Fiche biographique
Spon, Charles

Médecin de Lyon [1] (Lyon 24 décembre 1609-ibid. 21 février 1684), il appartenait à une famille protestante de riches négociants originaires d’Ulm en Souabe. Le grand-père de Charles, Mathieu i, en était venu, d’abord à Genève, où il s’était marié, en 1546, à Pernette Lullin-Pollier, puis à Lyon, vers 1551. Mort en 1555, Mathieu i laissa trois enfants, dont Mathieu ii (mort en 1632), qui épousa Claude Judith Bernard. Le couple eut onze enfants, dont Charles était le dixième (et le 5e des six fils). En 1620, Charles fut envoyé à Ulm pour étudier le grec et le latin auprès de son oncle (lui aussi prénommé Charles, frère de Mathieu ii, qui était retourné s’installer dans la patrie familiale). En 1625, Charles venait à Paris, pour obtenir sa maîtrise ès arts au Collège de Lisieux, alors dirigé par Guillaume Mazure. Charles était resté à Paris jusqu’en 1632, s’initiant à la médecine auprès de maîtres éminents, dont Jacques ii Cousinot, premier médecin de Louis xiv, mais aussi débutants, comme Guy Patin. Spon se rendit ensuite à Montpellier pour s’y faire rapidement diplômer en médecine : inscription en juin 1632, baccalauréat, licence et doctorat la même année ; durant cette période il devint ami de Siméon Courtaud, avec qui il correspondit ensuite pendant de nombreuses années. Comme l’y obligeaient les statuts du Collège des médecins de Lyon, Spon exerça d’abord la médecine pendant deux années à la campagne, à Pont-de-Veyle, à une lieue de Mâcon. Il vint ensuite s’établir à Lyon, où il fut agrégé au Collège des médecins le 7 août 1635. Sa réputation lui mérita, en 1639 un certificat de bourgeoisie, délivré par le consulat de Lyon, puis, en 1645, grâce à la protection de Cousinot, un brevet de médecin par quartier de Louis xiv, sans l’avoir sollicité. Il devint vers 1674 vice decanus et procurator inclyti Collegii Medicorum Lugdunensium [vice-doyen et administrateur de l’illustre Collège des médecins de Lyon], dont il aurait été nommé doyen s’il avait consenti à se convertir au catholicisme. Spon était un érudit possédant très bien la langue grecque (contrairement à Patin), et épris de poésie latine.

Spon a notamment publié :

Il a laissé beaucoup de manuscrits en prose et en vers latins tous relatifs à la médecine, et fut éditeur de nombreux ouvrages, dont les :

Cet ensemble éditorial montre en maints endroits que Spon avait l’esprit beaucoup plus ouvert que Patin sur les nouveautés médicales de son temps, tout particulièrement sur les apports thérapeutiques de la chimie.

Notre édition contient 340 lettres de Patin à Spon, dont les manuscrits nous sont presque tous parvenus. Elles vont du 21 octobre 1642 au 1er février 1672[1] Seules 19 lettres manuscrites de Spon à Patin ont été conservées, datées du 21 novembre 1656 au 13 mai 1659.

Une solide amitié liait les deux médecins, qui ne se rencontrèrent pourtant que fort rarement : Patin n’a jamais dit être allé à Lyon ; Spon connut Patin (docteur régent en 1627) durant ses études à Paris (v. lettre du 28 mars 1643) et l’appelait parfois affectueusement « mon cher maître » ; Spon revit Patin à Paris durant la deuxième quinzaine de juillet 1642 (v. note [32], lettre 240), et là fut l’origine de leur correspondance de 30 années. Par ses origines, Spon avait de nombreuses relations en Allemagne et en Suisse ; Patin lui devait la connaissance de plusieurs des nombreux correspondants qu’il eut dans ces deux pays.

Charles Spon avait épousé en 1643 Marie Seignoret. [2] Née en 1625, elle était issue d’une famille protestante depuis longtemps établie à Lyon ; un de ses frères était pasteur. Charles et Marie Spon eurent 14 enfants, dont seulement quatre atteignirent l’âge adulte : Mathieu iii (1644-1657) ; Charles (1645-1646) ; Jacob (1647-1685, v. note [6], lettre 883) ; Marie (1648-1673, épouse de Louis Dumont), Suzanne (1649-1679, épouse de Claude Philibert), Jean-Jacques (1650), Charlotte (1652-1653), Françoise (1654), Marie-Anne (1655-1662), Anne (1656, épouse Daniel Dumont en 1675), Dorothée (1657-1658), Charles (1659-1660), Charles (1661-1663), Charles (1665) (R. Desgenettes in Panckoucke, La France protestante & Mollière).

Pendant la durée de sa correspondance avec Patin, Spon a d’abord demeuré rue de la Poulaillerie, sur la presqu’île de Lyon (iie arrondissement), « joignant [jouxtant] l’[ancien] Hôtel de ville » (v. note [a], lettre 76), c’est-à-dire l’hôtel de la Couronne, où se tient aujourd’hui le musée de l’Imprimerie ; puis, sans doute peu après son mariage en septembre 1643, non loin de là, rue Mercière. Parallèle à la rive gauche de la Saône, c’était la rue des libraires. Le logis de Spon « joignait l’enseigne de Saint-Pierre », sous laquelle l’imprimeur Pierre Ravaud a tenu son officine (jusqu’en 1651, v. note [9], lettre 97).

Pierre Bayle a écrit un Éloge de Monsieur Spon le Père dans ses Nouvelles de la République des Lettres (juillet 1684, Amsterdam, Henry Desbordes, 1684, in‑12, article v, pages 490‑505).



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Fiche biographique. Spon, Charles

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(Consulté le 20/04/2024)

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