L. 549.  >
À Charles Spon,
le 24 décembre 1658

Monsieur, [a][1]

Ce 4e de décembre. Je vous ai envoyé une lettre de cinq grandes pages le mardi 3e de décembre. Depuis ce temps-là, j’apprends que M. le chancelier [2] est encore dans Dijon [3] où on le garde de peur que le peuple irrité ne se jette sur lui. Enseignez-moi, s’il vous plaît, si le commentaire de Phrygius [4] sur les Histoires épidémiques d’Hippocrate [5] a été imprimé sur un manuscrit ou sur un livre imprimé en Italie, comme aussi de la seconde partie de ses commentaires. N’en avez-vous jamais ouï rien dire ? Feu M. Musnier de Gênes [6][7] m’avait mandé que lorsque notre armée se campa devant Pavie, [8] l’an 1655, le livre était sur la presse ; maudite guerre qui fait beaucoup de mal et qui empêche beaucoup de bien ! [1] J’apprends qu’il y a chez M. le président de Mesmes [9] un terrible deuil pour la mort de l’abbé de Mesmes, [10] et que l’on y déteste bien le vin émétique [11][12] qui leur a ôté un grand fils de 26 ans et 25 000 livres de rente en deux abbayes. Quand Guénault [13] eut reconnu que ce poison avait rallumé la fièvre et donné le grand assoupissement duquel ce pauvre abbé est mort, il lui fit boire du lait [14] de vache trois jours durant et puis après, de la tisane [15] laxative de séné [16] tout pur qui fit rage de vider, mais il n’en fut jamais soulagé. Copiosæ istæ deiectiones tantum valent quantum levant. Non est reposita artis nostræ dignitas in perpetua cacatione : venenum emeticum tetram labem impresserat visceribus, quæ deleri non potuit[2] Il faut que Guénault ait perdu l’esprit, d’avoir recours au lait en ce cas-là, quod fuit alterum venenum[3] Cela me fait connaître qu’il est forcené, d’antimoine et de malice.

On dit que l’empereur [17] menace la France de deux grandes et puissantes armées l’an prochain, dont l’une viendra en Champagne. Il y a encore du terme et peut-être que cela n’arrivera point. Il y a de la brouillerie en Angleterre : le Parlement prochain [18] menace la fortune des enfants de Cromwell [19] qui n’ont guère d’argent ; [4] pour à quoi remédier, on leur a envoyé d’ici 200 000 écus. Pour le roi de Suède, [20] il est chassé du Danemark avec grande perte d’hommes et de 18 de ses vaisseaux. Les Hollandais et l’électeur de Brandebourg [21] ont délivré Copenhague. [22]

On dit ici que le roi [23] est las de pérégriner en un si mauvais temps, qu’il veut revenir à Paris et que mardi prochain, qui sera le 10e de décembre, il partira de votre ville ; et de là on tire conjecture que l’affaire de Marseille [24] est accordée. On dit aussi que ce n’est point le mauvais temps qu’il fait qui est cause du retour du roi, mais plutôt le prince de Condé [25] à qui le roi d’Espagne [26] a envoyé la qualité de généralissime de ses armées en Flandres, [27] avec de l’argent. On dit que les marchands de Londres ont tant fait que le protecteur Richard Cromwell [28] a entendu à un traité de paix avec l’Espagne, qui est bien avancé. Voilà des affaires qui surviennent præter spem [5] et qui pourront obliger le cardinal Mazarin [29] de ramener le roi de deçà pour donner ordre à la frontière.

