Petit Livre sur les dents
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peut-être moins justement, que les hommes ont plus de dents que les femmes et que ceux dont la vie est plus longue, en ont plus que ceux dont la vie est plus courte(9, 2). Ses successeurs, exposant ce fait plus clairement, accordent trente-deux dents aux hommes, trente aux femmes. Quant à moi, je pense que la cause de cette différence ne concerne que les dents maxillaires : parce que chez les êtres humains, le nombre des incisives et des canines change vraiment rarement, alors que celui des dents maxillaires, fréquemment. Quand nous traiterons des molaires, nous reprendrons la discussion à ce sujet.

Chapitre IV
Du siège des dents, leur disposition, leur espacement et leurs attaches [ligaments]

Comme nous avons largement écrit sur le genre, la taille et le nombre des dents, le plan que je suis nous conduit à traiter de leur siège. Il nous faut ainsi considérer avec soin leur siège, leur disposition, leur espacement, leurs attaches [ligaments] et seulement ensuite la nature de l’articulation osseuse(9, 19). Chez les êtres vivants, les dents sont situées sur le pourtour extérieur des deux mâchoires, quoique chez de nombreuses bêtes sauvages, comme chez presque tous les poissons, elles se trouvent sur le palais et la langue(9, 21) et chez quelques autres, sur le ventre. Les ruminants, comme l’écrivent tous les Anatomistes, possèdent seulement des dents sur la rangée inférieure (9, 23). Il ne faut cependant pas que, trompé par ce genre de discours, on pense que les dents supérieures leur font défaut, mais il faut comprendre que manquent seulement celles qui touchent à la lèvre supérieure. L’homme qui diffère de ces deux sortes d’animaux pour l’emplacement des dents fait partie de ceux que les Grecs appellent amphôdonta(9, 30), parce qu’ils ont des dents aux deux mâchoires. De ce genre sont aussi les sarkophagounta(9, 32), carnivores

×(9, 2) « Les hommes ont trente deux dents, mais les femmes, trente », Galien, De natura et ordine cujuslibet corporis.
×(9, 19) « Les dents humaines sont disposées selon un ordre unique dans les deux mâchoires », Galien, De usu partium, Livre XI, chap. 8.
- « Les dents sont contenues dans deux os, à savoir la mâchoire supérieure et la mâchoire inférieure. » Galien, In Hippocratis de articulis commentarii com. 2.
- « Une partie des dents est implantée à la mâchoire inférieure, une autre à la mâchoire supérieure », Celse, De medicina, Livre VIII, chap. 1.
- Dans la mâchoire supérieure sont implantées des dents dont l’extrémité postérieure, selon Galien, est à la suture de l’os sphénoïde et en commun avec celui-ci. Mais il ne pense pas que la mâchoire supérieure soit un os unique car il pense qu’il est divisé selon une ligne passant entre la canine et l’incisive la plus proche. En outre, il dit que l’os qu’il attribue aux alvéoles des incisives est tantôt simple, tantôt double. Galien, De ossibus chap. 1. 2. 4., et De usu partium, Livre XI, chap. 20.
Lors de l’observation des os, on a abondamment discuté à ce sujet.
×(9, 21) « De nombreux poissons ont des dents sur leur langue et au palais ». Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 13 et De partibus animalium, Livre III, chap. 1.
- « Le tube digestif des crustacés, des langoustes et des crabes contient un estomac, dans lequel, chez certains crabes et langoustes, se trouvent d’autres dents, parce que leurs dents du haut ne peuvent pas couper suffisamment ». Aristote, De partibus animalium, Livre IV, chap. 5.
×(9, 23) « Parmi les animaux, les uns ont des dents aux deux mâchoires, les autres sur une seule. En effet, ceux qui portent des cornes n’ont pas de dents aux deux mâchoires, car il leur manque les premières dents à la mâchoire supérieure. Cependant, il y en a qui n’ont pas de cornes et qui n’ont pas non plus de dents aux deux mâchoires, comme les chameaux », Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 1.
- « Les animaux qui ruminent possèdent seulement le rang inférieur des dents, (s’étendant bien évidemment à la lèvre) ». Galien, In Hippocratis de articulis commentarii, I, 27
- « Tout animal dont les dents supérieures sont manquantes est pourvu de plusieurs estomacs et peut ruminer. Nous savons qu’une grande partie des bêtes à cornes n’a pas de dents supérieures », Galien, De anatomicis administrationibus, chap. 3.
×(9, 30) « Les animaux qui ont des dents aux deux mâchoires sont appelés amphôdonta en grec », Galien, In Hippocratis de articulis commentarii I, 27.
×(9, 32) Les animaux qui mangent de la viande sont nommés sarkophagounta et utilisent autant leurs dents du haut que celles du bas. Galien, ibidem.