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À Charles Spon,
le 6 avril 1655

Monsieur, [a][1]

Je vous adresse ce mot par un jeune homme bien né qui s’en va prendre l’air en Provence et en Languedoc après avoir ici étudié en médecine. Il s’appelle M. Foreau, [1][2] natif du Vendômois, il est sage et fort civil. J’ai été bien aise de lui donner et procurer votre connaissance, croyant fermement qu’il ira bien loin dans tout ce pays d’Adieusias [3] sans trouver un homme de votre mérite et de votre capacité. [2] Et de plus, comme je sais que vous me faites l’honneur de m’aimer, je vous prie de le recevoir et de le voir de bon œil ; il ne sera pas méconnaissant de cette grâce que vous lui ferez. Je me souviens bien du précepte d’Horace sur le fait de recommander quelqu’un à ses amis : [4]

Quem cui commendes etiam atque etiam aspice, ne mox
Incutiant aliena tibi peccata pudorem
[3]

Mais je suis bien assuré que rien de pareil n’arrivera ici.

Le jeune M. Sanche, [5] médecin de Montpellier, m’est venu voir deux fois. Il a fait signifier à ces Messieurs de Montpellier [6] un arrêt du Conseil, par lequel il leur est défendu de procéder à la dispute publique pour la chaire vacante, qu’il ne soit arrivé là. [4] Il dit que ce sera lui qui l’aura, il ne prise guère M. Rivière, [7] mais il méprise fort le sieur Courtaud, [8] et même le traite de misérable et d’homme de néant. Voilà un homme natif de Montpellier qui rend à Courtaud ce qu’il a voulu et n’a pu prêter aux autres. Ces livres infâmes de Courtaud ont fait mal au cœur à tout le monde, il en est ici traité comme un sot et impertinent brouilleur de papier. Le temps viendra que les docteurs de Montpellier seront pour leur honneur obligés de le désavouer. [9]

Je vous envoyai ma dernière le 26e de mars et peut-être qu’avant que la présente tombe entre vos mains, en aurez-vous encore une autre ; mais quoi qu’il en soit, vous m’obligerez de croire que je suis de cœur et d’affection, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce mardi 6e d’avril 1655.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 6 avril 1655

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(Consulté le 29/03/2024)

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