Petit Livre sur les dents
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se sont bien tirés d’affaire à ce sujet.

Ils pensent que les deux molaires supérieures, les plus proches de la dent canine, ne prennent appui que sur deux racines, les trois restantes sur trois, que les deux molaires inférieures, contiguës à la canine, prennent appui sur une, les trois restantes sur deux et ils ne remarquent pas que la formation des deux molaires qui suivent immédiatement la canine est bien différente de celle des autres, que des racines multiples ont été refusées à la seule première inférieure, qu’on ne lui en a concédé qu’une seule, presque toujours simple, rarement à deux cornes ou marquée de sillons, alors que les racines des molaires supérieures sont multiformes et que la première en a, non seulement une, mais encore deux, tantôt voisines, tantôt distantes, et même parfois trois. Presque tous les Anatomistes ignorent que la seconde molaire apparaît avec les autres, lors de la première création, et tombe après la septième année, quand se substitue à elle, en sa place, une autre molaire qui diffère beaucoup d’elle par le nombre de ses racines. Par suite, ils tranchent sur ce sujet sans trop de rectitude. Car cette molaire [temporaire] a deux racines dans la mâchoire inférieure, trois dans la supérieure, toujours très espacées, entre lesquelles surgit la dent qui naît après la septième année et se substitue à la place de la précédente[11]. Cette dent nouvelle, dans les deux mâchoires, prend appui sur une racine unique, simple, quasiment jamais striée ou ornée à sa partie extrême d’allongements ou de cornes. Une pratique fréquente de la dissection pourra t’apprendre si l’auteur(31, 24) du cinquième livre traitant des Épidémies a vu quatre racines chez cette dent ou chez la précédente destinée à tomber. La troisième molaire, plus grande que toutes les autres, possède le plus souvent deux racines vraiment remarquables à la mâchoire inférieure, mais trois à la supérieure, les plus écartées de toutes, à l’exception de la seconde [temporaire], quoiqu’en fait le nombre des racines varie moins dans celle-là que dans tout autre molaire. Chez l’homme, ce nombre n’est pas aussi constant que chez le singe,

×(31, 24) « La cinquième dent ayant quatre racines », Hippocrate, De morbis vulgaribus, Livre IV, p. 436, l. 42.
×Justesse et simplicité de la description de l’éruption de la seconde prémolaire qui s’invagine entre les racines de la deuxième molaire temporaire.