Petit Livre sur les dents
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et que les dents sont les seules, d’entre les os, à partager les nerfs mous du cerveau (57, 1). Partant de la troisième paire, ceux-ci, à peine visibles, sont répartis dans les gencives et sur chacune des dents et insérés dans les racines avec les ligaments ; ou bien, comme il l’écrit ailleurs, qu’ils naissent de celles-ci et s’étendent dessous. En fait, si Galien avait su clairement que les nerfs(57, 8) s’insinuaient dans la concavité des dents, ou que, répartis dans la substance des dents, ils se mêlaient à elle, il ne dirait pas, quelque part, qu’il apporte son témoignage, sans aller jusqu’à une démonstration rationnelle et naturelle, à ceux qui affirment sentir une douleur née au plus profond de la dent. Qu’il n’aurait pu distinguer parfaitement la douleur éprouvée par ce même nerf de celle qu'il ressentait personnellement dans la substance de la dent, parce que ce même nerf suit un trajet continu, et qu'il ne se serait pas demandé pourquoi le corps solide de la dent était animé de pulsation comme le sont des parties charnues. Mais peut-être doutera-t-on de ce fait, parce qu’on trouvera à peine croyable qu’un si grand philosophe et médecin, éprouvant intimement ce mal, ait pu cependant ignorer ou négliger le fait que la substance de la dent, dure comme la pierre, ne pouvait avoir une sensation sans la présence d'un nerf, et une pulsation sans l'existence d'une artère ; qu'il fallait que le mouvement pulsatif de l'artère fût empêché par elle, puisqu'elle ne pouvait se dilater ou se contracter, sauf, si elle pénétrait à l'intérieur [de la dent] et qu'elle y trouvait un espace qui lui permît de se dilater librement

Mais, comme lui-même n’écrit rien sur ce sujet, pour satisfaire à la piété que je professe envers lui, j’ai envie de croire qu’il a, par son zèle et son soin scrupuleux, fait lui-même cette découverte, comme celle des petits muscles des paupières, qu’il l’a exposée dans des livres perdus par l’injure du temps, avec beaucoup d’autres, ignorés jusqu’à présent ; ou, du moins, qu’il n’a pas admis personnellement la pulsation des dents

×(57, 1) Sur les nerfs des dents, voir plus bas, chap. XXIV, annotation (73,15), à propos de Galien, De ossibus et De usu partium.
×(57, 8) Vois les détails écrits sur la douleur dentaire, plus bas, chap. XXV, annotation (77, 9), concernant Galien, De compositione medicamentorum secundum locos, chap. 8, De dentium affectionibus. chap. XX