Ce 14e de décembre. Hier mourut ici Mme de Lillebonne, [30] femme d’un des fils [31] du vieux M. d’Elbeuf. [32] Il y a seulement quatre mois qu’elle était mariée, elle était grosse et est morte pulmonique. [6] Je viens de recevoir votre lettre que m’a rendue M. de Baumgartner [33] avec la boîte pour M. Joncquet [34] et une lettre de M. Gras. [7][35] Je vous remercie du tout, je porterai demain la boîte à son maître, etc. On fait une dissection, [36] à nos Écoles, d’un voleur. [8][37][38][39][40][41][42] M. Courtois [43] en est le docteur, comme professeur de nos Écoles. [44] Je l’y ai voulu mener avec un jeune Lyonnais nommé M. Bouge. [9][45] Ils m’ont répondu qu’ils y avaient été ce matin, et qu’il y avait trop de presse et trop de bruit (il est vrai qu’ils sont presque 300 spectateurs) ; qu’ils espéraient de faire une anatomie particulière dans une chambre secrète et ad quam pauci admittebentur[10] Je le veux bien. Ils m’ont promis de venir demain tôt après-dîner, je leur donnerai une heure de temps pour nous entretenir auprès du feu et tâcherai de découvrir ce qu’ils pèsent tous deux, quid valeant humeri, quid ferre recusent[11][46] Je pense que ce M. Bouge veut être quelque jour agrégé à votre Collège de Lyon. [47] Je vous prie de dire à M. Gras que je lui baise les mains et que je le remercie de sa lettre qu’il a donnée à M. Baumgartner. Il fait ici un cruel froid, je m’en vais me chauffer. Quelques-uns disent ici que le roi passera les fêtes à Lyon et qu’après il ira à Narbonne, [48] et qu’il y a quelque traité avec l’Espagne sur le bureau[49]

Ce 16e à neuf heures du soir. Je viens de recevoir votre chère missive datée du 10e de ce mois, laquelle m’a fort satisfait en ce qu’elle m’a donné de bonnes nouvelles de votre santé, quæ utinam in dies adaugiatur[12] M. Joncquet vous remercie bien fort pour sa boîte, et lui et moi vous prions de me mander ce qu’avez déboursé pour le port d’icelle depuis Grenoble jusqu’à Lyon. Il s’en va faire imprimer in‑4o un beau catalogue de toutes les plantes non vulgaires qu’il a en son jardin, qu’il a cultivées depuis quatre ans avec un soin incroyable, et lesquelles y sont en grand nombre. [13][50] Il a traité avec un libraire qui lui a dit que son ouvrage contiendrait 30 feuilles d’impression. Il dit qu’il y a près de 1 500 plantes dans son jardin, et espère que dans trois ans il aura tout ce que possèdent les plus curieux botanistes, et quelque chose plus qu’eux. Je vous remercie d’avoir parlé de moi à M. Eustache. [14] Quand vous lui écrirez, vous me ferez faveur de lui faire mes recommandations.

Mais à propos d’un si habile homme, l’on ne dit plus rien de Courtaud [51] ni de Montpellier : [52] y a-t-on fait des professeurs, qu’est devenu M. de Soliniac, [53] que fait aujourd’hui le fils de M. Sanche ? [54] Quel dessein a cet évêque, [15][55] veut-il ruiner cette Académie de laquelle ceux qui en viennent disent fort peu de bien, étant comme abandonnée et déserte, faute que l’on n’a pourvu aux chaires des professeurs vacantes ?

Je vous remercie très humblement de vos nouvelles, lesquelles sont ici communes. On dit bien ici que le roi passera les fêtes à Lyon, mais beaucoup de gens croient que quand il en sortira, qu’il prendra le chemin de Narbonne ; quod si contingat[16] la campagne du Languedoc n’en peut que souffrir, ex tam magno comitatu principis, qui provincialibus gravis esse solet[17] Je suis en peine des nouvelles de M. Falconet [56] à qui j’ai plusieurs fois écrit, je ne sais si c’est la cour qui l’empêche d’écrire. Et in hoc momento[18] voilà que je reçois une des siennes par laquelle j’apprends qu’il a pris la peine de m’acheter huit tomes in‑fo, dont je l’avais prié : c’est Theatrum vitæ humanæ [57] de M. Huguetan qu’il a trouvé à meilleur marché chez M. Fourmy ; [19][58] je vous prie de faire en sorte qu’il soit bien empaqueté et emballé, et puis après de me l’envoyer, ou à part, ou dans quelque balle de libraire dont vous pourrez avoir quelque adresse et commodité chez MM. Devenet, Rigaud ou Fourmy ; mais n’en parlez point à M. Huguetan, [59] s’il vous plaît, cet homme n’est point raisonnable, il est sauvage, ce qu’il ne devrait pas être envers moi ; il me doit de l’argent de reste il y a 7 ans entiers, piscator ictus sapit, et ego sapiam in posterum[20][60] Je vous supplie donc de m’excuser de tant de peines que je vous donne, et in eam curam incumbere, ut cito tutoque fasciculus iste mihi reddatur[21] j’en paierai le port de deçà.

