contre son dessein et comme les Historiens, plus que les Anatomistes, l’ont beaucoup observé dans les dents, il m’a semblé, afin que rien ne manque à ce traité, qu’il ne fallait pas négliger aussi les erreurs de la nature dans son façonnage des dents. Des Historiens racontent que Pyrrhus, roi des Épirotes, Euriphée de Cyrène et plusieurs autres avaient un os continu en guise de dents, étendu régulièrement d’une seule traite et coupé de lignes verticales, semblable exactement à ce qu’on voit dans la plupart des mâchoires des chèvres. Moi, je n’ai jamais vu cet assemblage de toutes les dents(92, 10), mais j’ai observé parfois trois ou quatre molaires formant bloc, comme chez les moutons. Et, en outre, chez un de mes concitoyens, en sa vieillesse, j’ai vu avec étonnement des dents jointes, recouvertes partout d’une matière dure et presque pierreuse, et n’ayant gardé aucune trace de séparation, ne présenter que l’aspect d’un seul os[25]. On écrit que Timarque de Chypre avait une double rangée de dents, Hercule une triple, et des Anatomistes de notre temps, alors qu’ils dirigeaient des dissections publiques, à Rome, rapportent que ce fait s’est montré chez leurs propres fils. Bien que je n’aie jamais eu l’occasion de le voir chez les hommes, cependant, comme des médecins distingués témoignent de ce fait, je leur fais confiance. Mais on ne peut pas dire, au sujet de ce jeune homme dont ils parlent, si de nouvelles dents étaient sorties par d’autres alvéoles, avant que les premières soient tombées, s'il avait eu seulement un double rang et non un triple rang et si ce double rang était composé, non de toutes sortes de dents, mais seulement des dents qui tombent et de celles qui renaissent, vers la septième année, et non à la dix-huitième année, époque où il mourut. Car cela aura duré peu de temps, les premières dents étant enfin tombées. Alexandre de Benedetti [1460-1525 ou 1430 ?-1512] et certains autres attestent que des dents se forment parfois dans le palais. Il m’arriva aussi de voir cela