L. latine 146.  >
À Johann Daniel Horst,
le 22 octobre 1660

[Ms BIU Santé no 2007, fo 90 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Daniel Horst, insigne médecin, à Darmstadt. [1]

Très distingué Monsieur, [a][2]

Je vous dois réponse depuis longtemps : l’excellent et très éminent M. Johann Heinrich Pentz von Pentzenau m’avait remis votre lettre le 27e d’août, et nous avions célébré à grands et pleins verres votre très illustre santé. [1][3] En premier lieu, je vous remercie donc pour votre agréable souvenir. En second lieu, pour votre feuille de l’Historia medica Mussipontana[2][4][5] je vous dirai brièvement qu’on m’a consulté là-dessus il y a 18 mois et n’y ai rien répondu d’autre que ce qu’a dit, dans un cas assez semblable, Lucien, spirituel écrivain à qui il aurait été difficile d’en imposer, à savoir par l’incrédulité. [3][6] De fait, je n’y crois pas, et pense même qu’un tel fait est impossible ; ce n’est donc pas une observation, mais une fable, et les fables d’Ésope ne sont pas des fables en comparaison de cette fiction ; [7] la conception ne peut en effet se faire en dehors de l’utérus. [4][8][9][10] La relation par Philip Salmuth d’un enfant expulsé par la bouche est fictive, imaginaire, fabuleuse, absurde, impossible ; et c’est une histoire si ignominieuse qu’elle n’aurait même pas dû être écrite, même si elle avait pu être tenue pour véridique. La seule chose qui me chagrine pourtant est qu’elle se lise dans une Centuria observationum dont la préface est du très savant et très distingué M. Hermann Conring, dont je fais grand cas. [5][11][12] C’est pourquoi je pense comme vous que le fait serait digne de remarque s’il était vrai. En troisième lieu, il me reste à vous écrire que je vous remercie pour l’affection peu commune que vous me portez et pour la remarquable bienveillance que vous m’avez récemment témoignée par votre livre [Ms BIU Santé no 2007, fo 90 vo | LAT | IMG] publié à Ulm, dont m’a dernièrement parlé M. Rompf, médecin hollandais qui a ici été un de mes auditeurs au Collège royal et mon très agréable ami. [13] Je n’ai pas encore vu ce livre, mais peut-être le verrai-je après la foire d’automne de Francfort, [6][14] {tout comme les pathemata Sympathetica où il y a une énorme quantité de sornettes}. [7][15] Dans cette attente, je vous adresse mes plus profonds remerciements, avec l’espoir que je puisse vous rendre la pareille ; mais d’ici là, faites-moi s’il vous plaît savoir si je puis ici vous être utile en quoi que ce soit, car alors j’agirai de façon à vous faire comprendre quel grand cas je fais de vous, moi qui suis l’adorateur le plus zélé de la famille Horst et de votre renom. Vale, très distingué Monsieur, et aimez celui qui vous aime en retour,

Guy Patin qui sera vôtre pour l’éternité.

De Paris, ce vendredi 22e d’octobre 1660.

{Je remercie aussi} [8][16]



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Daniel Horst, le 22 octobre 1660

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(Consulté le 23/04/2024)

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