et éviter de la diriger vers le bord inférieur, afin de ne pas perforer les vaisseaux qui courent à cet endroit[719] ; car alors le sang jaillirait, et, rendu écumeux à cause de l'air qui entre et qui sort par cette blessure, il pourrait vous abuser sur l'emplacement du poumon. En effet ceux qui dissèquent sans soin peuvent considérer que cette écume paraît être le poumon, et que ce dernier continue à se dilater par sa force innée[720]. Mais pour voir comment le poumon suit naturellement le mouvement du thorax, sectionnez sur un côté les cartilages de deux ou trois côtes du milieu, faites des incisions dans les intervalles entre ces côtes, et retournez chacune d'elles vers l'extérieur en la cassant : vous obtiendrez ainsi une surface suffisante à travers laquelle vous pourrez voir le poumon du côté non lésé. En effet comme les membranes divisant le thorax sont extrêmement transparentes[721] chez le chien, il est très facile de regarder à travers elles la partie du poumon qui suit encore le mouvement du thorax, et d'observer, après avoir légèrement perforé ces membranes, comment cette partie du poumon s'affaisse aussi. Cependant avant de perforer ces membranes, il convient de prendre en main les ramifications de l'artère veineuse [veine pulmonaire]pp G, fig. 6, livre VI. qui pénètrent dans cette partie du poumon déjà affaissée[722], de les séparer tout autour de la substance du poumon, afin d'apprendre qu'elles aussi se meuvent en même temps que le cœur. Il est alors facile de voir le mouvement du cœur, surtout si vous coupez l'enveloppe du cœurqq D,E,F, fig. 3, livre VI. et que mettiez le cœur à nu du côté où vous faites cette opération. Il faudra donc faire l'incision sur le côté gauche pour que la partie droite du poumon continue à se mouvoir, et pour que vous puissiez facilement saisir dans la main le tronc de l'artère veineuse en entier. Dans une opération de ce genre, il n'est pas non plus inutile de saisir la base du cœur, de ligaturer avec un seul lien les vaisseaux dès leur sortie, et ensuite d'exciser le cœur sous le lien et de laisser l'animal courir, en l'ayant débarrassé des liens qui l'avaient entravé. Nous avons vu des chiens ainsi traités courir sur une certaine distance, et surtout des chats[723]. Par ailleurs, vous verrez mieux le mouvement du cœur et des artères si vous liez un chien sur une planche, et si vous faites avec un couteau très pointu une incision de chaque côté depuis la gorge jusqu'aux cartilages des côtes, à l'endroit où ils se continuent en os ; puis faites une troisième incision transversale à partir de la fin de la première incision jusqu'à la fin de la deuxième, jusque dans la cavité du péritoinerr comme a été préparée la fig. 2 du livre VI. ; soulevez légèrement l'os de la poitrine [sternum] et les cartilages qui y sont attachés, détachez-les du septum transverse [diaphragme] et retournez le sternum vers la face de l'animal ; enfin incisez l'enveloppe du cœur, saisissez le cœur d'une main, et de l'autre comprimez la grande artère [aorte] qui longe le rachis. Mais vous verrez tout cela bien mieux dans la vivisection suivante, la plus complète de celles que je présente habituellement dans les écoles ; après avoir ajouté quelques remarques concernant le cerveau, je vais la décrire en détail, afin que d'autres puissent également la refaire sans difficulté.Examen de la fonction du cerveau. Donc dans l'examen du cerveau et de ses parties, il n'y a vraiment rien à voir au moyen de la vivisection, puisque ici, que nous le voulions ou non, par respect pour les théologiens de notre pays[724], nous devons refuser aux animaux privés de raison, la mémoire, le raisonnement et la réflexion, même si la structure de leur cerveau est la même que chez l'homme. Ainsi celui qui s'intéresse à l'Anatomie, qui est versé dans la dissection des corps morts, et qui n'est infecté par aucune hérésie, comprend bien combien je m'en voudrais si, au sujet de la vivisection du cerveau, j'avais entrepris d'écrire quelque chose à l'encontre de mon plein gré[725]. En ce qui concerne la sensation et le mouvement, on peut cependant observer que l'un et l'autre cessent lorsque le cerveau a été enlevé. Et ici c'est la même méthode de recherche que celle que nous avons préconisée dans l'opération sur les nerfs. Mais pour savoir si le cerveau a des sensations, il faut interroger l'être humain : il peut indiquer s'il souffre quand le cerveau est incisé ou comprimé, ou ce qu'il ressent à l'endroit où le cerveau est atteint, comme on peut le vérifier quotidiennement dans les blessures de la tête[726]. En revanche, qu'on puisse briser le crâne d'un chien, ouvrir le ventricule [latéral] droit ou gauche et voir comment l'animal perd le mouvement et comment il le retrouve à nouveau, ventricule fermé, personne, à mon avis, ne discute cela[727].La vivisection habituellement faite à Padoue et à Bologne en guise de colophon[728] de l'examen anatomique. Vous pouvez maintenant aborder la vivisection que je vais décrire, comme je l'ai promis il y a peu. Prenez une chienne pleine, ou une truie, mais une truie convient mieux, à cause de son cri : en effet, quand un chien est entravé pendant quelque temps, il cesse d'aboyer et de hurler, quoi que vous lui fassiez, et vous ne pouvez donc pas apprécier la perte ou bien l'abolition de la voix[729]. Donc, dès que l'animal est couché sur le dos et qu'il donne accès librement à la face antérieure du cou et du tronc, liez-le sur une planche le plus solidement possible, comme cela est montré ici sur la planche ci-dessous.
[Illustration]
Cela dépendra de l'habileté de chacun et des objets à sa disposition ; il n'est pas difficile de prendre une planche quelconque, dans laquelle on a percé des trous, de façon à pouvoir lier les pattes, ou s'il n'y a pas de trous, de mettre rapidement sous la planche deux bâtons et d'y attacher les pattes. Pour le reste, il faut surtout tenir compte de la mâchoire supérieure et veiller à ce qu'elle soit solidement fixée sur la planche, ce que vous réussirez en fixant une petite chaine ou une corde solide à l'avant des canines et en attachant l'autre bout à un anneau quelconque sur la planche, à un petit trou ou ailleurs, comme vous le jugerez le plus commode, de manière que le cou soit tiré en arrière[730] et la tête immobilisée, et