Petit Livre sur les dents
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n’ont pas pris cela en considération. Mais pour ne pas laisser de côté un détail qui pourrait être utile, je vais tenter d’expliquer pourquoi le nombre des molaires diffère et pourquoi presque tous les Anatomistes écrivent si diversement à ce sujet.

Ceux qui affirment qu’il y a ordinairement cinq molaires des deux côtés fixent le total des dents à trente deux, ceux qui en dénombrent vingt-huit me semblent en avoir jugé ainsi parce que les quatre dernières maxillaires ne sortent pas chez tous les hommes, ou bien ne sortent pas à la même époque, que très souvent elles restent cachées, inachevées dans leurs alvéoles et parfois ne sont même pas façonnées par la nature. C’est la raison qui a poussé Aristote à dire que tous les hommes n’ont pas le même nombre de dents, ce que Galien aussi semble tacitement reconnaître(23, 15), bien que, ne se reposant pas sur cette seule raison, il écrive ailleurs que le nombre des dents n’est pas défini, mais varie en fonction de la longueur ou de la brièveté des os maxillaires. Il témoigne avoir vu cinq et même six molaires de chaque côté, en haut et en bas, et, comme nous l’avons écrit ci-dessus, chez d’autres, quatre fois quatre. Quant à moi, j’ai observé chez un éminent cardinal seulement trois molaires de chaque côté, nombre qui est certainement le plus petit de tous, même chez les jeunes enfants. Je conjecturais que la cause en était que la nature n’avait pas façonné, comme à son habitude, ses molaires du fond et celles qui sortent habituellement à sept ans, soit à cause de la faible étendue de ses mâchoires, soit à cause du manque de matière, soit à cause d’une faiblesse de faculté pour façonner ces parties.

Les molaires occupent, après les canines(23, 28), tout l’espace restant des mâchoires. Chez tous les êtres vivants, elles sont placées intérieurement, comme les incisives le sont extérieurement. C’est pourquoi, non seulement Galien, mais aussi Hippocrate et les autres Anatomistes,

×(23, 15) Voir annotation ci-dessus sur Galien, De usu partium, Livre XI, chap. 9.
×(23, 28) « Les maxillaires suivent les canines », Galien, De usu partium, Livre XI, chap. 8.
- « Non seulement chez les hommes, etc. », voir ci-dessus, chap. IV, annotation (10, 12) et Galien, ibidem.