Petit Livre sur les dents
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contrairement à ceux-ci, elles accueillent des nerfs mous dans leurs propres réceptacles et parce que leur substance interne, altérée principalement par des objets perçus par les sens, n’est pas du tout privée de porosité et ne manque pas non plus de toute lumière.

Personne ne doit trouver étonnant que la chaleur innée et l’esprit animal, répandus dans cette substance, puissent rendre le service que nous avons dit, quand, selon Galien, personne ne doute que l’air qui nous entoure soit un moyen permettant aux yeux de voir, comme l’esprit animal assurément(81, 7).

En fait, les parties du foie ne sont pas toutes pourvues de sensation d'une façon égale, et celles qui sont les plus proches de la membrane qui l'enveloppe l'emportent sur les autres. Ainsi les différentes parties des dents n'éprouvent pas les mêmes sensations. La sensation est plus forte dans les parties internes qui sont couvertes et protégées des attaques, et plus proches du nerf et de ses gaines. En revanche, dans les parties externes de la dent, à cause de leur substance dure et lisse, qui, couverte telle une écorce, reçoit à grand peine l’influence du nerf et de l’esprit animal, à cause aussi du changement continuel de l’air ambiant qui les habitue à résister, la sensation est moins perceptible et finit par s’effacer, comme elle le fait dans la peau calleuse des pieds des paysans. Mais il est vraiment étonnant que les dents ne sentent pas l’attaque du fer ou du feu, mais qu’elles souffrent en d’autres occasions. Arétée(81, 22) pense que seuls les Dieux savent la vraie cause de ces faits et que les hommes n’en savent qu’une hypothèse plausible et manifeste. Sans doute, les dents limées ou blessées par le fer ne souffrent pas, en quelque manière, parce qu’à cause de leur densité, elles ne sont pas susceptibles de se désagréger. Si cela arrivait, la chaleur et l’esprit vital ne seraient pas changés, en conséquence, le mal ne parviendrait pas jusqu’au nerf et à ses membranes, comme il le faudrait. Si Avicenne [980-1037] admet que les dents qu’on frotte sentent quelque chose, parce que, comme je le pense, leur chaleur est augmentée par le mouvement,

×(81, 7) « L'air illuminé par le soleil est aussi utile à la vue que l’esprit [animal] qui vient du cerveau », Galien, De placitis Hippocratis et Platonis dogmatibus, livre VII, chap. 16.
×(81, 22) Aretaeus, passage cité un peu en avance, voir annotation (82, 25).