L. 63.  >
À Claude II Belin,
le 5 décembre 1641

Monsieur, [a][1]

Je vous remercie de votre belle lettre et de ce qu’elle contient touchant M. Le Tartier. [2] M. de Bourbon [3] m’a ici dit qu’il quitta Troyes [4] et s’en alla à Sedan, [5] où il est mort huguenot. [1][6] Je voudrais bien avoir le distique entier qui était au tableau des deux frères, [7] je vous prie de tâcher de vous en souvenir ; je ne refuse pas aussi les mémoires que vous m’offrez du dit médecin. Je n’ai jamais vu ses Promenades printanières, je vous prie de me mander où elles ont été imprimées. Pour sa Médicologie, c’est dommage qu’elle n’est parfaite[2] Si Dieu nous donnait la paix et que les imprimeurs [8] en voulussent imprimer quelque chose, on en pourrait extraire quelques-uns des meilleurs chapitres et en faire un bon petit livre ; mais il faudrait un peu en réformer le langage pour le rendre plus propre en ce siècle où plusieurs se mêlent de réformer le langage, et pas un ses mœurs : de moribus ultima fiet quæstio[3][9][10] Pour ce que vous me mandez de Licetus, [11] je l’ai vu ; M. Naudé, [12] mon bon ami, me l’a envoyé de Rome, et plusieurs autres livres. Des œuvres de Licetus il y en a plusieurs tomes in‑4o, impression d’Italie, et quatre in‑fo ; on n’a rien imprimé de lui à Paris qu’un petit in‑8o qui n’est pas grand’chose. [4] Monsieur votre fils [13] m’est tout recommandé, in cuius facie et moribus candidis facile video charissimum parentem[5] de l’amitié duquel je me tiens bien heureux ; et pour parler avec M. Mentel [14] lorsqu’il parle de moi, de cuius in me amore non vulgari glorior et pene superbio[6] Si M. Sorel [15] a fait imprimer ses thèses, [16] je souhaite fort d’en avoir. [7] Je crois qu’aurez donné ma lettre à M. Camusat, [17] quem ni grave tibi sit, meo nomine salutabis[8] Je lui ai écrit quid esset medo ; [9][18] mais depuis ce temps-là, j’ai trouvé que Sennertus [19] même en a parlé en ses Institutions, ubi de Vinis medicatis, melicrato, etc[10] Voici ce qu’il en dit : Inter mulsæ genera, quæ ætatem ferre possunt, hodie notissimus est potus ille, quem Medonem vulgo nominant ; ac præstantissimus quidem in Lituania paratur. Sumunt partem unam mellis, et partes octo aquæ, vel etiam plures, etc. Ad fermentationem promovendam, et fervorem conciliandum, alii in sacculo in vas suspendunt semen sinapi, alii feces cervisiæ addunt, et ut diutius duret, flores lupuli salictarii adiiciunt, etc[11][20][21] Je vous prie de lui communiquer encore ces lignes, avec mes recommandations.

Le colonel Gassion [22] est ici, de retour de Flandres, [23] on l’a fait revenir pour l’envoyer en la comté de Roussillon. [12] M. le Prince [24] qui y est, revient en cour. Le maréchal de Brézé [25] s’en va en Catalogne. [26] M. le maréchal de Guiche, [27] qui est encore en Flandres, sera bientôt ici ; c’est signe qu’Aire [28] ne tiendra plus guère et qu’elle sera bientôt rendue aux Espagnols. [13] Le prince de Monaco [29][30] a vendu et livré sa ville au roi, où il a fait entrer nos troupes, qui ont coupé la gorge à 600 Espagnols qui y étaient en garnison. [14] Cette ville est entre Nice [31] et Antibes, [15][32] elle nous donne grand pouvoir sur la mer contre les Espagnols, et principalement sur ceux de Gênes. [16][33] On donne à ce prince, en récompense de sa ville, un cordon bleu, [17][34] on le fait duc et pair de France, on lui donne en Provence [35] autant de revenu que sa ville lui valait, avec quelque argent comptant. [18] Toute la cour est à Saint-Germain [36] et à Rueil. [37] Son Éminence [38] valet pancratice ; Rex vero non ita firmiter[19][39] L’archevêché de Reims est donné à l’évêque de Chartres [40][41][42][43] et son évêché est donné à M. Lescot, [44] docteur en Sorbonne [45] et professeur du roi, qui était déjà abbé de deux bonnes abbayes, chanoine de Notre-Dame ; [46] et quod omnium longe optimum[20] il était confesseur de Son Éminence. Je vous baise les mains, et à madame votre femme, et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 5e de décembre 1641.


a.

