Petit Livre sur les dents
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ont des racines larges et comprimées au milieu. Car souvent, pour cette raison, beaucoup de ces racines, grosses et rondes, s’élargissent et quand leurs deux extrémités en viennent à se toucher, n’existe plus entre elles qu’un foramen étroit et oblong, presque étranglé au milieu, qui conserve deux minuscules canaux de part et d’autre. Donc à toi de dire, selon ton libre-arbitre, s’il y a une ou plusieurs racines dans ce cas, du moment que, si tu dis qu’il n’y en a pas deux mais une seule, tu sais que ce n’est pas ce nombre qu’on attribue normalement à la plupart des molaires. En outre, d’autres racines, que leur structure soit régulière ou non, ont l’apparence d’être uniques, parce que nulle trace de division n’apparaît à leur surface. Néanmoins dans celles-ci, à l’intérieur, deux ou trois canaux ont été creusés très finement, séparés par des écailles très minces et, par une étonnante adresse artistique de la nature, très semblables à un gâteau de miel. Il m’est arrivé de voir trois canaux dans la cinquième et deux dans plusieurs autres. Souvent se présentent aussi des molaires qui ont des racines ou bien fusionnées ou bien esquissées. J’appelle fusionnées celles qui, assemblées de chaque côté et sans intermédiaire, ont une forme achevée et sont unies étroitement, bien que séparées par l’interposition d’une pellicule continue. Je l’ai observé assez souvent chez la troisième et la cinquième de la mâchoire supérieure. On remarque sur les racines ébauchées une ligne grossière, dessinée légèrement ou incisée profondément, de part et d’autre, ou bien sur un seul côté. D’autres, sans ligne de séparation, se terminent par une pointe semblable à une corne fendue en deux ou trois parties. Il n’est pas rare qu’on rencontre une racine seule, pourvue de plusieurs de ces marques distinctives que nous venons de décrire.

La forme, la taille et la place de ces racines susdites qui, chez le singe, sont fondées le plus souvent sur une loi précise, varient d’autant chez l’homme. Les unes sont arrondies, pointues ou droites, d’autres sont plates, émoussées et courbes. Hippocrate(26, 31) a observé des racines plates chez Hegesistrate, chez un autre

×(26, 31) « Chez Hegesistrate, dans la partie où se trouvaient deux nodules de la dent du fond, de larges racines plates, semblables, se réunissaient de deux en une, mais vers l'autre partie une demi-racine seule, ronde », Hippocrate, ibidem, p. 439, l. 11.