Petit Livre sur les dents
1
BARTHOLOMEO
EUSTACHE
DE SAINT-SEVERIN
Petit Livre sur les dents
Chapitre I
On expose le nom, le genre, la substance des dents et pourquoi on les compte parmi les parties instrumentales

Poussé par l’exhortation et les prières de mes amis à écrire sur les dents, j’utiliserai la méthode et le plan adopté dans mon petit livre sur les reins. Après avoir analysé leur fabrication, je descendrai jusqu’à leurs actions et leur utilité. Le mot dent a une large acception : certains anciens médecins usent de ce mot pour nommer la seconde vertèbre cervicale et son apophyse(1, 20) qui est communément nommée pyrenoïde, à cause d'une ressemblance supposée avec une dent. Mais, à proprement parler, les médecins utilisent le mot dent pour désigner la partie de la bouche appelée par les Grecs odous, ou plutôt edous, dérivé du verbe edô [manger], et par les Latins, je pense par imitation, dens comme edens et aussi cranter par Rufus d'Ephèse(1, 28).

Les principaux auteurs ne sont pas d’accord au sujet de la substance des dents. Certains, comme Galien(1, 29),disent que les dents appartiennent à la catégorie des os et prétendent qu’elles sont de même nature.

×(1, 20) La seconde vertèbre cervicale avec son apophyse qu’on appelle pyrénoïde, est nommée dent par Hippocrate et quelques autres.
Galien, De ossibus, chap. 8 ; De locis affectis, livre IV, chap. 3 ; De anatomicis administrationibus, livre IV, chap. 8.
Hippocrate, De morbis vulgaribus, livre VI, com. 7. tex. com. 8.
×(1, 28) Les dents sont dites crantères par certains.
Rufus d’Éphèse, De corporis humani partium appellationibus, Livre 1, chap. 8.
×(1, 29) « Les dents doivent être comptées au nombre des os, même si certains experts pensent le contraire. Mais étant donné que nous ne nous sommes pas occupés des dents en faisant la dissection des veines, des artères, des nerfs, des muscles ou des viscères, ni même de celle des os, que nous traitons actuellement, il n’est pas besoin d’en faire nulle part mention », Galien, De ossibus, chap. 5.