Ms BnF no 9358, fo 67 ; Triaire no lxv (pages 218‑221) ; Reveillé-Parise, no liii (tome i, pages 87‑88).

1.

Huguenot est le sobriquet que les catholiques de France donnaient aux calvinistes. Au sujet des habitants de Tours qui pour la plupart embrassaient la nouvelle religion, Jacques-Auguste i de Thou écrit (livre xxiv, règne de François ii, année 1560, Thou fr, volume 3, page 485‑486) :

« Il est à remarquer que le nom ridicule et odieux de huguenot, qu’on donna depuis en France à ceux qu’on appelait auparavant luthériens, prit son origine en cette ville-là. On sait que les habitants de chaque ville appellent de noms qui leur sont particuliers les lutins, les loups-garous, les bêtes noires et d’autres monstres chimériques et vains dont les contes de vieilles sont remplis pour faire peur aux enfants et aux femmelettes. Or ce roi Hugon {a} passait chez le peuple de Tours pour un de ces monstres, et on disait qu’il galoppait toutes les nuits autour des murs de la ville, battant ceux qu’il rencontrait, ou les enlevant. C’est de ce roi Hugon qu’on appela huguenots les protestants qui, n’osant s’assembler de jour, se rendaient toutes les nuits aux environs de Tours pour entendre des sermons ou pour faire leurs prières en commun. » {b}


  1. « Voici en particulier ce qui est dit du roi Hugon, page 37 du 7e tome de la Nouvelle Description de la France par M. Piganiol de la Force : “ Hugon, selon Eginhard dans la Vie de Charlemagne et selon quelques autres historiens, était comte de Tours. Il y a apparence que s’étant rendu redoutable par sa méchanceté et par la férocité de ses mœurs, on en a fait après sa mort l’épouvantail des enfants et des femmelettes, et le canevas de beaucoup de fables ” » (Trévoux).

  2. Littré DLF et bien d’autres ont longuement glosé sur les autres origines possibles du mot huguenot.

Sedan était un des hauts lieux du calvinisme français. Depuis l’édit de Nantes (1598), la majorité catholique de l’État donnait au calvinisme (huguenotisme ou Réforme calviniste) le nom officiel de Religion prétendue réformée.

2.

V. note [14], lettre 14, pour Adrien Le Tartier et ses Promenades printanières ; sa Médicologie est restée inédite. V. note [1], lettre 48, pour Yves Le Tartier, frère jumeau d’Adrien. Je n’ai pas trouvé le distique « qui était au tableau des deux frères ».

3.

« Pour la moralité, c’est la dernière chose dont on s’enquière » (Juvénal, Satire iii, vers 140).

Juvénal (Decimus Junius Juvenalis, Aquinum, Apulie vers 60-vers 130), ami de Martial (v. note [17], lettre 75), auteur de 16 Satires, était un poète latin chéri de Guy Patin, qui l’a abondamment cité dans sa correspondance.

4.

Fortunio Liceti (Licetus, Rapello près de Gênes 1577-Padoue 17 mai 1657), fils de Giuseppe, médecin de Gênes, avait étudié la philosophie et la médecine à Bologne. Reçu docteur en 1600, il avait tenu ensuite à Pise une chaire de logique pendant cinq ans, au terme desquels on l’avait chargé d’expliquer la philosophie d’Aristote. En 1609, il avait été nommé professeur de philosophie à Padoue, mais dépité que la place de premier professeur lui ait été deux fois refusée, il en était parti pour accepter une chaire à Bologne. L’Université de Padoue, qui le regrettait vivement, finit par le ramener dans son sein en lui offrant la place de premier professeur de médecine théorique, en 1645, qu’il conserva jusqu’à sa mort. Fort érudit et polémiste redouté, Liceti a joui d’une très grande réputation ; mais son attachement aveugle aux opinions d’Aristote, qu’il vénérait presque à l’égal d’un dieu, l’empêcha de faire progresser la philosophie. Son œuvre médicale ne fut guère plus créative : il s’y est particulièrement signalé par une conception absurde de la circulation du sang (v. note [30], lettre 152). En 1641 Liceti avait déjà publié en Italie une longue liste d’ouvrages (A.‑J.‑L. Jourdan in Panckoucke).

Il serait fastidieux de donner ici la liste complète de ses nombreux ouvrages, mais trois de ses in‑fo alors déjà parus donnent une idée de sa production :

V. note [2], lettre latine 215, pour le catalogue (Padoue, 1634, 55 pages) où Liceti a dressé lui-même une liste complète de ses ouvrages alors parus ou à paraître.

