qui s’approche plus de la solidité d’un clou qu’à la forme d’un clou. Cependant j’ai peine à croire que les anciens Anatomistes aient pensé que cette forme d’articulation à deux têtes ne convenait qu’aux dents. Contribue à mes doutes le mot gomphoô qui signifie lier ensemble et conglutiner, bien qu’il dérive du nom gomphos qui signifie clou. Mais pour ne pas encourir inutilement la censure des savants, je ne décide rien, surtout moi, qui vois que seuls les os du crâne, et encore non pas tous, sont joints par une suture.
Même si le plan de ce traité semble demander que nous parlions maintenant des vaisseaux et des nerfs des dents, pour ne pas nous répéter sur ce sujet, ayant reporté cette seconde partie dans un endroit plus propice, nous allons décrire plus en détail, dans ce chapitre, la forme des dents.
Dans la partie antérieure de la mâchoire(14, 18), que Galien appelle externe, sont les premières dents, ainsi nommées par Hippocrate et Aristote(14, 20), comme je le présume, non seulement parce qu’elles précèdent les autres par leur origine et leur naissance, mais parce que, alors que les autres sont tournées vers le fond de la gorge, elles se présentent à nous en premier. Sans doute on voit nettement que Galien avait cela en tête quand, ayant divisé toute la cavité de la bouche en trois parties(14, 25), il assigne à des dents la place externe, à d’autres, la place médiane, et à d’autres la place interne. À cause de cette répartition, il considère que les incisives sont les premières et que les dents maxillaires sont les dernières. En outre, [6]les incisives sont appelées communément gelasinai [gélasines ou rieuses], parce qu’elles se découvrent pendant qu’on rit, et tomeoi [tranchantes], puisqu’elles sont par nature aptes à trancher la nourriture(14, 30), étant affilées et larges comme un couteau(14, 31). La partie de ces dents, qui fait saillie au-dessus des gencives, part d’une base assez épaisse