Petit Livre sur les dents
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(car cela convient également à toutes les dents), mais à partir du mot apo tês gomphiasios (qui en grec, signifie la surface rugueuse des meules, les Latins traduisant par denture), dont la partie supérieure des dents maxillaires en imite parfaitement l’aspect et l’usage. Ou bien, comme d’autres le pensent, dia ten kampsin en raison de l’infléchissement dû à leur situation dans les parties courbes des mâchoires.

On les dit larges, à cause de leur grande taille, et plates, à cause de leur surface(19, 7), parce que, à la différence des autres dents(19, 8), elles ont leurs parties supérieures, vraiment larges, dénommées tables par Rufus(19, 9-17). La partie qui fait saillie hors des gencives est de forme carrée, plus achevée cependant dans les trois du fond que dans les deux proches de la canine. Si quelqu’un dit que ces deux-là sont quadrangulaires, il ne se trompera pas, parce qu’elles sont plus larges que longues et, proportionnellement, plus longues à leur face externe qu’à leur face interne.

Les parties supérieures de leur surface appelées tables ne naissent pas lisses mais, comme chez les meules, rugueuses et inégales(19, 18). Cependant elles s’émoussent par le frottement, comme on le voit chez les vieillards. Il est vrai que la nature ne les rend pas rugueuses une seconde fois et ne les retaille pas comme l’artisan le fait pour les meules, mais seulement au début de leur formation.

Les dents maxillaires ont une dépression au milieu, sur le dessus, ou une seconde en un endroit imprécis, mais le plus souvent au milieu, d’où il s’ensuit des protubérances sur les parties les plus éloignées. Les molaires les plus proches des canines ont une saillie du côté interne, encore que la première molaire, surtout celle de la mâchoire inférieure, soit dépourvue parfois de la pointe de ce même côté. La troisième a des protubérances aux quatre angles, la quatrième et la cinquième sont très rarement divisées ainsi, mais, la plupart du temps, ont deux éminences du côté externe et une seulement du côté interne.

Il était bon d’attirer l’attention de tous sur ce fait, parce que, bien que les deux premières molaires d’un singe ne diffèrent en rien des humaines,

×(19, 7) « Les dents maxillaires sont dites larges », Aristote, De generatione animalium, Livre V, chap. 8.
×(19, 8) Voir ci-dessus chap. VI, annotation (14, 30) d'Aristote, De generatione animalium, Livre II, chap. 1 et 3.
×(19, 9-17) « Les sommets larges des molaires sont appelés « tables » », Rufus d'Ephèse, De corporis humani partium appellationibus, Livre I, chap. 8.
×(19, 18) « Les molaires humaines sont larges, pour moudre », Aristote, De partibus animalium, Livre III, chap. 1.
- « Les molaires ne sont pas lisses, mais inégales et rugueuses, elles sont dures et larges pour pouvoir briser et triturer ce qui a été coupé par les incisives et brisé par les canines », Galien, De usu partium, Livre XI, chap. 8.
- « Les molaires ont une surface supérieure large et rugueuse, comme une meule », Galien, De anatomia vivorum.