Lettre sur la racine de Chine
[s.n.]

François Vésale salue le très illustre et très grand duc de Toscane, Côme de Médicis[1], éminent Mécène des études,

Comme Jacques De Schepper,[2] un jeune homme, à mon avis, très compétent en médecine et dans les disciplines qui s’y rapportent, était arrivé ici depuis peu pour ses études et que nous nous rencontrions fréquemment pour parler de notre pays natal, j’entrepris de le questionner sur les sujets qui intéressaient les médecins dans nos Pays-Bas[3], pour savoir s’ils avaient publié quelque ouvrage utile ou remarquable pour nos études communes, dont nous n’aurions pas encore eu connaissance ici. Parmi d’autres choses, il apportait une lettre de mon frère André, qui est un serviteur totalement dévoué à votre Altesse illustrissime, admirant sans réserves vos vertus qui vous font valoir au monde entier, et toujours prêt à les louer auprès de tous les savants et amis ; De Schepper affirmait que c'était une copie qu'il avait faite à partir de la lettre autographe, me la recommandant à de nombreux titres, en disant que des variantes de cette copie se trouvaient entre les mains de certains habitants des Pays-Bas, qui non moins que lui, la jugeaient digne d’être publiée et de devenir un bien commun à tous. Comme plusieurs,

×Il s'agit ici d'un emploi honorifique de l'adjectif. Cf. introduction (note 16).
×Les études anciennes ne relèvent pas de lien filial entre l'humaniste Cornelius Duplicius Scepperus, diplomate au service de Charles Quint, et le jeune Jacobus Scepperus. Cornelius avait épousé en 1520 Élisabeth ou Isabelle Donche, qui mourut en 1549, ne laissant qu'une fille, selon J. de Saint-Genois, Recherches sur le véritable nom, lieu de naissance, la famille et les armoiries, la sépulture et les écrits de Cornille de Schepper dit Scepperus, Gand, L. Hebbelynck, 1856, p. 8. Mais il y avait d'autres branches de la famille De Schepper.
×Ce serait évidemment un anachronisme que traduire Belgæ par « Belges » au sens actuel. Dans l'antiquité, le terme désignait différentes tribus habitant une partie de la vaste province romaine, la Gallia Belgica, que César situait entre le Rhin et la Seine (capitale : Reims, puis Trèves). L'adjectif Belga se retrouve au XVIe siècle dans les milieux intellectuels (Juste Lipse par exemple) et artistiques (pictor belga) des Pays-Bas, dont le territoire correspondrait approximativement à la Belgique actuelle (sans la principauté de Liège), aux Pays-Bas et au Luxembourg. Pour l'emploi de l'adjectif belgicus, voir par exemple Michael Aitzinger, De leone Belgico eiusque topographica atque historica descriptione liber quinque, Cologne, 1588.