troisième phalange [phalange distale]zz Voyez les mains successivement dans les planches V, VI et VII du doigt, et puisque les tendons du premier muscle font déjà leur insertion nécessairement sur la deuxième phalange, les tendons du deuxième muscle devaient se porter sur les côtés des tendons du premier muscle, ou bien, puisqu'ils avancent de manière rectiligne sous eux, il fallait que le tendon qui les recouvre fût perforé pour laisser passer le tendon sous jacent du deuxième muscle au travers. Mais l'étroitesse des os ne tolère pas que les tendons du deuxième muscle dérivent latéralement, et si par hasard ils avaient été amenés à le faire, ils auraient occupé un endroit sur le côté et auraient donc eu un mouvement oblique ; donc la seule possibilité restante était de couper en deux par une longue incision le tendon placé au-dessus, qui est un rameau issu du premier muscle, ce qu'a réalisé très habilement le suprême Créateur du monde : le tendon du deuxième muscle est ainsi conduit à travers cette scissure vers la racine de la troisième phalange [phalange distale][421]. Mais même si les tendons du premier muscle sont perforés, ce ne serait pas une raison suffisante pour croire avec Galien Procédures anatomiques, livre 1 qu'ils s'insèrent sur les côtés de la deuxième phalange des doigts, alors qu'ils s'implantent en fait sur leur surface interne [palmaire] ; après la perforation et près de leur terminaison, ils se réunissent à nouveau sous les tendons du deuxième muscle, et font leur insertion comme s'ils n'avaient pas été perforés, mais simplement rendus plus larges. Par ailleurs, de même que sur la longueur du poignet et de la première phalange les tendons sont entourés par un ligament transverse, de même sur toute la longueur de la deuxième phalange un autre ligament enveloppe le tendon qui passe à cet endroit, ou, pour le dire en un mot, un ligament de ce genre occupe toute la surface interne [palmaire] des doigts ; il n'est attaché aux tendons dans la partie interne [palmaire] des doigts par aucune membrane, aucun autre lien, pas même une fibre, et rien de membraneux n'intervient à cet endroit entre les deux tendons, l'un supportant l'autre. Cependant dans la vola, avant de passer sous les ligaments, chacun des tendons des doigts est enfermé dans une petite membrane individuelle qui s'attache au tendon par des liens membraneux.Le troisième muscle Bien que le troisième muscleaa η planche VI ; ρ planche V ; b planche VII [m. long fléchisseur du pouce] soit pour moi un muscle totalement distinct dubb Ξ planche VI deuxième, il m'est indifférent que vous le comptiez avec le deuxième et que vous déclariez ensuite qu'il est divisé en cinq parties charnues et en autant de tendons, du moment qu'une vraie description du troisième muscle suive. Ce muscle s'étend sur toute la longueur de l'avant-bras, sur le côté supérieur du deuxième muscle, n'étant jamais dans sa continuité, sauf peut-être près de l'articulation de l'avant-bras avec le bras[422], mais, comme tous les autres muscles qui sont couchés les uns sur les autres, il y adhère sur tout son trajet. Son début charnu et rond est issu de la surface de l'ulnacc L et h dans la fig. 1, chap. 24, livre I qui embrasse la petite tête du radius dans sa dépression apte à cette fonction, et là où le radius commence à s'écarter de l'ulna. À partir de cette origine, il s'étend le long du radius, en lui étant attaché sur presque toute sa longueur, et en prenant continuellement une origine à partir de cet os, surtout à partir de la région où naît le ligament membraneux [membrane interosseuse]dd V entre S et T, planche VII s'étendant le long de l'avant-bras entre le radius et l'ulna. Quand le muscle ainsi issu du radius progresse vers le poignet, il se termine par un tendonee θ planche VI rond, recouvert d'une membrane individuelle imprégnée de mucus, mais pas par la membrane commune qui revêt les tendons du deuxième muscle dans le creux du poignet. En effet, le tendon du troisième muscle n'est placé sous aucun des quatre tendons du deuxième muscle, bien que luiff Ξ planche VI aussi passe par le ligament transverse du poignet [rétinaculum des muscles fléchisseurs]gg Θ planche IV et s'étende sur le côté du ligament qui se trouve à la racine du pouce [tendon du muscle fléchisseur du poignet radial] : nous avons dit dans le premier livre que l'os du carpe [trapèze] supportant le pouce a une dépressionhh Dans les fig. 1, 2 et 4, chap. 25, livre I, un P indique le processus de cet os sur les côtés internes duquel on aperçoit la dépression creusée pour ce tendon. Il tourne vers cette dépression et se dissimule au milieu des muscles fléchisseurs de la première et de la deuxième phalange du pouce[423], et se dirige vers la deuxième articulationii κ et λ planche VI ; 1, 2, 3 planche VII du pouce où il est reçu par le ligament transverse sur toute la longueur de la phalange, puis accède à la troisième phalange [phalange distale] où il s'élargit et fait une insertion très solide.Le troisième muscle chez les singes caudés Vous ne trouverez pas ce muscle chez les singes caudés ; mais au milieu de la paume, une petite partie du deuxième muscle sort du tendon qui se dirige vers lekk Comme si cette portion allait du tendon marqué γ à θ , dans la planche VI médius, et cette petite partie va transversalement vers le pouce et s'implante sur l'os terminal. Cette petite partie du tendon n'a jamais de partie charnue intrinsèque, comme en ont les autres quatre tendons du deuxième muscle, elle n'est pas attachée au tendon du médius, mais elle en sort et passe au-dessus du tendon de l'index.Quelques observations placées ici sont contraires aux déclarations de Galien Vous avez observé que cet exposé a introduit un très grand nombre d'observations opposées aux déclarations de Galien dans le premier livre de l' Utilité des parties, et surtout opposées à cette notion qu'il a inventée selon laquelle le pouce ne fléchit pas sur la paume en direction du milieu du poignet, comme tous les autres doigts, mais au-dessus des autres et vers le milieu de la paume[424] ; ne m'accusez donc pas d'ignorance ou d'irrespect à l'égard de Galien avant d'avoir réalisé une dissection vous-même, ou, selon mes conseils, en assistant une autre personne faisant une dissection soignée, et en étant très attentif à tout le processus. Vous verrez alors que non seulement l'opinion de Galien est à juste titre contredite par ce que j'ai déjà mentionné mais aussi et surtout par ce que

×Vésale exprime son émerveillement devant cette structure très élaborée dans une phrase excessivement longue, confite de propositions subordonnées imbriquées les unes dans les autres.
×Conformément aux choix de nomenclature définis dans la Fabrique, Vésale utilise ici cubitus pour désigner l'ensemble de l'avant-bras et ulna et radius pour les deux os de l'avant-bras. Voir Fabrique I, chap. XXIV, p. 110 : « Toute la partie entre le bras et le poignet est appelée par les Grecs pêchus, mais Cubitus par les Latins. Elle contient deux os placés l’un à côté de l’autre et articulés l’un avec l’autre ; celui qui est en-dessous, qui est aussi le plus long, est également appelé pêchus et cubitus. Pour éviter que cette homonymie soit cause d’obscurité dans l’exposé,nous avons décidé d’employer le mot de Cubitus toutes les fois où il sera fait mention de l’ensemble de l’architecture composée par les deux os avec les ligaments, les veines, les artères les nerfs, les membranes et la peau, et de désigner l’os placé en dessous par le nom d’ulna; celui au-dessus sera appelé radius (comme nous l’avons fait jusqu’à présent) dans tout l’exposé ». Il s'agit en fait de l'articulation huméro-ulnaire (ou huméro-cubitale), qui unit la trochlée humérale et l'incisure trochléaire de l’ulna. Partie constituante de l’articulation du coude, elle permet les mouvements de flexion et d’extension de l’avant-bras (http://dictionnaire.academie-medecine.fr).
×La deuxième articulation est l'articulation métacarpo-phalangée du pouce.
×Cf. Galien, Utilité des parties I, chap. XVII. Selon Galien, « 'à l'exception des cas où nous devons le placer sur les autres doigts fléchis » nous n'avons pas besoin de plier le pouce pour une quelconque fonction (trad. Ch. Daremberg, Paris, Gallimard, 1994, t. 1, p. 33).