« Enfin son conseil a vaincu.
Si on fait la guerre à sa mode,
Cela bien fort nous incommode.
Nous en avons bien dans le cul. » [20]
Quand il eut épousé la fille du connétable de Montmorency, [71] l’[an] 1609, le roi lui dit qu’il voulait coucher avec elle. Il répondit au [roi] qu’il lui avait dit que si Sa Majesté avait dessein sur cette dam[e], [72] qu’il ne la pouvait pas épouser. Le roi se mit en colère et lui d[it] : « Vous n’êtes pas si grand que je ne puisse bien vous humilier. Je vous [ai] fait ce que vous êtes. Vous n’êtes que le fils d’un laquais, ou tout au p[lus] d’un page. Ce n’est pas que je n’aie couché cent fois avec votre mè[re], [73] mais c’était auparavant votre âge. » M. le prince de Condé répl[iqua] au roi qu’il était pour certain propre fils du défunt prince de Cond[é], [74] [page 67] qui était mort l’an 1588. Le roi le menaça de le faire parler autrement et l’envoya. M. le Prince, qui n’est guère secret, pour un courtisan, a raconté tout cela à M. Du Maine le père, [75] qui l’aimait fort ; et M. Du Maine l’a dit à un lieutenant de Soissons [76] qui me l’a raconté. [21]
« Je veux quitter Parnasse et l’onde pégasine <{a}>
Pour aller faire un tour jusques à Terrasine, <{b}> etc.
Qui croit que le grand Caire est un homme, <{c}> et lespline, <{d}> [87][88]
Une île aussi fort loin, comme les Philippines ;
Que le pape reçoit toujours des messages
Des saints de paradis, même que les sept Sages <{e}> [89]
étaient fort bons chrétiens, que Judas Maccabée, <{f}> [90]
S’il ne fût point mort jeune, eût été bon abbé ;
Qui croit que paradis est fait comme une église,
Et que le Bucentaure est le duc de Venise. <{g}> [91]
Je l’ai vu maintes fois (ignorante caprice)
Citer Monsieur saint Jean au livre de l’éclipse, <{h}> [92]
Et tout d’un même temps, faire croire à son sens
Que physique et phtisique <{i}> [93] auraient un même sens.
S’il parle de Brutus [94] en sa grande action,
Il se plaint que César <{j}> [95] meure sans confession, [96]
Et dit, la larme à l’œil, tant de prêtres à Rome
Ont-ils laissé mourir sans confession cet homme ? »
Ces vers sont tirés de L’Onosandre qu’a fait Bautru l’aîné [97] contre M. de Montbazon, [98] lequel il appelle par dérision prince de Béthizy, parce qu’il était logé en la rue de Bétisy. [24][99]
Ter corvus, ter pica fui, ter fune ligatus,
Ter cruce signatus, sumque quod ante fui.
Hæc duri immota Catonis
secta fuit, servare modum finemque tenere, naturamque sequi, patriæque impendere vitam, nec sibi, sed toti genitum se credere mundo. Huic epulæ, vicisse famem : magnique penates submovisse hyemem tecto, etc. [29][131]
De monacho miles, monachus de milite factus. [30] Jean de Montluc, [132] évêque de Valence, [133] était propre frère de Blaise de Montluc, [134] maréchal de France, duquel nous avons les Mémoires. Ce Jean de Montluc fut en son jeune âge cordelier, puis en sortit, étant alléché, par le grand esprit qu’il avait, à se mêler dans le monde. Il se mit à prêcher, où il faisait merveilles ; et s’étant fourré au Conseil du roi, eut diverses commissions, où il réussit heureusement. Il a fait en sa vie plusieurs ambassades, en Pologne, à Venise, en Hongrie, deux fois à Rome, en Écosse, en Angleterre ; même, il traita la paix universelle avec le Turc. [135] Vide præfationem Pauli Manutii ad Joannem Monlucium, pag. 388. [31][136] Il fut soupçonné d’hérésie, de sorte qu’aux états de Blois, l’an 1577, [137] il fut ordonné qu’on ne recevrait plus au Conseil du roi aucun de ceux qui étaient soupçonnés d’hérésie, ou fauteurs d’hérétiques, ce qui fut ordonné à cause de lui seulement. Il [page 69] fut envoyé au concile de Trente ; [138] mais étant à Pignerol, [139] il reçut avis, par lettres de MM. de Pibrac, [140] Du Ferrier [141] et de Morvillier, évêque d’Orléans, [142][143][144] qu’il ne faisait pas bon pour lui au concile ; que le pape avait les mains trop longues ; et que les passeports donnés à ceux qui allaient au concile ne s’entendaient pas pour les évêques soupçonnés d’hérésie ; que l’on lui faisait pour ce point son procès à Rome, et qu’il se gardât bien de passer outre, qu’autrement il était en danger ; et de fait, y a eu sentence portant condamnation contre lui, comme hérétique, mentionnée dans les bulles de Charles de Léberon, [145][146] son successeur, qui était son neveu, en tant que fils