[Ms BIU Santé no 2007, fo 150 ro | LAT | IMG]
Au très distingué M. Johann Rudolf Dinckel, docteur en médecine à Strasbourg.
Très distingué et honorable Monsieur, [a][1]
Je me souviens parfaitement et sais fort bien que je suis depuis longtemps en dette envers vous ; je reconnais vous devoir énormément, en y ajoutant votre généreux et remarquable lot de disputations et de thèses venant de votre Université. [2] Je m’apprête à vous rendre maintenant la pareille en souhaitant que ce soit plus amplement et mieux encore. Ne soyez pourtant pas surpris par la modestie de mon présent paquet ; je vous en aurais envoyé plus si j’avais trouvé mieux. Sans doute y parviendrai-je en d’autres occasions ; mais en attendant, recevez avec sérénité et bienveillance ce petit peu que je vous offre, en disant avec le poète :
Nunc Te marmoreum pro tempore ferimus : at Tu
Si fætura gregem suppleverit, aureus ibis. [1][3][4]
Comment MM. les deux très distingués Sebizius se portent-ils ? [5][6] je ne doute pas qu’ils aient reçu les Opera omnia de Pierre Gassendi, en six tomes in‑fo, [7] par l’entremise de Laurent Anisson, libraire de Lyon, [8] car partant d’ici il y a trois mois, il m’a solennellement promis qu’il les leur enverrait de ma part dès qu’il serait arrivé à Lyon ; je souhaite qu’il en ait fait ainsi. [2] Je salue les très distingués personnages de votre Université, les deux Sebizius, M. Seubertus, [9] Rob. Konigsmannus, [10] B[errenge]rus, [11] et d’autres s’il en est qui voient nos affaires d’un bon œil, ainsi que Spoor le Jeune, le libraire. [3][12] Si quelque chose de curieux se publie chez vous, je vous prie de vous en souvenir pour moi : je vous en rembourserai le prix que vous voudrez. Vale et aimez-moi.
De Paris ce vendredi 30e de novembre 1663.
Vôtre de tout cœur, Guy Patin.