On parle ici d’un Espagnol nommé Pimentel, [61] que l’on dit être à Lyon et qui traite du mariage du roi avec l’infante d’Espagne, [62][63] et que pour cette affaire, l’on a envoyé un jacobin tout exprès à Madrid ; [64] que la reine [65] affectionne fort ce mariage, en quoi ceux qui n’en ont pas tant d’envie qu’elle lui forment plusieurs difficultés, lesquelles pourront bien empêcher le marché, combien que ce soit chose fort à désirer, vu que ce serait une reine de paix ; mais ce dernier mot est le chiendent, [22][66][67] car il y a bien des gens qui n’en veulent point et qui sont comme les pêcheurs, qui ne font jamais bien leurs affaires que dans l’eau trouble. [23] M. de Guise, [68] le Balafré, disait autrefois,

Par la guerre nous vient le crédit et le bien.

C’était ce duc de Guise qui fut chef de la Ligue [69] et que Henri iii[70] par un fort bon et généreux conseil, fit tuer à Blois, [71] l’an 1588, la veille de Noël. [24] Feu mon père, [72] qui haïssait la Ligue et les ligueurs, disait (j’étais encore fort petit) que ce massacre avait été le meilleur coup que fit ce roi en sa vie.

On dit ici que M. Alexandre Morus [73] a prêché dans Charenton [74] et qu’il a fait merveilles, qu’il a promis de demeurer ici mais qu’il veut retourner encore un coup en Hollande, à cause de quoi il a demandé et obtenu permission d’y faire un voyage, à quoi trois mois seront employés. L’Eusèbe de Scaliger [75][76] est réimprimé, [25] l’on en attend ici chez quelques libraires ; on dit qu’il y a une grande préface de laquelle ledit M. Morus est auteur, dans laquelle il a fait une comparaison de M. Descartes [77] avec Aristote, [78] et du P. Petau [79] avec Scaliger, etc. Hier furent ici arrêtés trois hommes, de ces braves qui entrent hardiment dans les maisons et qui, sous ombre d’être gens à craindre et d’avoir des poignards et des pistolets, demandent impudemment de l’argent. Le premier des trois était allé chez M. Colbert, [80] intendant de la Maison de Son Éminence, y demander 150 pistoles, le poignard à la main ; mais il n’eut pas ce qu’il demandait, ce M. Colbert le fit arrêter, et deux autres de ses compagnons qui furent pris en chemin. [26] On tient ici que voilà de la besogne pour le successeur du sieur Saint-Aubin, [81] qui était le bourreau de Paris l’an passé. [27]

Le cardinal de Richelieu [82] fit faire exprès le parlement de Metz [83] pour avoir des juges et des commissaires à sa poste, [28][84] afin de faire condamner à mort plus aisément le maréchal de Marillac. [85] Quelque temps après, à la prière du cardinal de La Valette [86] qui lors était fort son ami, il tira ce parlement de Metz et l’envoya dans Toul [87] où tous ces Messieurs ont été fort incommodés, à cause de quoi ils ont fait tout ce qu’ils ont pu depuis ce temps-là, envers les ministres, pour obtenir la permission de retourner à Metz ; ce qui leur a enfin été accordé par Son Éminence mazarine, moyennant 200 000 livres qu’ils lui ont données. Voilà comment un homme qui est en fortune tire avantage de tout, et fait d’un seul article plus d’argent que tous les alchimistes et faux monnayeurs [88] du monde. [29] Guénault dit qu’un grain de fortune vaut mieux que dix onces de vertu, c’est ainsi que parlent les avares et les enragés de gagner.

