Petit Livre sur les dents
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elles auraient une racine unique, comme les incisives placées à l’autre extrémité des mâchoires, ou du moins des racines en plus petit nombre que les deux voisines des canines, puisque celles-ci [les prémolaires] sont fixées à la mâchoire non loin du milieu de son tracé longitudinal et que celles-là [les molaires du fond] ont leur siège à l’autre extrémité. De même, si l’on tient compte de cette même équité, les dents maxillaires supérieures qui ne l’emportent pas en grandeur, ou si peu, sur les dents maxillaires inférieures qui leur font face, ne devraient pas avoir une racine de plus. Désormais, il apparaît donc clairement combien cette recherche est difficile et hasardeuse quand, dans quelque direction que tu te tournes, tu risques de perdre l’équilibre et de trébucher. Si vraiment la taille, comme le nombre des racines, dépend de la place des dents dans la mâchoire, alors il ne faut pas donner aux dents postérieures une grosse masse et un nombre élevé de racines. Si, au contraire la taille des dents correspond au nombre des racines, il s’en faut de beaucoup qu’il soit normal que les deux dents du fond soient plus petites que les deux qui sont proches des canines et que même il faille que la troisième l’emporte parfois en grandeur. Mais, il faut traiter Galien avec bienveillance et ne pas exiger si minutieusement et si sévèrement la raison logique de ses paroles, s’il est vrai que, cherchant à expliquer les divers usages des petites parties pour dévoiler l’extrême équité de la nature en toute chose, il a souvent recours réellement à cet équilibre (qu’il nous plait de nommer isonomie) en utilisant des arguments et des raisonnements plausibles.

Chapitre XII
Du nombre de racines dans chaque molaire

Il convient désormais de traiter des racines des dents, plus en détail et avec plus de précision, et voir en même temps si les détracteurs de Galien