Petit Livre sur les dents
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non moins que celle du précédent interstice des dents, passe pour filtrer en un rare endroit la pituite affaiblie par la force de la chaleur[18]. Passant des molaires aux plus petites dents, le nerf avec l’artère qui l’accompagne, se scinde en deux parties : l’une par un conduit creusé à cet endroit émerge vers la lèvre inférieure, la seconde se dirige vers les racines des incisives et ayant distribué à chacune d’elles une petite fourche, se lie à la partie extérieure des racines par une portion d’elle-même, tandis que l’autre portion, la plus fine, pénètre à l’intérieur des dents. Ceux qui font des dissections savantes et scrupuleuses peuvent facilement le voir, même chez l’homme. Mais il est vraiment étonnant et semble peu convenir à l’équité de la nature(62, 12) que les incisives et les canines, dents petites et fixées par une seule racine, reçoivent de grands et visibles rejetons de nerfs et de vaisseaux, et accèdent à l’insertion par une voie large, alors que les molaires, beaucoup plus grosses qu’elles et pourvues de trois, et parfois même de quatre racines, ont les mêmes rejetons, aussi fins que des cheveux, qui doivent encore se scinder en deux, trois et même quatre parties et cheminer selon un trajet quasiment invisible.

Quand tu tireras lentement une molaire ou une incisive hors de son alvéole, tu observeras des fibres très frêles, dont je t’ai déjà dit qu’elles sortent de la cavité de la mâchoire faite à l’usage du nerf et qu’elles s’attachent aux racines des dents. Et en même temps, tu observeras de rares parties de l’interstice osseux, pleines d’une substance mucilagineuse, semblable à celle qui contribue à générer les dents et leurs follicules. Enfin, les dents une fois arrachées complètement, à la pointe des racines apparaîtra une substance mi-mucilagineuse, mi-fibreuse. Mucilagineuse, comme je le présume, elle est le lien avec l’autre substance qui est contenue au sein de la dent et jointe à elle dès l’origine ; fibreuse, elle présente l’assemblage d’un nerf et de deux vaisseaux, mais si obscurément,

×(62, 12) Et pourtant Galien assure que les racines des molaires, puisqu'elles sont grandes, ont reçu de grands surgeons de nerfs, alors que les racines de toutes les autres en auraient de petits, parce qu'elles sont fines, De usu partium, Livre XI, chap. 7. Pourtant nous avons observé le contraire de cela.
×Selon la théorie humorale, la santé est assurée par l’équilibre entre les quatre humeurs, chacune rattachée à un organe. Le sang au cœur, la pituite au cerveau, la bile jaune au foie, la bile noire à la rate. Leur déséquilibre déclenche la maladie. On apparente souvent la pituite à la salive.