Petit Livre sur les dents
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à partir du lait chez les nouveau-nés à la mamelle, et que les suivantes, celles qui tombent les premières, le soient des mets et des boissons. À la dissection, sur les deux mâchoires ouvertes d’un fœtus, on voit faites en partie de mucilage, en partie d’os, d’une taille appréciable et retranchées dans leurs petites stalles les incisives, les canines et trois molaires, à savoir la seconde, la troisième et la quatrième. Or, ces incisives et canines une fois retirées d’une main experte, on voit un très mince interstice fait d’une matière quasi osseuse. Quand on enlève celui-ci avec un soin égal, apparaissent en même nombre des incisives et des canines, presque mucilagineuses et beaucoup plus petites, qui, cachées directement sous les précédentes, sont disposées une à une dans leurs propres creux, si ce n’est que la canine des deux mâchoires se penche grandement sur l’incisive la plus proche et, pour cette raison, l’occulte presque. J’avoue que je n’ai vu aucune trace des premières molaires et des génuines qui commencent à se former vers la septième année et même longtemps après. Cependant il est vraisemblable et conforme à la raison qu’elles prennent naissance dans l’utérus, comme les incisives et canines définitives, d’abord sous une forme grossière et moins perceptible, et qu’ensuite, de la même façon, elles prennent forme progressivement et se parachèvent. Et en effet, s’il est permis de déduire que des choses semblables naissent de choses semblables et des choses dissemblables de choses dissemblables, il n’y a pas de raison d’affirmer que ces dernières, plutôt que les dents qu’on dit renaître à la même époque et même par la suite, soient façonnées en une matière différente. En outre, si vers la septième année, se produisent les molaires les plus proches des canines et même en l’extrême vieillesse, les génuines, il faudrait reconnaître que la source séminale qui façonne les dents serait conservée dans les os des mâchoires jusqu’à la fin de la vie. C’est ce que soutiennent les Anatomistes modernes et qu’Aristote semble indiquer, quand il écrit que des dents peuvent revivre parce qu’elles sortent d’un os sans cesse naissant(45, 31), ou encore que les nerfs, les vaisseaux, les ligaments

×(45, 31) « Les premières dents renaissent, parce qu'elles sont sorties d'un os encore naissant », voir plus bas chap. XXII, annotation (67, 30), d'après Aristote, De generatione animalium, Livre V, chap. 8.