Livre II
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que les mouvements destinés à l'évacuation des excréments fussent volontaires, car si d'aventure cette dernière n'avait été confiée qu'au mouvement naturel, ces excréments se seraient écoulés sans arrêt : outre le fait que cela eût été jugé très dégoûtant, cela aurait gravement nui à plusieurs actes de notre vie quotidienne[489]. Aussi, pour empêcher les fibres circulaires de la vessie de chasser l'urine sans notre accord, chaque fois qu'elle devient une gêne par son abondance ou sa mauvaise qualité, la Nature a préposé ce muscle au canal de la vessie ; quand il est relâché, l'urine comprimée par la force des fibres transverses de la vessie est évacuée ; parfois aussi ce muscle est assisté dans cette fonction par les muscles de l'abdomenhh Θ planche III ; Π planche IV ; Δ planche V ; Δ planche VI
i Δ planche VII
et par le diaphragmei poussé vers le bas par la compression du souffle. Lorsque l'urine a été évacuée, le muscle se contracte de nouveau, en chassant au-dehors le reste de l'urine qui pouvait encore demeurer dans le canal. Il reste généralement trois ou quatre gouttelettes qui tombent spontanément après l'émission de l'urine. Cela doit être considéré comme la deuxième fonction de ce muscle. Car je ne comprends pas bien que ce muscle fournisse de l'aide pour la facilité et la vitesse de l'expulsion (comme l'assure Galien) et que ce soit sa principale fonction. Car plus il se relâche et perd de sa force de compression, plus le canal se détend, s'élargit et s'ouvre, laissant passer sous la pression des fibres circulaires de la vessie, une plus grande quantité d'urine que si le muscle, après avoir été relâché, étendait quelque peu ses propres fibres en vue de l'expulsion, pendant l'émission de l'urine, et restait actif, par je ne sais quel moyen, tout le temps de l'expulsion, en rendant ainsi le canal plus étroit et l'émission de l'urine plus difficile[490]. Il n'existe sûrement pas d'autre moyen (même si Galien pense le contraire)Livre 5 de l' Utilité des parties de resserrer le canal pour empêcher l'émission involontaire de l'urine, en-dehors de ce muscle que nous décrivons présentement. En fait l'argument apporté par Galien dans le débat, à savoir l'étroitesse et la longueur du canal jointes aux différentes courbures, est réfuté par le canal urinaire de la femme : bien qu'il soit étroit comme le canal masculin jusqu'à son insertion dans le col de l'utérus [vagin], il est cependant court et ne s'étend que sur une courte distance rectiligne vers le bas, vers le vagin. Mais je vais placer la dissection du muscle du col de la vessie après le deuxième chapitre suivant celui-ci, en même temps que celle des muscles du siège [anus].

Chapitre LI. Les muscles de l'intestin droit [rectum]

[Illustrations]

Une petite partie du rectum avec ses muscles a été isolée du corps ; nous la laissons habituellement en place quand nous enlevons tous les autres intestins.

ALe rectum, qui pourra être regardé sur les planches du cinquième livre, principalement sur les huitième et vingt-deuxième figures.
B, CLes deux muscles tirant l'intestin vers le haut après l'excrétion.
DLa substance musculeuse attachée au pénis, et jointe au bas de la vulve chez les femmes.
ELe muscle circulaire [m. sphincter strié de l'anus] empêchant l'éjection involontaire des excréments.

Les muscles placés au siège[491] On n'a jamais suffisamment loué la Nature d'avoir distribué à l'extrémité du rectumaa De Y à a dans la fig. 8, livre V ; et aussi dans la fig. 20, livre V et à * dans la fig. 22 des muscles [m. élévateurs de l'anus] qui relèvent rapidement l'extrémité du rectum qui a été poussée en avant pendant l'excrétion des fèces, et un autre muscle [m. sphincter strié de l'anus] qui empêche l'éjection intempestive et involontaire des excréments. Les musclesbb B, C ; et aussi b, c, fig. 8, livre V qui relèvent l'anus sont larges et fins, mais pas très charnus ou rouges, ils ne sont pas originaires d'os, mais ils sont issus de de chaque côté de ligaments originaires des os du pubis, de l'os coxal et du sacrum, recouverts par les muscles de cette région et de la partie la plus basse du péritoine. Ces muscles se dirigent en avant vers le bas, entourent le rectum, et s'insèrent sur sa tuniquecc L, fig. 9, livre V externe[492]. Puisque ces muscles sont très larges et qu'ils entourent toute la largeur de l'intestin à leurs terminaisons, une petite partiedd D de ces muscles est également attachée à la base du pénis et au col de l'utérus [vagin] chez les femmes. Certains ayant remarqué cela ont compté trois muscles élévateurs du siège [anus]. Quoi qu'il en soit, toutes les parties de ces muscles sont préposées à une même fonction, qui est de relever immédiatement après l'excrétion l'anus qui avait été poussé en bas par la force des muscles de l'abdomen et du septum transverse [diaphragme], souvent avec l'assistance de tous les muscles qui contractent le thorax et retiennent le souffle. Par ailleurs aucun muscle de la région ne s'oppose en sens contraire aux muscles élévateurs de l'anus, alors que dans presque toutes les autres parties il existe des muscles opposés. La Nature ne s'est pas écartée ici de la structure des autres muscles par négligence. Elle savait en effet que

×Rappel : Le muscle pour Vésale comme pour Galien n'est que l'agent du mouvement volontaire.
×Passage confus et très difficile commentant un passage tout aussi confus dans le livre V, chap. 16, de l'Utilité des parties. Voir Garrison et Hast, o. c., tome I, p. 642 notes 11 à 14, relevant les différences avec l'édition de 1555. Nous en reportons la discussion dans la traduction du livre V de la Fabrique.
×Vésale nomme l'anus systématiquement sedes (« siège »). La petite vignette dans le texte montre un putto en action, en rapport avec le sujet du chapitre.
×Il s'agit de la tunique séreuse du péritoine.