On dit ici que depuis que le roi est à Lyon, il s’est présenté à Son Éminence un jacobin espagnol qui avait charge de lui parler de la paix d’entre les deux couronnes ; sur quoi, ayant été ouï, on a trouvé à propos de l’envoyer en Espagne, après quoi, s’il est de besoin, on y enverra M. de Lionne [89] qui y fut pour le même sujet il y a deux ans. [22] On parle aussi de faire deux cardinaux pour < la > France, dont l’un sera un Italien Mancini [90] allié de Son Éminence et qui y sera notre protecteur ; pour l’autre, on dit que ce pourra être l’archevêque de Toulouse, M. de Marca : [91]

Curia vult marcas, bursas exhaurit et arcas,
Si bursæ parcas, fuge Papas et Patriarchas, etc.
 [30][92]

Je ne sais qu’a fait cet homme à Dieu pour être tellement et si vivement persécuté de la bonne fortune ; néanmoins, je le trouve bien vieux et quelque chose qui lui arrive, je ne pense point qu’il en jouisse jamais guère longtemps. Ces grande dignités non minus onerant quam ornant [31] quand elles viennent si tard. Iuvenes mori possunt, senes diu vivere non possunt[32] la mort vient qui emporte tout, et le marchand et la marchandise, et qui découvre tout ; après cela, le pauvre et le riche ont le nez fait l’un comme l’autre. [33][93][94]

Usque adeo res humanas vis abdita quædam
Obterit, et pulchros fascis, sævasque secures
Proculcare, et ludibrio sibi habere videtur
[34]

Je vous supplie très humblement de faire mes recommandations à M. Huguetan l’avocat, à MM. Devenet et Anisson, comme aussi à M. de la Poterie, [95] auquel vous direz, s’il vous plaît, que j’ai reçu de M. Henry, [96] par l’ordre de M. de Montmor, [97] les six tomes de feu M. Gassendi, [98] qui est un bel ouvrage, et que je le remercie de ce qu’il a contribué de sa part envers M. de Montmor afin que je l’eusse. [35]

Ce 19e de décembre. On dit que Son Éminence a envoyé un certain nommé Bartet [99] en Espagne ; [36] que le Catelan [100] offre de l’argent comptant pour l’élection d’un parlement nouveau à Bourg-en-Bresse, [101] mais que c’est un leurre dont on veut faire peur à ceux de Dijon, dont le premier président [102] et quelques conseillers doivent maintenant être à Lyon où ils ont été mandés ; [37] et que le roi a demandé trois millions aux états de Languedoc, [103] qui est une somme fort grande, et aussi ne sont-ils pas d’accord de la lui promettre. Ceux de Liège [104] sont menacés de l’empereur, à cause de quoi ils demandent secours à M. de Turenne. [105] D’ailleurs, le prince de Condé ramasse ses troupes, et fait peur et donne soupçon de quelque entreprise. Pour obvier à tels inconvénients, M. de Turenne a remandé toutes les garnisons qui sont en Picardie et en Normandie, que l’on dit être de 4 000 chevaux sans l’infanterie. On dit aussi que M. d’Épernon [106] a charge de prendre six compagnies du régiment des gardes et de les mener à Dijon pour tourmenter cette ville et les obliger de donner au roi ce qu’il leur demande. Nec mirum, dedecent ista duces et pastores populorum[38] c’est marchandise d’Italie et invention des partisans, de peur que les peuples ne crèvent de graisse, ad vitandam euexiam athleticam ; [39] joint que si l’on trouve par cette voie moyen de fléchir les Bourguignons, on tâchera de se servir de cet exemple pour le Languedoc, la Provence et autres pays, afin de tirer de l’argent pour faire la guerre en Italie et en Flandres la campagne prochaine ; si devant ce temps-là, Dieu ne nous envoie une bonne paix par le mariage du roi avec l’infante d’Espagne, qui serait une reine de paix et le seul but auquel nous pouvons espérer.

