Petit Livre sur les dents
5
Chapitre II
De la partie supérieure des dents [la couronne], sa couleur, sa forme, sa concavité, la substance qu’elle contient et les appendices imaginaires.

La partie supérieure nue des dents [la couronne] qui émerge des gencives est blanche et luisante, polie d’une façon admirable par la nature(5, 11). Mais souvent elle devient livide et grisâtre avec l’âge, la négligence ou la maladie, sauf chez les chevaux(5, 12), chez lesquels, comme Aristote l’enseigne aussi, les dents deviennent de plus en plus blanches. Chez les poissons, toutes les dents sont de forme identique et pointues (5, 14). Chez les ruminants et la plupart des animaux qui ont des dents en haut et en bas, comme chez le cheval, elles sont de deux sortes, (5, 15)incisives assurément, et molaires. Les hommes ont non seulement ces deux sortes-là, mais ont en plus des canines. Les dents humaines ont des formes spécifiques(5, 20), en rapport avec les offices variés dont elles s’acquittent quand elles mâchent ; elles ne sont pas en saillie comme celles des sangliers, ou en forme de scie comme celles des chiens ou des serpents. Quant aux animaux que les Grecs appellent(5, 22) khauliodonta et karkharodonta à cause de la forme particulière de leurs dents, ils ont été pourvus de dents en guise d’armes(5, 24). On peut en lire davantage à leur sujet chez Aristote, Galien et Pline. Mais le discours de Galien est un peu obscur, quand il dit que certaines dents sont pointues, d’autres émoussées, d’autres lisses, d’autres rugueuses, et lorsqu’il nomme les dents pointues tantôt incisives, tantôt canines(5, 27). On peut dire, sans doute, qu’il appelle incisives les dents non seulement pointues mais larges,(5, 31)cette interprétation est vraisemblable, mais ne lève pas le doute.

×(5, 11) « Les jeunes chiens ont les dents blanches et aiguës, les vieux les ont noires et émoussées », Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 2.
×(5, 12) « Alors que chez les autres animaux les dents noircissent avec la vieillesse, Il en va autrement chez les chevaux, chez qui, par contre, elles blanchissent », Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 3.
×(5, 14) « Tous les types de poissons sont dotés de multiples rangs de dents aiguës », Aristote, même Livre, chap. 13.
- « Chez les poissons, il y a plusieurs rangées de dents, mais seulement d’un type unique, c’est-à-dire des canines », Galien, De anatomia vivorum.
On peut douter de ce fait, car certains poissons ont peu de dents aiguës, d’autres ont des dents plates, et beaucoup de dents parfaitement sphériques.
×(5, 15) « Certains animaux n’ont que deux types de dents, par exemple les incisives et les molaires, comme les moutons, les bovins, les chevaux et nombreux autres animaux », Galien, De anatomia vivorum.
×(5, 20) « Les dents des autres êtres vivants diffèrent de multiples façons entre elles autant qu’entre elles et le genre humain », Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 1.
« Il y a trois types de dents, correspondant aux trois façons spécifiques de se nourrir », Galien, De anatomia vivorum.
×(5, 22) « Les Grecs nomment khauliodonta les dents antérieures proéminentes » Galien, De usu partium, Livre I, chap. 2. 
- « Le sanglier a des dents proéminentes », Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 1 et De partibus animalium, Livre III, chap. 1.
- « Le crocodile fluvial a de grandes dents saillantes », Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 10.
- « Des dents aiguës et saillantes ont été attribuées plutôt à des quadrupèdes vivipares, parce qu’ils sont d’une nature plus terreuse que le genre humain », Aristote, De partibus animalium, Livre II, chap. 9.
- « Les lions, les panthères et les chiens ont des dents en forme de scie ». Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 1, près de la fin.
- « Presque tous les poissons ont des dents en forme de scie », Aristote, ibidem.
- « Il y a beaucoup de dents en forme de scie, notamment chez les quadrupèdes ovipares », Aristote, ibidem, Livre II, chap. 10.
- « Tous les types de poissons ont des dents en forme de scie, rangées comme les dents d’un peigne, sauf le scare [poisson-perroquet] », Aristote, De partibus animalium, Livre II, chap. 13, et Livre III, chap. 1.
- « Les animaux dotés de dents en forme de scie occupent le quatrième rang », Galien, De anatomicis administrationibus, Livre VI, chap. 3.
×(5, 24) « Les animaux sont dits en grec karkharodonta, [aux dents acérées] à cause de leurs dents en forme de scie », Galien, même Livre, chap. 1 et De usu partium, Livre XI, chap. 9. 
×(5, 27) Galien, De usu partium, Livre XI, chap. 8.
×(5, 31) « Les incisives sont aiguisées et larges », Galien, ibidem.