Petit Livre sur les dents
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En outre, en accord avec Aristote, il écrit que les canines ont une forme plane et pointue(6, 2), mais ces dents ne correspondent pas, par leur forme, à celles qui sont à côté des incisives, chez les chiens. Mais sur ce sujet, nous en dirons davantage, plus loin ; ce que nous avons écrit ici suffit amplement à ce que personne ne se trompe sur l’ambiguïté de son discours.

Maintenant il faut traiter de la concavité[2] au sujet de laquelle certains modernes réclament la palme injustement, comme s’ils l’avaient découverte, alors que les vieux Anatomistes(6, 11), dans la lecture desquels ils ne semblent pas vraiment versés, ont écrit que les dents étaient un os en partie creux, en partie solide, et ce parfois jusqu’aux racines chez de nombreux animaux. Pour ne pas avancer à la légère, j’hésite à penser que Galien, le plus consciencieux observateur des œuvres de la nature, n’ait pu avoir aucune notion de cette concavité. Car dans les livres qui sont parvenus jusqu’à présent entre nos mains, il n’explique pas ce qu’elle est, ni comment elle est, ni ce qu’elle contient. Il est cependant à peine concevable qu’un homme, qui a trouvé et imaginé par raisonnement de très nombreuses choses par son habileté et par son intelligence, ait ignoré totalement cette ingéniosité de la nature, alors qu’il en était averti par le discours d’Aristote. Il a souvent rappelé que la concavité de la dent ne peut pas, comme certains le pensent, être attribuée à la seule érosion, parce que, s’il avait cru que des dents prises au hasard n’avaient pas de concavité, il aurait été vain de sa part d’enseigner, lors de douleurs atroces, de perforer la substance très solide de la dent à l’aide d’une fine tarière(6, 25). Et il aurait lu moins attentivement Hippocrate, lorsque celui-ci écrit que chez un enfant des dents creuses sortent d’un ulcère phagédénique nécrosant, décrivant clairement l’érosion de la substance et, en même temps, la concavité naturelle des dents(6, 27). S’il avait expliqué en outre leur lieu d’entrée et de pénétration dans les dents, on pourrait ajouter qu’il parle de la concavité, lorsqu’il dit que les nerfs et les vaisseaux, insérés dans le siège le plus profond des dents, leur donnent le sentiment, la nourriture et la vie,

×(6, 2) « Les canines ont en partage la forme de deux sortes de dents, (c’est-à-dire, pointues et planes), car elles sont un peu plus larges à leur base. » Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 3 et De partibus animalium, Livre III, chap. 1.
- « Les canines sont larges à la base, pointues en leur partie supérieure », Galien, De usu partium, Livre XI, chap. 8.
×(6, 11) « Sur la cavité des dents », voir le chap. I ci-dessus, annotation (2, 2), d’Aristote, Historia animalium, Livre III, chap. 7.
- «  Les dents de certains animaux seront peut-être perforées, la perforation se prolongera alors jusqu’aux racines des dents », Albertus, De animalibus, Livre III, chap. 1.
×(6, 25) « Si le mal ne cède à aucune de tes ordonnances et que la douleur continue avec violence, perfore la dent avec une fine tarière et utilise alors les remèdes mentionnés car, de cette façon, ils seront plus efficaces », Galien, De compositione medicamentorum secundum locos, chap. IX, ubi agit de fomentis.
×(6, 27) « Chez un enfant atteint d’un ulcère phagédénique, des dents qui sortaient de la plaie présentaient une cavité [concavité] »,
Hippocrate, De morbis vulgaribus, Livre IV, p. 436, ligne 38.
×Concavitas, concavité, désigne pour l’auteur le canal pulpaire. Ce terme sera conservé.