Livre IV
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Lorsque le nerf à gauche descend vers la base du cœur, en-dehors de l'enveloppe du cœur, il entre en contact avec le troncgg B et aussi i dans la fig. du chap. 12, livre III de la grande artère [aorte] qui descend vers l'épine. Là, le nerf émet immédiatement troishh R et aussi o dans la fig. 2
i c (f) dans la fig. 6, livre VI
rameaux, quelquefoisimoins, qui entourent le tronc de l'artère qui fait face à l'épine, reviennent en arrière, se joignent les uns aux autres et constituent le nerfkk S,S ; et p dans la fig. 2 et g,g dans la fig. 6, livre VI récurrent gauche ; celui-ci chemine vers le haut, et s'attache au côté gauche de la trachée au moyen d'une membrane : dès qu'il atteint le larynx, il se divise, comme le nerf à droite, en plusieurs branches qui se terminent toutes dans les muscles qui ont la tête [origine] dans le bas de cette région. Si on joint leurs symétriques, ces muscles sont les quatre musclesll P,R dans la fig. 7, chap. 21, livre II [muscles crico-arythénoïdiens postérieurs et latéraux] qui relient le troisième cartilage [cartilage aryténoïde] au deuxième [cartilage cricoïde] ; ils repoussent le troisième cartilage en arrière et latéralement et ouvrent la petite languemm Voyez les fig. 11, 12, 13, chap. 21, livre II
n a,b dans les fig. 8 et 9 du même chap.
du larynx[65]. Deux musclesn relient le troisième cartilage au premier [muscles thyro-aryténoïdiens supérieurs et inférieurs] : ils ferment la rimula ou petite langue du larynx, et sont les seuls muscles qui empêchent l'expiration lorsque nous retenons notre souffle de force, alors que nous essayons, autant que possible, d'expirer au moyen de tous les autres muscles. Parmi ces muscles, avec quelques autres, se trouvent les musclesoo D,D dans les fig. 1 et 2, chap. 19, livre I [livre II] moteurs de la langue, originaires du milieu de l'os hyoide.Explication de la structure des nerfs récurrents Puisque les muscles dont nous parlons ont leur tête [origine] à leur terminaison inférieure et qu'ils étaient destinés à attirer vers le bas les corps qui devaient l'être, il fallait aussi, à notre avis, que l'esprit animal leur fût amené d'une façon ou d'une autre depuis les parties inférieures du corps. Avec quel talent le grand Créateur de notre corps a prévu cela au moyen du mouvement récurrent de ces nerfs, vous pourrez vous en rendre compte par la dissection elle-même, par cet exposé succinct de la distribution des nerfs et par la planche que nous avons présentée auparavant : je vous exhorte aussi à lire Galien, qui se glorifie à juste titre d'avoir été le premier de tous à avoir découvert ces nerfs. Dans le septième livre de l'Utilité des parties, il glorifie Dieu[66] par de véritables hymnes et requiert plus d'attention que si vous assistiez aux mystères d'Éleusis ou de Samothrace ou à tout autre cérémonie religieuse et que vous soyez tout oreilles à ce que les prêtres disent ou font[67]. Galien est en effet réellement persuadé que son chant solennel n'est en rien inférieur aux leurs et ne montre pas moins l'incroyable sagesse, la prévoyance et le pouvoir de Dieu fondateur de toutes choses

[Illustration]

Puisque dans la description de ces nerfs comme dans d'autres passages, Galien fait souvent mention d’un appareil, le glossicomum [sic], nous avons pensé que nous ne désobligerions pas le lecteur en insérant ici la lettrine F dans laquelle cet appareil est succinctement représenté, ainsi que la lettrine E avec le dessin de l’appareil idoine pour réduire les luxations du bras et surtout celles de la cuisse[68].

Le reste de la disposition de la sixième paire dans la cavité thoracique. Après avoir émis les nerfs récurrents, les nerfs de la sixième paire font face à la base du cœur et dispersent de petites branches d'une certaine épaisseurpp q dans la fig. 2 dans la tunique des poumons [plèvre pariétale] et dans l'enveloppe membraneuse [péricarde]qq r dans la fig. 2
r h dans la fig. 6, livre VI
du cœur. Un rameaur issu des branches entrelacées avec le côté gauche de l'enveloppe du cœur et issues du nerf de la sixième paire situé à gauche émerge dans l'enveloppe du cœur à l'endroit où celle-ci se joint au côté gauchess I dans la même fig. du tronc pulmonaire. À cet endroit, un rameau extrêmement fin qui n'est visible que si l'on dissèque avec le plus grand soin, touche la veine faite comme une artère [tronc pulmonaire] et longe son côté gauche, cependant un peu plus en arrière, en direction de la base du cœur, et là il se dissipe en ramifications aussi fines que des cheveux et qui ne se limitent pas à la superficie de la base du cœur. J'expliquerai soigneusement à la fin du sixième livre comment trouver ce très fin petit nerf, quand je traiterai de la dissection du cœur et des organes à son service[69]. Le restett f dans la fig. 2 ; et T,V dans les fig. 14 et 15, livre V de la sixième paire chemine en bas en direction de l'œsophage : à droite, le nerf longe le côté droit de l'œsophage, à gauche, le nerf longe son côté gauche. Dès que ces nerfs sont lâchement attachés à l'œsophage au moyen d'une membrane, chacun d'eux se divise en deux branches qui tournent en diagonale autour de l'œsophage de telle sorte que les branches du nerf à droite occupent le côté gauche de l'œsophage et vice versa.Disposition de la sixième paire dans les organes de la nutrition Ainsi les quatre branches traversent le septum transverse [diaphragme] avec l'œsophageuu 2 [r] dans la planche VII des muscles sans présenter aucune ramification au septum sur leur passage. Mais elles se disséminent en très nombreux rameaux entourant l'orifice supérieurxxt dans la fig. 2 de l'estomac et envoient des branches à l'avant et à l'arrière du corps de l'estomac. Les branches qui s'entrelacent avec le côté droit de son orifice émettent un rameauyy u dans la fig. 2 ; et X dans la fig. 15, livre V très important qui passe par le haut de l'estomac, le traverse dans toute sa largeur et va à son orifice inférieur, en dispersant au cours de son chemin des rameaux à l'avant et l'arrière de l'estomac. Dès qu'il a dépassé l'orifice inférieur, ce rameau repose sur la veine porte et se hâte vers la partie concave du foiezz x dans la fig. 2 ; T dans la fig. 12, livre V et Y dans la fig. 15 pour y être absorbé dans la tunique membraneuse du foie. Nous avons enseigné auparavant que la brancheaa h dans la fig. 2 issue du nerf de la sixième paire situé à droite avant le début des nerfs récurrents s'étend aux racines des côtes sous la tunique qui les recouvre et est augmenté par un groupe d'autres nerfsbb i,i dans la fig. 2 courant par les espaces intercostaux ;

