Livre III
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comme l'orifice de la veine cave, s'ouvre dans la cavité droite du coeur, il est rond et libre comme l'orifice de la veine cave, et on ne voit rien qui ressemble à une quelconque branche allant de la veine cave à la veine artérieuse. En conséquence, puisque la veine artérieuse [tronc pulmonaire] est circonscrite individuellement, elle devra être traitée individuellement, comme la veine cave.Opinion de Galien sur l'origine de la veine azygos L'opinion de Galien au sujet du début de la veine azygos n'est pas constante avec elle-même. D'abord, il se contredit trois fois dans le dixième commentaire du second livre du Régime dans les maladies aiguës d'Hippocrate. Au début de son discours sur la distribution de la veine cave à travers tout le thorax, il dit que la veine nourrissant les huit côtes inférieures provient de la veine cave avant que celle-ci n'atteigne le cœur ; peu après, il ajoute que chez certains animaux cette veine est issue de la veine cave au-dessus du cœur, mais il enseigne que chez l'homme cette même veine est originaire de la partie de la veine cave là où cette dernière est attenante à l'oreillette droite [atrium droit] du cœur. De nouveau, plus loin, ayant oublié ce qu'il avait dit, il ajoute que chez l'homme les côtes inférieures sont nourries par une veine qui naît de la veine cave sous le cœur. Cela rejoint plus ou moins ce qu'on lit dans le sixième livre des Doctrines d'Hippocrate et de Platon, quand il écrit que l'enveloppe du cœur et toutes les membranes, celles qui divisent la cavité thoracique et celles qui entourent le poumon, tirent leur alimentation de la veine cave avant qu'elle n'arrive au cœur. Lorsqu'il dit « et toutes celles qui entourent le poumon », je pense qu'il ne comprend rien d'autre que la membrane recouvrant les côtes, dont la plus grande partie est nourrie par la veine azygos. Selon moi, il n'a pas compris dans le nombre la membrane étroitement attachée à la substance du poumon [plèvre], puisque celle-ci ne reçoit pas même un petit vaisseau de la veine cave. Dans le livre Dissection des veines, il atteste que la veine azygos quitte le côté droit de l'oreillette [atrium droit] en direction des parties du thorax qui se trouvent à gauche du corps et qu'elle s'étend vers la cinquième vertèbre thoracique chez certains animaux. Mais il enseigne que chez les singes, elle reste au-dessus de l'oreillette à droite, et il reconnaît que la présente veine nourrit des espaces intercostaux plus nombreux que dans le livre sur le Régime. Il embrasse la même opinion dans le septième livre des Procédures anatomiques, sauf qu'ici il dit simplement que cette veine provient de celle qui se trouve près de la cavité droite du cœur, mais il ajoute à tort qu'elle part de là pour aller vers la partie gauche du thorax. Sans compter que dans un autre passage du septième livre [des Procédures anatomiques], il enseigne que la veine azygos sort de la cavité droite du cœur, tout comme la veine coronaire, bien que ceci n'arrive jamais chez les singes. Mais il n'est pas nécessaire pour moi de nourrir le débat en apportant d'autres passages de cet ordre tirés du livre de la Formation du fœtus ou d'ailleurs, puisque d'après ce qui a été dit, l'opinion [fausse] de Galien au sujet de l'origine et de la progression de la veine azygos est maintenant clairement établie, et on peut rechercher ce qui est conforme à la vérité dans notre description qui suit la vraie disposition de la veine cave[109]. En effet, chez l'homme comme chez les singes, les chiens, les porcs, les bœufs et tous les quadrupèdes que j'ai vus, la veine azygos procède de la veine cave, après que cette dernière a franchi l'enveloppe du cœur [péricarde] et continue jusqu'au point où la connexion des poumons au moyen de leurs vaisseaux n'est plus apparente. Même si quelqu'un, ne se fiant pas à la dissection, demandait une explication de l'origine de cette veine, il la trouverait dans notre exposé ci-dessus où nous avons décrit l'art de la Nature pour « bouturer »[110]cette veine.D'où devait nécessairement provenir la veine azygos En aucun cas cette veine azygos ne pouvait provenir du début de la veine cave sous le cœur, car elle aurait été suspendue trop dangereusement, à cause du grand espace visible entre cette partie de la veine cave et les vertèbres, et aussi, parce que, si elle avait été originaire de cet endroit, toute la partie du rachis sous le cœur serait restée privée de veines de même que l'endroit où s'étend maintenant le début de cette veine. La Nature aurait dû alors émettre une autre veine à l'endroit d'où la veine azygos est originaire en réalité, pour nourrir ces vertèbres. Mais elle n'aurait en aucune manière pu provenir de la région de l'oreillette droite [atrium droit]hh B dans la fig. 5 du livre VI parce qu'elle aurait été empêchée d'accéder au rachis par les vaisseaux qui vont au poumon, c'est-à-dire par l'artère veineuse [veine pulmonaire], la veine artérieuse [tronc pulmonaire] et la trachée, si la veine elle-même, cheminant à une certaine distance dessus ou dessous, n'avait habilement trouvé un chemin adapté à sa descente. En outre si la veine azygos s'était dispersée à partir de la région de l'oreillette droite [atrium droit] du cœur, elle aurait perforé l'enveloppe du cœur par son foramen particulier, ce qu'elle ne fait pas : tout cela enseigne suffisamment combien son origine est loin du cœur. Il n'est pas nécessaire de donner de la force à cet argument[111]en mentionnant la courbure du rachis à l'endroit où il fait face au cœur : puisque cette courbure est beaucoup plus prononcée chez l'homme que chez les quadrupèdes et les oiseaux, on peut facilement en déduire que la veine azygos chez l'homme devait provenir d'un endroit de la veine cave situé plus haut que chez ces animaux, parce que chez ces derniers, la distance entre la région de l'oreillette droite et le rachis est moindre que chez l'homme : cela est non seulement agréable, mais facile à observer dans une dissection. Combien Galien a varié d'opinions et combien il s'est plus trompé en décrivant pour les hommes une veine azygos qu'il n'a jamais vue qu'en décrivant cette veine chez les singes, j'en ai dit un mot dans la Lettre où j'ai enseigné qu'il fallait inciser la veine axillaire droite en cas de douleur latérale (du moins si vous attachez quelque importance au côté que vous incisez )[112]. Galien s'est en fait appliqué à imaginer une explication qui rende l'opinion d'Hippocrate plus vraisemblable, quand il enseigne qu'il ne faut pas saigner lorsque la douleur atteint les parties inférieures, c'est-à-dire situées sous le diaphragme, comme si Hippocrate avait estimé qu’une phlébotomie ne pouvait rien tirer de la veine azygosii F ou que cette dernière était trop loin de la veine axillairekk m,r,u pour que celle-ci ou tout autre veine pût être incisée.

×Le procédé consiste à opposer Galien à lui-même et à montrer ainsi ses incohérences. À l'inverse Vésale se prévaut de l'observation directe qui suffit à ruiner l'ensemble des arguments précédents.
×Le lexique utilisé ici est emprunté aux techniques de provignement de boutures ; nous avons gardé l'image, même si elle est contraire au flux veineux réel.
×Bel exemple de prétérition.
×Voir notre Introduction à La lettre sur la saignée (1539), y accéder