Petit Livre sur les dents
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Je porte maintenant mon attention vers un sujet plus intéressant.

Aristote classe les dents parmi les parties dissemblables parce qu'il soutient que leur fonction et leur action sont comparables(3, 2). Comme c'est un point difficilement compréhensible, je pense qu'il est utile de l'expliquer soigneusement. Les dents ne devraient pas être considérées comme parties dissemblables, puisque leur substance est simple. Parfois elles sont dites dissemblables parce qu'on donne trop d'importance au fait qu'il y a des ligaments, des nerfs et des vaisseaux sanguins insérés en elles. De même, les dents ne devraient pas être comptées parmi les dissemblables ou, pour parler plus précisément parmi les parties instrumentales, en se basant sur le fait que les parties instrumentales sont considérées à la fois comme semblables en raison de leur substance, et comme dissemblables à cause des différentes parties du corps dans lesquelles elles exercent leur action. Il est vrai que les veines et les artères sont faites d'une substance semblable, simple. Néanmoins elles suivent différents parcours pour accomplir leurs fonctions. Certes, parce que la nature a refusé la mobilité aux dents, il s’ensuit qu’à cause de leur seule forme on peut également donner le nom d’instrument aux dents, comme on le fait pour une bêche et un glaive. Mais si Aristote(3, 21) désigne clairement certaines parties semblables à cause de leur substance et dissemblables à cause de leur forme, ce schéma est moins juste dans le cas du cœur, à moins qu’il n’utilise le mot forme d’une façon abusive. Car il n’échappe pas qu’il semble faux de considérer le cœur comme une partie simple ou semblable, en se fiant à sa substance, parce que de nombreuses autres substances contribuent à sa manière de fonctionner.

×(3, 2) Aristote, De partibus animalium, Livre II, chap. 9.
×(3, 21) Le cœur est divisé en parties semblables, comme n’importe lequel des autres viscères, mais est dissemblable par la structure de sa forme. Aristote, De partibus animalium, Livre II, chap. 1, près de la fin.