Petit Livre sur les dents
7

que la diligence admirable du Créateur a imaginés et donnés aux hommes. Cette concavité est particulièrement vaste vers la septième année et elle est circonscrite d’une fine pellicule semblable à un ouvrage en cire ou plutôt aux rayons des abeilles, mais non pleine de moelle, comme l’écrivent de nos jours de nombreux détracteurs de Galien (7, 6). Mais, si je ne me trompe pas, elle est remplie d’une humeur blanche qui ressemble au mucus nasal par sa consistance et sa viscosité, mais qui le surpasse de beaucoup par sa fermeté et ne contient absolument aucun gras ; et ce que d’autres omettent de dire, elle se durcit, l'âge avançant, et prend en majeure partie l’aspect d’un os. D’où il s’ensuit que, chez les adolescents, les dents semblent faites d’une double substance, comme pour les arbres, où l'écorce recouvre une partie interne. La concavité est presque toute remplie et sombre, de telle sorte que reste, au bas de la racine, un canal fin qui atteint à peine la partie qui émerge des gencives. À cause de cette partie de la dent que nous avons assimilée à l’écorce des arbres, des modernes(7, 20) se trompant, comme je le pense, ont inventé des appendices imaginaires ; nous reparlerons plus convenablement de ce fait, quand sera traitée la naissance des dents. On exposera alors si la petite membrane faite de trois vaisseaux recouvre entièrement la surface interne de ce creux. Pour l’instant il suffit de dire que cette concavité diminue progressivement lors du développement des dents et que, celui-ci terminé, il en reste peu à l’intérieur ; quant à l’extérieur, on ne peut y voir aucune trace de foramen ou bien une trace presque invisible dans la partie de la racine la plus pointue et la plus basse [le foramen apical]. En l’occurrence, semblent dignes d’excuses ceux qu’on peut estimer avoir dédaigné cette concavité à cause de sa petitesse,

×(7, 6) Vésale, [De humani corporis fabrica libri septem] Livre I, chap. 11.  
- « Nos dents ne sont pas des os et n’ont pas de moelle », Galien, De natura et ordine cujuslibet corporis.
×(7, 20) Vésale, ibidem, Livre I, chap. 3 et chap. 11.