5.

« dans son visage et ses mœurs simples je reconnais facilement son très cher père ».

6.

« je me glorifie de son affection pour moi, qui n’est pas offerte à tout le monde, et m’en enorgueillis presque. »

7.

Le Catalogue des thèses imprimées de l’Université de Montpellier dressé par Dulieu donne pour l’année 1642 quatre thèses de Nicolaus Sorel Trecensis (Nicolas Sorel de Troyes, v. note [8], lettre 32) :

8.

« que vous saluerez en mon nom, si ça n’est pas trop vous demander. »

9.

« pourquoi il serait du medo » (v. note [1], lettre 61).

10.

« où il est question des vins médicinaux, de l’hydromel, etc. ».

V. note [21], lettre 6, pour les Institutiones medicæ… de Daniel Sennert. Guy Patin renvoyait ici au livre v, De Θεραπευτικη [La Thérapeutique], 3e partie, De Compositione medicamentorum [La Composition des médicaments], 3e section, De Formis medicamentorum [Les Types de médicaments], chapitre iv, De Vinis medicatis, melicrato, mulso, oxymelite, aceto medicato, decocto seu aqua hordei, succis item depuratis [Les Vins médicinaux, de l’hydromel, du vin mêlé de miel, de l’oxymel (sirop de miel cuit avec du vinaigre), de la décoction ou eau d’orge, de même que des jus dépurés] (page 783 du 1er volume des Opera omnia, 1650).

11.

« Parmi les sortes d’hydromel {a} qui peuvent supporter de vieillir, le plus connu est cette boisson qu’on nomme vulgairement medo, et dont le plus excellent est préparé en Lituanie. {b} Ils prennent une part de miel et huit parts d’eau, ou même plus, etc. Pour en favoriser la fermentation et en ménager l’ardeur, certains y suspendent de la graine de moutarde {c} dans un pot ou dans un petit sac, d’autres ajoutent de la lie de cervoise, et pour qu’elle dure plus longtemps, ils y adjoignent des fleurs de houblon de saule, etc. » {d}


  1. L’hydromel médicinal était l’eau miellée, c’est-à-dire simplement mêlée de miel, sans fermentation, qui servait de boisson aux malades. L’apomel (v. note [24] du Traité de la Conservation de santé, chapitre iii) en était très voisin.

  2. V. note [8], lettre 384.

  3. Ou sénevé, v. note [45] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii.

  4. Sennertus, pages 785‑786.

12.

« Comté a été féminin, d’où la Franche-Comté où le nom propre a conservé l’ancien genre, et une comté-pairie » (Littré DLF).

13.

Guy Patin était ici bien informé : deux jours après la date de sa lettre, la garnison française d’Aire, après une longue et opiniâtre résistance et à bout de ressources, se voyait forcée de capituler (Triaire).

14.

Honoré ii Grimaldi (1599-1662), prince de Monaco, petit-fils d’Honoré ier, avait pris à l’âge de 5 ans (1604) la succession de son père Hercule, que ses sujets avaient assassiné et jeté à la mer. Pendant sa minorité, son oncle et son tuteur, Frédéric Lando, avait gouverné en son nom et fait venir à Monaco une garnison d’Impériaux. Dès qu’il eut atteint sa majorité, Honoré ii suivit une politique toute contraire. Il avait conclu à Péronne (14 septembre 1641) un traité secret avec Louis xiii, qui, non seulement lui accordait sa protection, mais encore lui donnait, avec le titre de pair de France, le duché de Valentinois, la baronnie de Buis et en Auvergne, la baronnie de Calvet et le comté de Cardalez. Le 17 novembre, Honoré ii contraignait les Espagnols à quitter Monaco. Il fut le constant allié de la France (G.D.U. xixe s.).

Saint-Simon (Mémoires, tome i, pages 268‑269) :

« C’est le père {a} de ce prince de Monaco du traité {b} qui, le premier, s’est fait appeler et intituler prince de Monaco ; le père {c} de celui-là et tous ses devanciers ne se sont jamais dits ni fait appeler que seigneurs de Monaco. {d} C’est, au demeurant, la souveraineté d’une roche, du milieu de laquelle on peut, pour ainsi dire, cracher hors de ses étroites limites. »


  1. Hercule Grimaldi.

  2. Honoré ii.

  3. Honoré ier.

  4. D’origine génoise, les Grimaldi avaient été seigneurs de Monaco depuis la fin du xiiie s.


15.

