L. 225.  >
À Nicolas Belin,
le 23 avril 1650

Monsieur, [a][1]

Pour réponse à la vôtre, je vous dirai que je ne sais qui de nos médecins sont à la cour, [1] car M. Barralis [2] était ici, près de M. de Châteauneuf, [3] le garde des sceaux, il n’y a que huit jours ; M. Conrade [4] est en Pologne, près de la reine ; [2][5] M. Des Gorris [6] a vendu à un homme qui m’est inconnu. [3] Je ne sais si MM. Bodineau [7] et Yvelin [8] y pourraient être ; vous pourrez vous en enquérir, et en cas qu’ils y soient, leur parler de moi. Au pis aller vous pourrez aller saluer M. Vautier, [9] premier médecin du roi, mais ne lui parlez point de moi : nos chiens ne courent pas ensemble, je ne suis ni ne veux être ni docteur antimonial (je sais trop bien que l’antimoine [10] est un poison), ni esclave de sa fortune ; habeat sibi res suas, per me licet[4] je ne lui envie rien de tout ce qu’il a, pas même sa belle fortune, neque vellem esse Valterius[5] J’apprends ici que Sa Majesté ne sera à Troyes [11] que 24 heures pour venir à Fontainebleau, [12] et delà à Paris nisi Mazarinus cuti suæ timeat[6][13] M. Vautier est officieux et courtois, et si vous avez affaire de lui, je crois que vous l’obtiendrez. Le grand Sennertus [14] de Lyon est achevé, lequel m’a été dédié. [7] M. de Saumaise [15] n’a rien fait sur le Tertullien [16] que l’in‑8o de Pallio ; [8] n’eût été sa goutte, [17] il serait parti pour la Suède. M. Descartes [18] y est mort à Stockholm d’une fièvre chaude, le 11e de février, où il était allé saluer la reine [19][20] qui est une savante et une dixième Muse[9] Le livre de M. de Saumaise pour le feu roi d’Angleterre [21] a été imprimé six fois en latin en Hollande, tant en petit qu’en grand volume, et en hollandais aussi ; on l’imprime ici in‑4o en français de la version même de l’auteur. On fait à Lyon une Pratique de médecine d’un professeur de Montpellier nommé Franciscus Feyneus, [22] elle sera achevée dans un mois. [10] Je vous baise les mains, et à monsieur votre père, à qui je souhaite toute sorte de prospérité et bonne santé, [23] et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 23e d’avril 1650.

Je vous envoie le titre d’un livre que je pourrai faire imprimer ici dans quelques années, [11][24] je vous prie de le lire et m’en donner votre avis à votre loisir, et celui de monsieur votre père et de M. Sorel aussi, à qui je baise les mains de tout mon cœur.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Nicolas Belin, le 23 avril 1650

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(Consulté le 19/04/2024)

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