Les Anatomistes sont tous d’accord pour appeler canines les dents qui suivent immédiatement les incisives, parce que tout le monde trouve qu’elles ressemblent aux dents des chiens(16, 4). Cependant si l’on parle de ressemblance exacte, l’observation de la dent elle-même démontre irréfutablement que c’est faux. Alors que chez les chiens, après les incisives, se présentent deux sortes de dents aiguës, là des dents en saillie et là des dents de forme triangulaire, les canines des hommes, à mon avis, diffèrent de ces deux types. Il est donc clair que les derniers Anatomistes, qui affirment que les canines humaines sont semblables aux dents en saillie, se trompent plus gravement que les premiers qui, écrivant que chez les bêtes sauvages la bouche était toute remplie de dents pointues, comparaient les canines aux dents triangulaires, comme je le suppose. Mais il ne faut pas disputer sur ce sujet avec trop de passion, mais bien plutôt concéder qu’il ne faut pas rechercher une exacte analogie dans les exemples pour que, une fois ce point admis, nous ne nous jetions pas dans une plus grande difficulté.
Comme les princes des Anatomistes l’enseignent(16, 21), les canines séparent les dents plates des dents pointues, c’est-à-dire les incisives des dents maxillaires ou molaires. À leur base proche de la gencive, elles sont épaisses, pointues à leur extrémité et moyennes entre les deux. De fait, si cela est vrai, je ne peux pas concevoir comment ils peuvent écrire que les canines des hommes correspondent par leur forme aux dents pointues des bêtes féroces, outre qu’on peut les suspecter du chef d’inconstance, quand ils désignent comme dents pointues, tantôt les incisives, tantôt les canines. Celui qui observe correctement les canines des hommes(16, 28) est obligé d’avouer qu’elles ne sont pas semblables aux dents pointues des susdites bêtes sauvages, qu’elles n’imitent pas par leur forme