L. latine 218.  >
À Johann Garmers,
le 17 novembre 1662

[Ms BIU Santé no 2007, fo 116 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Garmers, docteur en médecine à Hambourg.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’aurais dû répondre depuis longtemps à la lettre que vous m’avez envoyée et pour les deux exemplaires de votre livre, [1][2] dont je vous remercie beaucoup, en espérant pouvoir vous rendre la pareille de tout cela. Nous n’avons ici rien de nouveau en librairie. Dans deux mois, les imprimeurs de Lyon [Ms BIU Santé no 2007, fo 117 ro | LAT | IMG] nous promettent le Cardan complet, dont il y aura dix tomes in‑fo[2][3] Ceux de Genève nous ont récemment donné l’Hippocrate de Foës, et son Œconomia[3][4][5] On imprime à Lyon les Annales ecclesiastici du cardinal Baronius, [6] ainsi que les Opera divi Augustini[4][7] Un imprimeur de la même ville, nommé M. Anisson, [8] me promet de mettre sous la presse l’an prochain les trois livres manuscrits de Caspar Hofmann que j’ai ici ; [9] Dieu fasse qu’il s’y tienne. Nos libraires parisiens n’osent rien entreprendre de tel, invoquant la cherté des denrées et le prix du papier, qui a fort augmenté car ces deux empourprés qui ont administré nos affaires depuis 35 ans ont imposé des taxes abusives sur toutes les marchandises. [10][11][12][13] D’Angleterre, nous attendons de jour à autre le grand ouvrage, minutieux et docte, de Samuel Bochart, pasteur de Caen, de Animantibus sacræ Scripturæ ; [5][14] c’est un travail de nombreuses années que les savants hommes ont longtemps désiré et attendu. Des érudits réunissent ici les œuvres complètes de Jean-Louis Guez de Balzac pour en faire une nouvelle édition in‑fo[6][15] Dans quelques mois, nous aurons une Vie de Charles vi, roi de France[16] en deux tomes in‑fo, jadis écrite par un moine, mais que le très docte M. Le Laboureur a très grandement enrichie ; c’est celui qui nous a auparavant donné Les Mémoires de Castelnau, grand ouvrage historique en deux tomes qui est excellent. [7][17][18] À l’Imprimerie royale, [19] le Procope complet, grec et latin, est presque achevé, avec les traductions et notes d’un jésuite toulousain nommé le P. Maltret, [8][20][21] mais en raison de constructions du Louvre, [22] on ne sait quand il pourra être terminé. Pour le [Ms BIU Santé no 2007, fo 117 vo | LAT | IMG] chirurgien que vous cherchez sur la demande de votre magistrat, sachez qu’il ne s’en trouve ici aucun qui convienne. [23] En effet, tel que vous le voulez, il doit satisfaire trois conditions qui se présentent très rarement chez les nôtres : qu’il soit honnête homme, qu’il parle latin et qu’il soit habile, c’est-à-dire extrêmement aguerri aux opérations de chirurgie. Si nous mettons un jour la main sur quelqu’un de tel, je vous en aviserai aussitôt. Mon fils vous remercie beaucoup pour votre livre. [1] Je tiendrai pour extrêmement recommandé votre cousin germain, et promets de ne pas lui faire défaut s’il a besoin de mon aide. L’accouchement de la reine est imminent ; [24][25] après quoi, on dit que notre roi s’en ira aussitôt à Dunkerque, qu’il a rachetée cinq millions à l’Anglais. [9][26][27][28] Notre différend avec le Jupiter capitolin n’a pas encore pu être concilié ; [29][30][31] d’où nous disons que nous aurons la guerre en Italie au printemps prochain. [10] Vale, très éminent Monsieur, et continuez de nous aimer comme vous faites.

De Paris, ce vendredi 17e de novembre 1662.

Je salue très obséquieusement M. Moller, qui a jadis ici été votre émissaire. [32]

Votre Guy Patin de tout cœur.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Garmers, le 17 novembre 1662

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(Consulté le 28/03/2024)

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