de sa sœur. [147] On ne put trouver un gentilhomme pour épouser cette sœur ; enfin, on la maria à un nommé Jean < sic pour : François > de Gélas, [148][149] qui a acheté la terre de Léberon [150] dont ceux-ci portent aujourd’hui le nom, homme fort riche, lequel avait autrefois été épicier. Ce neveu ne put obtenir l’évêché de Valence par la résignation de son dit oncle (à cause de l’hérésie dont il était accusé), mais il l’eut par le moyen de la nomination du roi. Jean de Montluc mourut l’an 1579 à Toulouse, hydropique. [151] Voy. Sc. Dupleix, [152] sous Henri iii, p. 99. Vide Sammarthanum in Elogiis. [32][153] Il eut un bâtard qui fut légitimé, qui fut Balagny, prince de Cambrai, [154] d’une belle femme grecque qu’il avait amenée de son ambassade de Levant. D’autres disent que la mère de ce Balagny était une Picarde. [155] Il acheta pour ce sien bâtard exprès la terre de Balagny, [156] afin de lui en faire porter le nom. Scipion Dupleix, en parlant du colloque de Poissy, [157] parle de lui comme d’un homme libertin, et bien peu catholique. Combien qu’il se dît évêque, il n’a jamais été sacré, n’a jamais tenu les ordres, ni n’a jamais été prêtre ; ains seulement a été nommé à cet évêché. Quand il ouït la nouvelle de la mort de Calvin, il s’écria de douleur et dit qu’à son grand regret le plus grand théologien du monde était mort. Voy. le cardinal Duperron en son Traité de l’Eucharistie, p. 1021, et Thuanum tom. 3, pag. 325. [33] Cl. Robertum in [G]allia Christiana p. 501, [158] Fr. Belcarium pag. 941. [34][159] Il prêchait hardiment et éloquemment, mais il entrait dans la chaire pour prêcher comme dans le Conseil pour opiner et parler d’affaires, avec un manteau, une soutane et un bonnet carré ; et rarement prêchait-il qu’il ne lui échappât quelque opinion hérétique ; et même, une femme se leva du sermon un jour et lui dit tout haut qu’il était un méchant évêque de parler ainsi. Il portait si fort et hautement les huguenots à Valence que quand les chanoines chantaient la messe dans le chœur, les ministres étaient dans la nef, qui chantaient les Psaumes. Tandis qu’on poursuivait les luthériens, [160] le doyen de Valence [161] eut commandement de faire des informations contre ceux qui prêchaient des hérésies, auxquels Jean de Montluc fut compris ; mais il fit casser ces informations étant de retour d’Écosse, par arrêt du grand Conseil, qu’il obtint au rapport de Maître Nicolas Compain [162] (que Blaise de Montluc, au commencement du v e livre de ses Mémoires, dit avoir été le plus méchant homme de France) ; [35] et le doyen fut condamné à amende honorable [163] pour avoir informé contre son évêque. Mess. Jacques de Léberon, qui est aujourd’hui évêque de Valence [164] avait un sien cousin nommé Jacques de Léberon, natif d’Upie [165] en Valentinois, près de Valence, [166] qui se tua l’autre jour ici de colère, [167] après avoir tué son laquais. Tous ces Gélas de Léberon sont fous par la tête. 1638. [36][168]
Cum Janum veterem clausum temere Quirites,
Florentis signum pacis ubique fuit :
Nulla salus Bello, pax toto poscitur orbe,
Nos Janum viridem clausimus ? Ecquid erit ? [37][176]
[page 70] Les grandes nouvelles ne se doivent pas croire tout d’un coup, il faut en attendre le boiteux. Præceptum est Epicharmi : [177]
Sobrius esto, et memineris non credulus esse.Ne credas ne (Epicharmus ait) non sobrius esto,
Hi nervi, humanæ membraque mentis erunt.
Je ne pense pas qu’il se fie aux enfants, après qu’il aura ruiné le père. Stultus qui occiso patre sinit vivere liberos. [39][179]
Tum Thetidis Peleus incensus fertur amore ;
Tum Thetis humanos non despexit hymenæos :
Cum Thetidi pater ipse jugandum Pelea sensit.
O nimis optato sæclorum tempore nati
Heroes salvete deum genus ! o bona mater !
Vos ego sæpe meo vos carmine compellabo,
Teque adeo eximie tædis felicibus aucte
Thessaliæ columen Peleu, cui Jupiter ipse
Ipse suos divum genitor concessit amores.
Catullus. [48][213]
Dum residet Cyclops sinuosi in faucibus antri,
Hæc secum teneras concinit inter oves.
Pascite vos herbas, sociis ego pascar Achivis,
Postremumque ut in viscera nostra ferent.
Audiit hæc Itachus, [223] Cyclopaque lumine cassum
Reddidit. In pœnas ut suus auctor habet ? [51]
« Recipe, si vous les trouvez,
Deux Bourguignons en conscience,
Deux Périgourdins en science, etc. » [52]