La dix-huitième figure représente en vue latérale l'oeil détaché des paupières, et sorti de son emplacement dans le crâne, avec ses muscles intrinsèques[550] qui sont encore attachés :
ε | indique le nerf optique, |
ζ,ζ,ζ | les muscles moteurs de l'oeil, |
η,η | la tunique [conjonctive] adhérant à l'oeil, |
θ | le plus grand cercle de l'oeil ou iris, là où la membrane adhérente se termine, en s'attachant très fermement à la tunique de la cornée, |
κ | indique l'aire opposée à la région de la pupille ou du plus petit cercle[551]. |
La dix-neuvième figure représente l'avant de l'oeil intact, dont seules les paupières ont été enlevées.
Λ | Ici Λ indique la caroncule [caroncule lacrymale] placée dans le grand angle de la cavité orbitaire, |
θ,θ,κ | indiquent ici les mêmes parties que dans la figure précédente. |
Par ailleurs si quelqu'un juge utile de suivre la description de l'oeil depuis ses parties les plus externes, il considérera la dix-neuvième figure comme étant la deuxième dans la succession des figures de l'oeil, la dix-huitième comme la troisième, et ainsi de suite.Emplacement des yeux. En expliquant la formation de la tête dans le premier livre, nous avons décrit l'emplacement des yeux, qui est connu de tous[552] ; dans le deuxième livre, nous avons enseigné leur nombre, leurs muscles moteurs, comme nécessairement aussi la nature des paupières[553].Comment décrire la structure de l'oeil. Mais à présent pour décrire la structure de l'oeil qui a une forme parfaitement arrondie et sphérique[554], on peut l'examiner soit à partir du centre, soit à partir de sa périphérie externe, tout comme si on abordait la structure de l'oeuf, à partir du jaune au blanc, allant ensuite à la fine membrane recouvrant le blanc, et enfin à la coque ou coquille ; ou à partir de la coquille à la fine membrane, au blanc et enfin au jaune[555], de la même manière que nous pourrions décrire les parties de l'univers, ou bien en allant de la terre vers l'eau, puis vers l'air, le feu, le ciel sublunaire et ainsi de suite jusqu'au ciel supralunaire, ou bien à partir de ce ciel jusqu'au centre de l'univers c'est-à-dire la terre[556]. On peut en effet comparer la fabrique de l'oeil à la fois à l'univers et à l'œuf, en ce qui concerne la structure. Pour expliquer cela le plus précisément possible et pour en fixer plus fermement le souvenir, nous allons le décrire d'abord du centre vers la périphérie externe[557], ensuite de celle-ci vers le centre.L'humeur cristalline [cristallin]. Au centre de l'oeil il y a donc une humeuraa A, fig. 1 ; fig. 2 et 3 en entier. que les Grecs appellent crystalloeides [« semblable à du cristal »] comme nous, mais nous disons aussi « humeur semblable à de la glace », à cause de sa ressemblance avec une glace translucide ou un cristal parfaitement pur, non par sa consistance ou sa dureté, mais par sa couleur, ou plutôt par son éclat et sa transparence. En effet, cette humeur est aussi transparente que le cristal le plus pur[558], et si on la retire et qu'on la place comme une vitre sur toutes sortes d'objets, elle les grossit fortement à la manière de certains miroirs[559]. Sa consistance est telle qu'elle ne peut pas couler lorsqu'elle est séparée de l'oeil, mais qu'elle conserve sa forme arrondie, comme de la cire un peu molle[560]. Sa forme n'est pas celle d'une sphère parfaite, mais elle est légèrement comprimée à l'avant et à l'arrière, comme si on avait enlevé une épaisse partie d'une sphère en bois en la sciant le long de deux lignes équidistantes du centre et qu'ensuite on ait recollé les deux moitiés de la sphère[561].
[schéma marginal]
De même, cette humeur est moins convexe à l'avant et à l'arrière que sur sa circonférence, c'est-à-dire sur les côtés, en haut et en bas, et elle a plus ou moins la forme d'une lentille ; c'est de là, je suppose, que vient le terme de phakoeides [« en forme de lentille »] que les Grecs ont également attribué à cette humeur, même si d'autres semblent appeler ainsi je ne sais quelle tunique de l'oeil. Elle a une surface lisse et très glissante.La petite tunique transparente comme une pelure d'oignon [capsule du cristallin], fixée sur la partie antérieure de l'humeur cristalline. Sur toute sa partie antérieure est attachée une petite tuniquebb B, fig. 1 ; toute la fig. 9 ; d, fig. 10. [capsule du cristallin][562] faite comme une très fine pelure d'oignon, du genre de celle que nous trouvons entre les pelures plus épaisses autour de l'oignon : cette tunique est fine et translucide, mais elle est plus dure que ce genre de pelure d'oignon et elle recouvre toute la partie antérieure de l'humeur cristalline (comme je l'ai dit) ; elle n'a aucun contact avec la partie postérieurec,c e, fig. 10. mais elle se termine là où l'humeur cristalline est la plus épaissed,d R, fig. 3. et sa circonférence serait plus grande si nous l'avions représentée recouverte de nombreux cercles ou lignes circulaires équidistants. Il semble que cette tunique n'ait pas reçu de nom particulier, sinon peut-être celui d'arachnoeides [« en forme de toile d'araignée »] que les Grecs lui ont donné d'après sa ressemblance avec une toile d'araignée ; elle lui ressemble en effet par la finesse, mais certainement pas en force ni en dureté. Moi-même, quand je dissèque, je la compare à des pelures d'oignons extrêmement fines et translucides, comme je l'ai déjà dit ; je pourrais aussi la comparer à de la corne, si du moins on pouvait diviser la corne en lamelles aussi fines, transparentes et lisses que cette tunique. Car la substance de cette tunique ne diffère en rien de celle de la corne. Nous pourrions donc décrire cette tunique comme le deuxième corps entrant dans la structure de l'oeil, car elle recouvre seulement l'avant de la partie centrale, c'est-à-dire l'humeur cristalline [cristallin], et elle doit donc être considérée seulement comme une moitié de sphère dans la fabrique de l'oeil.L'humeur vitrée [corps vitré]. En outre, l'arrière de l'humeur cristalline, qui n'est pas recouvert par la petite tunique susdite, est contenu dans une autre humeuree C dans la fig. 1 ; fig. 4, 5, 6 ; a dans la fig. 8. [corps vitré], plus abondante, située comme un hémisphère dans la région postérieure de l'oeil, ressemblant par la couleur ou par la clarté à du verre blanc qui a déjà été refroidi, mais pas aussi claire que l'humeur cristalline ou que le pur cristal. Sa consistance est beaucoup plus molle que celle de l'humeur cristalline, et lorsqu'elle est retirée de l'oeil, elle ne conserve ni sa forme ni ses limites ; elle ne coule pas comme de l'eau, mais sa consistance est celle du verre fondu dans un four