Petit Livre sur les dents
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Elles sont ainsi car il fallait les stabiliser sur de larges bases. Certes, il y en a qui, diminuées par l’usure, sont amoindries. Cependant toutes ne sont pas également grandes mais, comme Galien le remarque(22, 4), celles du milieu sont plus grandes, celles qui sont placées de chaque côté, plus petites, la troisième est la plus grande de toutes[8]. Cependant, chez le singe, la quatrième et la cinquième sont plus grandes que la troisième ; mais il ne faut pas omettre ce fait que, chez le singe sans queue, la cinquième inférieure, qui affiche six pointes et presque une demi dent adjointe, dépasse de loin toutes les autres. Cette adjonction chez l’homme[9] se voit très rarement, si tant est qu’on l’ait jamais observée sur les quatrième ou cinquième molaires supérieures plutôt qu’inférieures, lorsque la sagace nature, empêchée par l’étroitesse du lieu de réaliser davantage de molaires, les joint ensemble par nécessité.

Puisque nous nous sommes attachés aux diverses opinions professées par les Anatomistes quant au nombre des dents, les molaires nous en ayant offert l’occasion, il faut donc maintenant en disserter plus abondamment.

La nature(22, 19), selon l’ampleur ou l’étroitesse de l’ouverture de la bouche, a attribué à tous les êtres vivants plus ou moins de molaires, d’incisives et même de canines. À l’homme qui a la bouche la plus étroite et à qui les dents servent principalement à mâcher sa nourriture, elle donna à bon droit beaucoup plus de molaires(22, 24) que d’incisives, mais aux bêtes sauvages elle n’en donna aucune ou peu. Si le nombre déterminé des incisives et des canines est toujours le même, il en est autrement pour les molaires. En effet, la plupart du temps il y en a cinq de chaque côté, et autant à la mâchoire inférieure qu’à la supérieure, donc en tout vingt, mais, parfois, il peut aussi y en avoir quatre ou six. Comme Galien a écrit clairement à propos de cette diversité et que je sais qu’on ne la voit quasiment jamais chez le singe, mais qu’en revanche elle n’apparaît pas aussi rarement chez l’homme, il s’ensuit que ceux qui le critiquent assidûment et contestent qu’il ait disséqué des hommes

×(22, 4) « Parmi les molaires, celles du milieu sont certes les plus grandes, en revanche, celles qui les encadrent sont plus petites. Car il ne convenait pas que la partie du fond de la bouche qui est plus étroite, ait des grandes dents comme celles de la partie médiane laquelle, près des joues, est la plus large », Galien, De usu partium, Livre XI, chap. 8.
×(22, 19) « La nature a fait plus de molaires que d'incisives », Galien, De usu partium, Livre XI, chap. 9.
- « Chez les animaux pour qui les dents servent surtout à mâcher et triturer la nourriture, la bouche est exiguë et contient beaucoup de molaires, mais peu de dents pointues », Galien, ibidem.
×(22, 24) « Les maxillaires ou molaires sont au nombre de vingt », Galien, Introductio seu medicus, chap. 12 ; Rufus d'Ephèse, De corporis humani partium appellationibus, Livre I, chap. 8.
- « Le nombre des maxillaires n'est pas défini ; ceux qui ont des mâchoires plus longues en ont cinq de chaque côté, en revanche, ceux qui ont des mâchoires plus courtes en ont quatre. Cependant, la plupart du temps, il y en a cinq », Galien, De usu partium, Livre XI, chap. 9
- « Il y a cinq maxillaires de chaque côté, en haut et en bas », Galien, De ossibus, chap. 5 - Rufus d'Ephèse, De corporis humani partium appellationibus, Livre I, chap. 8.
- « Chez certains ce ne sont pas cinq maxillaires, mais quatre, comme chez l'homme âgé », Galien, ibidem.
- « Après elles, c'est-à-dire après les canines, sont quatre maxillaires, en haut et en bas, sauf chez ceux, chez qui les dernières, qui ont coutume de naître plus tard, n'ont pas poussé », Celse, De medicina, Livre I, chap. 1. *
- « Même chez les femmes naissent les dents genuines », Aristote, Historia animalium, Livre II, chap. 4.

* [Note de M. Ruel-Kellermann]
Erreur manifeste de Pini, Celse dit bien quini et non quaterni.
×Il s’agit en fait de l’actuelle 1ère molaire. Précisons également que les deux prémolaires de la nomenclature actuelle sont comptées au XVIe siècle parmi les molaires. Elles sont donc les première et deuxième molaires, la troisième étant l’actuelle première molaire qui pousse vers la sixième année, l’actuelle seconde molaire (12 ans) est la quatrième et la dent dite de « sagesse » est la cinquième.
×Tubercule de Carabelli.