L. latine 342.  >
À Heinrich Meibomius,
le 27 février 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 185 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Heinrich Meibomius, docteur en médecine, à Helmstedt.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Loué soit Dieu tout-puissant, car j’ai enfin reçu votre lettre m’apprenant que vous vivez et vous portez bien, sans m’avoir oublié. Je vous remercie pour le paquet que vous avez confectionné, et souhaite qu’il soit gros et contienne beaucoup de choses ; mais vous ne m’en avez pas indiqué le prix. Dites-le-moi donc, afin que je vous le rembourse, comme je ferai très volontiers : soit vous recevrez cette somme de M. Louis Héron, Français qui est marchand à Hambourg, [2] ainsi que je vous l’avais écrit ; soit, si vous préférez, je la remettrai à M. Bec, [3] agent de votre prince sérénissime ; [4] mais pour m’expédier ce paquet en passant par Francfort, faites comme vous voudrez. Ainsi je vous en avais fait part, j’aurais pourtant pensé plus rapide et plus sûr de passer par Hambourg. Je n’ai pas encore vu le livre du très distingué Schefferus de Philosophia Italica, on l’attend ici, mais je ne doute pas qu’il arrivera. [1][5][6] La comète qu’on a récemment vue a mis bien des écrivains au travail, [7] mais je ne vois personne que de tels livres aient rendu plus savant. On dit qu’un jésuite de Lyon, le P. de Saint-Rigaud, [8] écrit un élégant traité à son sujet ; je vous l’enverrai si vous voulez. [2] Celui dont vous vous enquerrez est un prêtre nommé Gendron, vicaire de Voves, entre Chartres et Orléans ; [3][9][10] il a été chirurgien avant d’être prêtre ; on l’a fait venir ici après que les médecins et chirurgiens royaux eurent reconnu que la maladie de la reine mère était incurable. [11] Nul n’a à s’en étonner, car de tels prêtres charlatans et vauriens plaisent aux dames de la cour et aux princes : [12] Mundus omnis exercet hitrioniam[4][13][14] et pendant ce temps, tous les meilleurs trépassent. Souffrez que je vous tire l’oreille pour votre Historia medicorum, ainsi que pour votre tractatus philologicus de Cervisia[15] que je m’occuperai de faire éditer ici si vous voulez bien me les envoyer. [5][16] Je salue les très distingués Conring [17] et Vogler. [18] Vale et aimez-moi.

De Paris, ce vendredi 27e de février 1665.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Heinrich Meibomius, le 27 février 1665

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(Consulté le 16/04/2024)

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