S’il est vrai que les dents sentent, soit à cause de la seule adhérence d’un nerf à leurs racines(80, 10), comme Galien semble l’affirmer, soit grâce à leurs membranes, on ne peut pas facilement expliquer comment leur substance dure et lisse peut être dotée de sens. Le même auteur, qui, sans en avoir une connaissance parfaite, n’ignore pas totalement la concavité des dents, et qui pense que les nerfs et les vaisseaux sont liés aux dents sur leur face externe, ne dit pas un mot sur le sujet. Moi, bien que je n’en aie pas la démonstration assurée, je suis amené néanmoins, par conjecture, à soupçonner que le nerf pénètre au début de la génération des dents dans leur concavité, déployé en minuscules ramifications, se mêlant au cœur de la substance de celles-ci, qui est mucilagineuse. Car, à l’instar de certaines racines de plantes qui se pétrifient, cette substance, en grande partie, s’ossifie et fait que les dents éprouvent une sensation, en accord avec leurs nerfs et, pour cette raison, finissent par être capables de sentir. Certains assurent que la matière des dents tend plus vers la nature de la chair que de l’os, mais ils rendraient leur assertion plus plausible, s’ils refusaient d’employer des arguments douteux. Arétée [1er siècle](80, 29) pense que les dents et les os, bien qu’ils soient lisses et durs, vivent et sentent grâce à une chaleur innée. Nous, nous ajoutons que les dents recèlent en elles l’esprit animal, bien mieux que les autres os, parce que,