Petit Livre sur les dents
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que ce fait est cité par Hippocrate(44, 1) au rang des miracles. Les dents cassées, même si elles gardent leur état naturel, peuvent continuer de se développer mais elles ne recouvrent pas leur taille primitive et ce, non par manque d’aliment mais parce que la partie cassée leur fait défaut. En fait, la partie restante se développe grâce à son nutriment et est conservée, mais la partie manquante n’est ni réparée ni reformée. Une dent fissurée ou érodée, pour les mêmes raisons, ne se développe plus. Il ne faut pas comparer les dents et les ongles fendus comme le font certains en les citant en exemple. Parce que les ongles sont mous et minces, ils adhèrent aux parties qui sont sous eux par une surface plane, ce qui fait que la matière qui les forme peut être attirée et diffusée partout.

Voilà les nombreux arguments, concernant la matière des dents qu’on peut tirer de l’opinion des premiers Anatomistes. Mais, si quelqu’un a envie d’entendre ce que la dissection nous dévoile, qu’il m’assiste, je l’en prie, d’un esprit serein, et qu’il étudie attentivement ce que je vais exposer.

Chapitre XV
De la formation dans l’utérus des dents qui apparaissent en premier comme de celles qu’on croit renaître

Même si le divin Hippocrate, devancé par la mort, n’a pu achever son traité sur la médecine, cependant, comme un architecte expérimenté et un paysan consciencieux, il en a posé les fondements les plus solides et en a jeté les meilleures semences. Il écrivit que les premières dents(44, 27) naissaient, avant toutes les autres, d’une substance nourrissante située dans l’utérus. Moi, poussé par le fait qu’il faisait autorité et désirant acquérir plus de certitudes sur le sujet, j’ai disséqué plusieurs fœtus, enfants nés avant terme, les ai observés avec le plus de soin possible et j’ai découvert qu’il était vrai que des dents naissaient chez eux, dans l’utérus. Mais aussi qu’il était absolument faux que d’autres dents soient créées

×(44, 1) Voir plus bas, chap. XXX, annotation (94, 21 et 23), d’Hippocrate, De morbis vulgaribus, Livre IV, p. 437, l. 1 et p. 439, l. 10.
×(44, 27) « Les premières dents naissent à partir d'une nourriture prise dans la matrice », Hippocrate, De carnibus, p. 58, l. 18.