une sensation manifeste. Je dirai qu’il n’est pas étonnant que la sensibilité soit abolie, par la suite, dans des os mis à nu, quand la chaleur et l’esprit vital se sont déjà évanouis, que leur substance s’est durcie et nous a habitués à supporter les injures de l’air ambiant.
On a dit beaucoup de choses sur la sensibilité des os, en particulier que les dents étaient dépourvues de sensibilité(76, 12), parce qu’elles étaient comptées parmi les os, qu’elles égalaient les pierres en dureté, au point de repousser le tranchant du fer, qu’elles étaient indolores sous la lime, et qu’elles ne subissaient presque aucun dommage, si elles étaient brûlées par le feu. Ce n’est pas à tort que beaucoup de gens, tant philosophes que médecins, pensent qu’elles ne sentent rien, car ils estiment que la douleur, qu’on perçoit habituellement, doit être imputée aux parties voisines et portée au compte des nerfs, confortant leur opinion du témoignage et du raisonnement vraisemblable d’Hippocrate. Assurément celui-ci pense que les dents sont affectées par la douleur(76, 21), quand la pituite a atteint les racines où parviennent les nerfs. Ces gens tirent leur théorie de leur expérience, qui enseigne que les saveurs et les autres qualités perceptibles sont mieux ressenties par des dents érodées et perforées, puisqu’un accès ouvert et libre permet d’atteindre le nerf.
Certains attribuent la sensibilité, non pas au seul nerf, mais bien plus à la petite membrane(76, 28) qui, à l’instar du périoste, enveloppe totalement la partie de la dent cachée à l’intérieur. D’autres soutiennent que la concavité interne des dents, ceinte d’une membrane très fine et dotée d’une très vive faculté de sentir, est atteinte atrocement par toute douleur et, pour cette raison, ils croient que les dents méprisent aisément la lime et les autres