L. 90.  >
À Claude II Belin,
le 12 août 1643

Monsieur, [a][1]

Je viens de trouver une des vôtres écrite il y a neuf mois, à laquelle je ne pense pas avoir fait réponse. Cette seconde vous en servira puisqu’ainsi est qu’elle n’a pas été tout à fait perdue. Pour le Capucin [2][3] que vous y demandiez, je crois que l’avez reçu. [1] Pour le Gazetier[4] jamais son nez ne fut accommodé comme je lui accommodai le 14e d’août de l’an passé aux Requêtes de l’Hôtel [5] en présence de 4 000 personnes. Ce qui m’en fâche, c’est que habet frontem meretricis, nescit erubescere[2][6] On n’a jamais vu une application si heureuse que celle de saint Jérôme, [7] epistola 100 ad Bonasum, contre ce nebulo et blatero[3] car voilà les deux mots dont il me fit procès ; < ce > qui est néanmoins une qualité qu’il s’est acquise par arrêt solennellement donné en l’audience. Je n’avais rien écrit de mon plaidoyer et parlai sur-le-champ par cœur près de sept quarts d’heure. J’avais depuis commencé à le réduire par écrit, mais tant d’autres empêchements me sont intervenus que j’ai été obligé de l’abandonner ; je n’en ai que trois pages d’écrites, et il y en aura plus de quinze. [4][8][9] Pour l’épître qui est au commencement du Sennertus[10] je vous en enverrai à part. Je l’ai fait imprimer in‑4o pour en donner à une infinité de gens qui m’en demandaient. Le bonhomme de Bourbon [11] m’a aussi régalé de six vers sur ce sujet, dont je vous ferai part. [5] M. Naudé [12] a fait imprimer ici il y a environ 15 ans un livret intitulé Avis pour dresser une bibliothèque, etc., et rien plus. Il est aujourd’hui bibliothécaire du Mazarin, [13][14] qui a acheté 22 000 livres la bibliothèque de M. de Cordes, [6][15][16] qui se montre à ceux qui la veulent voir. Pour les lentilles [17][18] ad promovendam eruptionem variolarum[7][19] je leur baise les mains, comme aussi à tous les modernes qui l’ont écrit. Je ne crois pas même que le gaïac [20] soit sudorifique [21] à proprement parler, vu qu’il ne fait pas suer qu’en tant que l’on couvre fort et que l’on chauffe les malades. [8] Si j’ai jamais du loisir, je renverrai ces difficultés au traité que j’en ai commencé, mais il n’est guère avancé. [22] Je vous baise très humblement les mains et suis, Monsieur, votre très obéissant et très affectionné serviteur.

Patin.

De Paris, ce 12e d’août 1643.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 août 1643

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(Consulté le 16/04/2024)

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