Aristote rapporte que les dents sont renouvelées aussi chez les chiens(69, 1), bien que ce ne soit pas apparent, parce que les suivantes sortent avant que les précédentes ne tombent. Toi, tu aurais pu faire l’expérience de ce fait : beaucoup de choses ne peuvent être perçues par le jugement des sens, si ceux-ci ne sont pas stimulés en même temps et rendus plus lumineux avec l’aide de la raison. Aucun anatomiste ne s’est rendu compte, jusqu’à présent, que les quatre secondes molaires des deux mâchoires tombaient après les autres, ce qui est cependant très vrai. Car les quatre remplaçantes se trouvent en droite ligne sous elles et se glissent insensiblement vers le haut, entre les racines largement écartées. Enfin, quand elles ont été expulsées, les nouvelles apparaissent avec des racines de forme très variée. Un interstice osseux les sépare d’elles. Si les novateurs de l’anatomie l’avaient observé, autant que leur étude l’exigeait, ils n’auraient pas été si satisfaits d’avoir inventé l’appendice des dents.
Ainsi les dents créées et les dents renouvelées vieillissent avec nous(69, 16), et près de la fin de notre vie, contrairement à tous les autres os, elles nous font défaut et ne renaissent plus du tout. Si elles ne sont pas affaiblies par une maladie, on peut les voir se déchausser avant la vieillesse, se trouver trouées au milieu ou usées par le frottement, ou diminuées comme par amaigrissement, ou branlantes, ou bien tomber spontanément. Quand cela se produit, non seulement les alvéoles sont pleines d’une substance presque osseuse et s’estompent, leurs bords se rapprochent si bien que toute trace de creux est effacée définitivement, elles forment une crête saillante et les maxillaires tendent à se rejoindre mutuellement. Cette partie est alors protégée de toute atteinte, et à cause de sa dureté et de sa structure, elle finit, lors de la mastication, par s’acquitter convenablement de la fonction des dents, si les dents restantes ne la gênent pas.