Petit Livre sur les dents
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que lui-même avait avancée. Cependant certains savants ont l’habitude de me rétorquer qu’un souffle d’air, fort et tourbillonnant, peut provoquer une sensation très proche de la pulsation, comme nous en faisons l’expérience dans nos oreilles, et qu’un bâton frappé violemment, s’il touche une particule dotée de sentiment, semble vibrer et résonner en écho.

Chapitre XX
Pour quelle raison l’agencement des vaisseaux et des nerfs des dents n’est pas évident ?

Laissant de côté ces conjectures élaborées en l’honneur de Galien, il nous faut voir plutôt combien il est difficile, à partir de la dissection, de juger de l’agencement des vaisseaux et des nerfs. En effet, comme le dépeignent ceux qui prétendent avoir renouvelé l’anatomie, le rameau principal, à partir duquel des rejetons sont répartis dans les dents, n’est pas apparent. Ne sont pas visibles non plus le trajet suivi par ces rejetons et leur insertion dans les deux mâchoires. Car quel dissecteur aurait des yeux assez perçants et une main assez précautionneuse pour pouvoir observer, sortant de ce triple tronc, le foisonnement de neuf et jusqu’à douze petites fourches chez des molaires, qui ont trois ou quatre racines ? Si Galien méprise Érasistrate [entre 330 et 250 av. J.-C.](58, 24), qui pensait que le nerf était entrelacé aux veines et aux artères, comme une chaîne tissée de trois brins de nature différente, on ne doit pas concéder ensuite à ces gens-là de si librement décrire et d’exposer aux yeux des lecteurs cet agencement des vaisseaux et des nerfs des dents, encore moins perceptible que cette chaîne. Car pour ne pas dire qu’Érasistrate est peut-être exempt d’un juste reproche, si l’on incise, selon une ligne transversale, le cerveau et la moelle épinière et qu’ensuite on les compresse,

×(58, 24) « Érasistrate pense que le nerf a en lui des artères et des veines, comme une chaîne tissée de trois brins de nature différente », Galien, De naturalibus facultatibus, Livre II, chap. 6.