ou plutôt si confusément, que l’œil peut difficilement les discerner. Quand une dent a été sciée par le milieu, (je parle de dents de bœuf et de bélier), apparaît sa substance interne mucilagineuse, très nettement dessinée et tissée à quelques autres fibres que je soupçonne, plus que j’en ai une connaissance certaine, être des nerfs, les canines et les incisives étant à part.

J’avoue que j’ai vu ces détails, tantôt plus clairement, tantôt plus indistinctement, alors que j’avais effectué la dissection au même moment sur divers animaux. Eh bien, six cents [nous dirions mille] difficultés assaillent celui qui tente de répartir ces rejetons, un à un, depuis leur origine particulière jusqu’à leur insertion dans la dent, ou bien, à rebours, depuis leur insertion jusqu’à leur origine. Et, comme par manque d’habileté manuelle[19] je peux observer peu de choses parmi celles que je désire observer, perplexe et indécis, je suis contraint en disséquant à recourir au raisonnement. Je démontre donc que la partie interne des dents éprouve de la douleur pulsatile, parce qu’en elle pénètre une artère avec le nerf. Si les vaisseaux ne sont pas clairement discernés chez l’homme, je pense cependant qu’il est vraisemblable qu’ils pénètrent à l’intérieur des dents, d’abord parce qu’on trouve du sang en abondance, ensuite parce que chez les bovins, on observe clairement ce phénomène. En effet si une chose n’est pas visible, il ne s’ensuit pas qu’elle n’existe pas. Quand on croit que la membrane appelée tunique de l’œil n’a pas de veines, parce que, tant que l’être vivant est en bonne santé et se maintient dans sa condition naturelle, les veines ne sont nullement apparentes, il s’avère que c’était faux lorsqu’apparaît une inflammation. Quant à moi, je ne me suis jamais persuadé que, sans la présence d’une artère, une telle quantité de sang clair puisse couler d’une dent perforée au point que, accablé d’un mal de cette sorte, le malade risquait de laisser partir sa vie en même temps que son sang. D’ailleurs, que Dieu m’en soit témoin, je l’ai expérimenté et vu de mes yeux. Étant possible de trouver facilement un anatomiste consciencieux, qui, sous mon impulsion, estimera avoir surmonté toutes ces difficultés,