Lettre sur la racine de Chine
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ne pourrait jamais être assez grand de toute façon)[5]. Par ailleurs, en ce qui concerne l’édition de la présente lettre (que j’avais d’abord pensé pouvoir intituler « livre », si l'ouvrage avait semblé ne pas avoir été écrit sous la forme d’une lettre, en dépit de sa longueur et de la variété des sujets traités, et s'il avait crû sous la plume de manière fortuite jusqu’à atteindre les dimensions d’un livre), je n’ai pas eu la possibilité de consulter mon frère sur mes craintes qu’elle fût déformée par une publication faite avant que son avis sur la question ne me parvînt, à cause de la distance entre les lieux et à cause des troubles qui secouent actuellement l’empire germanique : aussi j’espère qu’il ne désapprouvera pas ma peine et mon zèle, ou qu’il ne s’irritera pas parce que j’aurai pris moi-même la responsabilité de cette édition (puisqu'un quidam aurait aussi pu le faire). Pour me fortifier dans mon opinion, j’ai pensé que ce travail devait être réalisé pour la communauté des étudiants en médecine sous les auspices de votre nom immortel et orné de son éclat : car il est évident pour moi que mon frère a pour Votre Altesse la même considération qu'absolument tous les personnages éminents et cultivant les lettres. En effet, ceux qu’il fréquente quotidiennement lui apprennent volontiers et sans dissimuler ce qu’on rapporte de toutes parts concernant la rapidité de votre jugement, votre singulière connaissance de l'art de la guerre, la célérité admirable (qui a toujours été très sûre) que vous y avez montrée, le gouvernement parfait, au-dessus de toute louange, de vos possessions, qualités qui ne devraient pas encore suffire pour l'esprit d'un tel héros : c’est ainsi que parmi tant d’illustres et fameux princes italiens, aucun autre nom égal à celui du duc Côme de Toscane ne vole aujourd’hui sur les lèvres des habitants de l'Empire et des Pays-Bas. Cela est dû non seulement à vos qualités d’esprit en temps de paix et en temps de guerre, mais aussi parce que sous votre patronage les lettres et toutes les autres disciplines, qui s’étaient effondrées à cause de la négligence de nombreux princes à leur égard, sans parler de l’hostilité de ceux qui les conseillent ou qui leur sont donnés pour précepteurs, sont à nouveau florissantes et

×La parenthèse est une citation de la lettre de Vésale à Oporinus condamnant le plagiat des Tables anatomiques par Walter Ryff, cf. Fabrique, *5v