Il est ici arrivé un libraire de Hollande qui a apporté quelques livres d’humanités, et entre autres un Quintus Curtius variorum, Lucanus variorum, etc. [40][107][108][109] in‑8o ; et pour livres de notre médecine, un suivant fait par un Espagnol avec ce titre Casparis Caldeiræ de Heredia, medici et philosophi Hispaniensis, Tribunal medicum, magicum et politicum, pars prima, Lugduni Batav., apud Io. Elsev. Acad. typogr., 1658[41][110] Quelque libraire, en mon absence, en a apporté un céans, duquel il a dit qu’il voulait en avoir 10 livres en blanc. Je l’ai vu et considéré, il fera bien de le venir requérir car je ne sais qui il est et je ne veux point de son livre : c’est un chétif ouvrage, mauvais style, mauvais latin, pauvre science, vanité espagnole ; c’est un auteur qui est tout morgant et tout barbare, [111] dicto et facto[42] Il y a même bien des fautes en l’édition, MM. Elsevier [112] font tantôt aussi mal que les autres. Je ne suis point d’avis de me charger de ce méchant livre, j’en ai assez d’autres et n’ai point de place pour celui-là.

Quand est-ce que sera achevée l’édition de l’Histoire des comtes et ducs de Savoie faite par M. Guichenon [113] in‑fo en deux tomes, que M. Barbier imprime, de quel prix sera-t-elle à Lyon ? [43] J’ai aujourd’hui acheté deux livres en blanc de feu M. Ger. Io. Vossius, [114] dont l’un est intitulé Harmoniæ evangelicæ de passione, morte, resurrectione ac adscensione Iesu Christi, Salvatoris nostri, libri tres, 1656 ; l’autre est de Logices et Rhetoricæ natura et constitutione, in‑4o, 1658[44] On a depuis peu imprimé un commentaire de son fils [115] vivant in Pomponium Melam [116] in‑4o[45] mais que je n’ai point encore vu. Le père a laissé beaucoup de bonnes épîtres ad Germanos, ad Belgas, ad Gallos, ad Anglos[46] que je voudrais bien voir imprimées. Je crois qu’il y a là-dedans bien de bonnes choses ; au moins M. de Saron [117] me l’a dit autrefois ainsi. [47]

M. Caze [118] a aujourd’hui envoyé céans Monsieur son fils [119] me demander si je ne savais point où était logé un jeune homme nommé Seignoret, [120] garçon que M. Huguetan avait ici envoyé il y a quelques mois (c’est celui dont je vous ai écrit par ci-devant, mais je ne savais pas son nom). [48] J’ai répondu qu’il y avait plus d’un mois que je ne l’avais vu et qu’il fallait aller au Collège royal chez M. Bouillette [121] savoir s’il y tenait encore sa chambre et s’il y avait encore des livres, et que l’on pourrait aussi s’en enquérir chez deux libraires, MM. Léonard [122] et Piot. [49][123] M. Caze en est en peine pour quelque chose qu’on lui en a écrit de Lyon, je pense que c’est en conséquence de ce que je vous en ai par ci-devant mandé. Je vous envoie une lettre pour M. Saphos, marchand de Lyon ; [124] si vous ne le connaissez, vous n’aurez qu’à la donner à M. Gras, c’est lui qui m’en a donné la connaissance. Je vous prie de faire mes recommandations à M. Falconet et de lui dire que je ne lui écris point, faute de matière, que son écolier [125] se porte bien et étudie bien, et qu’il n’a que faire de s’en mettre en peine ni de s’en inquiéter, il ne manque de rien. Dans un mois sera achevée la nouvelle édition (qui est une seconde) du Lucrèce français de M. Marolles, [126] abbé de Villeloin, dans lequel il a beaucoup changé, ajouté et amendé[50] Aussitôt après il en fera autant de son Horace, et puis après il fera imprimer pour la première fois son Térence, duquel il a grandement bonne opinion et qu’il dit être plus difficile à tourner que le Plaute même.

Au reste, l’on dit ici que l’affaire de Marseille est accordée avec le roi, qu’il n’ira pas en Languedoc, mais qu’il reviendra de deçà pour être à Paris avant la fin de janvier. Faxit Deus ! [51] Nous voilà à la fin de l’année 1658. Je vous souhaite longue et heureuse vie, à vous, à Mlle Spon et à toute votre famille, pour l’année prochaine et plusieurs autres tout de suite, et vous prie de croire que je suis et serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce mardi 24e de décembre 1658.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 décembre 1658

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(Consulté le 29/03/2024)

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