×La fente de la glotte est un espace compris entre les bords libres des plis vocaux en avant et les processus vocaux des cartilages aryténoïdes en arrière. Cet espace comporte deux parties : une partie inter-membraneuse et une partie inter-cartilagineuse correspondant aux éléments qui les limitent (Dict. médical de l'Académie de médecine 2020).
×Le nom propre Deus est rare chez Vésale, qui lui préfère Opifex ou Natura, d'autant plus surprenant ici que le reste de la phrase se réfère à un contexte antique, donc au paganisme (cf. note suivante). Vésale se réfère au chapitre 14 du livre VII de l'Utilité des parties dont le ton est particulièrement emphatique, presque extatique.
×Il est difficile de ne pas lire ici une critique implicite des cérémonies religieuses catholiques mises sur le même pied que les mystères antiques. Le sanctuaire de Samothrace était célèbre dans le monde grec pour les cérémonies des Grands dieux, culte chtonien et culte à mystères comme celui d'Éleusis.
×Vésale insère ici deux lettrines E et F en les superposant dans le corps même du texte. Le procédé est suffisamment inhabituel pour que l’on s’y arrête, d’autant plus que l’édition de 1555 ne reprend pas cette mise en page. Galien avait comparé le parcours des nerfs laryngés inférieurs avec le mécanisme d'un glossocomon (Utilité des parties VII, 14). Plusieurs fois placées en tête de chapitre, les lettrines E et F représentent de petites scènes de chirurgie et d'appareillage avec cet instrument. Leur emplacement n'est pas nécessairement significatif par rapport au contenu textuel environnant, car l’imprimeur puisait dans un stock plus ou moins vaste à sa disposition en fonction de la lettre initiale du premier mot d’un livre ou d’un chapitre qu’il s’agissait de mettre en valeur. Mais insérées dans le texte, elles prennent du sens. La capitale E montre en perspective antéro-latérale un homme âgé et barbu, assis, la jambe gauche étendue dans une espèce de caisson et maintenue au niveau du genou et de la cheville par des cordes ou lacs attachés à un essieu. À l’extrémité inférieure du caisson, un putto nu fait tourner l’essieu, un autre enroule une bande de toile, un troisième est spectateur. L’homme est penché en avant et étend la main gauche, soit pour diriger le mouvement du putto qui manœuvre l’appareil, soit pour l’arrêter, ce qui semble plus probable étant donné l’expression de souffrance sur le visage du blessé. La barre verticale du E qui compartimente la scène empêche de voir le geste précis du putto. La capitale F est ornée d’une scène similaire, mais uniquement constituée d’humains. Le même patient est vu de profil, sa jambe droite est étendue, des bandes entourent et protègent le pied ; les bords latéraux du caisson sont perforés et laissent passer les cordes ou lacs qui s’enroulent autour d’un essieu. Un chirurgien donne des instructions à son assistant et vérifie le degré de tension en posant la main sur la cuisse du malade. Présentée comme un hommage au maître de Pergame, la citation iconographique de Vésale se termine par une pointe, venenum in cauda, critiquant cette analogie et renvoyant au livre VII de la Fabrique pour avoir une démonstration du rôle des nerfs laryngés inférieurs dans la voix. Voir Douglas J. Lanska, « Vesalius on the Anatomy and Function of the Recurrent Laryngeal Nerves: Medical Illustration and Reintroduction of a Physiological Demonstration from Galen », Journal of the History of the Neurosciences: Basic and Clinical Perspectives, vol. 23, 2014 (3), p. 211-232 (consulter); Jacqueline Vons, « Brève enquête sur le glossocomon, ou une ingénieuse invention (faussement) attribuée à Rabelais », en cours de publication (Presses universitaires de Liège).
×Cf. Fabrique VI, chapitre 16. Le petit nerf a déjà été décrit page 315 [415].