d’admettre que la matière des os diffère de celles des dents. Car de fait, si les dents appartenaient à un genre très proche des os, elle prendrait leur origine de la semence et se développerait au même moment. Mais Galien dit simplement qu’elles sont créées à partir d’une substance nourrissante, Aristote(41, 5), d’une substance terreuse et de l’aliment des os, à la faveur de la chaleur et principalement de celle qui est dans le lait. Hippocrate, expliquant plus clairement(41, 7), pense que, comme les dents apparaissent à trois époques différentes et déterminées, un triple genre d’aliments leur fournit leur matière. Les premières dents, dit-il, naissent en prenant leur nourriture dans l’utérus, puis, après la naissance, l’enfant étant à la mamelle, dans le lait, mais, quand elles sont tombées, les suivantes, dans les aliments et les boissons. Sans doute, comme lui-même l’écrit, la viscosité de cette nourriture s’ajoute à la graisse qui est plus abondante que dans la substance des os, et qui, desséchée et brûlée par la force de la chaleur contribue à la formation des dents. Assurément, il semblerait à peine croyable que cela puisse se produire, si les dents n’avaient pas bénéficié particulièrement d’une nature intermédiaire entre les parties charnues et les parties spermatiques. En même temps, ce sang ou plutôt cet aliment surabondant, comme on le perçoit clairement des dents qui renaissent et surtout des dents génuines, aurait en lui le pouvoir séminal à partir duquel sont formées les parties du corps.
Mais on objectera que cette force ne peut durer longtemps, encore moins jusqu’à la vieillesse, parce qu’il serait nécessaire qu’elle soit contenue, soit dans les mâchoires, soit dans la matière dont sont faites les dents. Aucune de ces deux conditions ne semble pouvoir exister. Ni la première, parce que, si toutes les autres petites parties de l’être vivant sont totalement privées de ce pouvoir, il est obligatoire que la même chose arrive, après une longue période, dans les mâchoires qui sont de la même nature que les autres os ; ni la seconde, puisqu’il est absolument incompatible selon l’avis des Anatomistes qu’une matière de ce genre soit créée d’avance dans la première génération,