Erreur de Guy Patin : c’est Nice qui est entre Monaco (à l’est) et Antibes (à l’ouest).

Nice, capitale du comté de même nom, faisait alors partie des États (ou duché) de Savoie. La France ne l’a annexée qu’en 1860.

Ancienne colonie grecque fondée vers le iiie s. av. J.‑C. sous le nom d’Antipolis (la ville d’en face), Antibes était alors un port fortifié situé sur la frontière entre royaume de France (Provence) et duché de Savoie (comté de Nice).

16.

Gênes, port méditerranéen du nord de l’Italie (Ligurie), était la capitale d’une république indépendante, fondée au xie s. Son territoire, qui incluait la Corse, était bordé à l’est par le duché de Savoie, au nord par le marquisat de Montferrat et le duché de Milan, et à l’ouest par le duché de Modène. « Son gouvernement est purement aristocratique ; il n’y a que les nobles qui puissent y avoir part. La noblesse y est divisée en deux ordres : la vieille noblesse consiste en 28 familles, et la nouvelle en 437. De ces deux ordres de noblesse, on choisit 400 personnes qui composent le Grand Conseil, en qui réside la souveraineté. Elle a, outre cela, un Sénat composé du doge et de 12 sénateurs qui ont l’administration ordinaire des affaires. Le doge est pris de l’ancienne et de la nouvelle noblesse alternativement ; il n’est que deux ans en charge et il ne peut y revenir qu’après 12 ans d’intervalle ; il loge dans le palais de la République et il a toujours deux sénateurs logés avec lui pour observer sa conduite. On ne peut être élevé à cette charge qu’après l’âge de 50 ans. Les nobles génois, de même que les Vénitiens, ne peuvent avoir aucun commerce avec les ministres des États étrangers » (Trévoux).

Depuis le 14 août 1641, le doge de Gênes était Giovanni Agostino De Marini, mort en charge le 19 juin 1642.

17.

Le cordon bleu était celui des chevaliers de l’Ordre du Saint-Esprit, créé en 1578 par Henri iii pour protéger le roi en tant que personne sacrée. L’Ordre était composé de cent chevaliers, choisis parmi la plus haute noblesse, et de huit commandeurs, choisis parmi les ecclésiastiques (en principe, quatre cardinaux ou archevêques et quatre évêques). Quatre membres de l’Ordre étaient élevés au rang de commandeur officier pour assurer les charges de chancelier et garde des sceaux, de prévôt et maître des cérémonies, de grand trésorier et de greffier.

18.

Montglat (Mémoires, page 113) :

« Ce prince était souverain de deux villes : Monaco, nommée vulgairement Mourgues, et Menton. La première est située sur un roc escarpé sur le bord de la mer, où il a un bon port pour les galères ; et dedans, il y avait une garnison espagnole depuis l’empereur Charles Quint, qui prit les princes de Monaco en sa protection. Depuis ce temps-là, les Espagnols y avaient toujours été les maîtres, et ne rendaient pas au prince la déférence et même l’obéissance qu’ils lui devaient selon leurs conventions. Honoré ii, à présent régnant dans cette petite souveraineté, se dépita de voir le peu de respect qu’on lui rendait ; et quoiqu’il s’en fût plaint au gouverneur de Milan, il n’en eut pas plus de satisfaction. Ces mécontentements lui donnèrent envie de s’en venger : ce qu’il ne pouvait faire sans changer de parti, à cause qu’il était entre leurs mains ; et durant qu’il ruminait en sa tête par quels moyens il se tirerait de leur pouvoir, il fut confirmé dans sa pensée par un de ses parents nommé Courbon, qui demeurait à deux lieues de là ; lequel lui proposa de traiter avec le comte d’Alais, gouverneur de Provence. Pour faire la chose plus secrètement, il se chargea de cette négociation et de chercher les expédients pour faire réussir leur dessein. La difficulté était grande car la forteresse était bonne, et les Espagnols se tenaient fort sur leurs gardes, d’autant plus qu’ils voyaient que le prince n’était pas content d’eux ; outre que Nice, tenu par le cardinal de Savoie, était entre Monaco et la France, qui empêchait que le commerce ne fût libre. Néanmoins, comme ce prince voulait tout hasarder, la nuit du 18 au 19 novembre, il fit entrer, sous quelques faux prétextes, quelques hommes de ses sujets dans la place et leur donna des armes qu’il avait chez lui ; et ayant séparé ce petit corps en trois, il surprit le corps de garde des Espagnols, qui ne se défiaient de rien, et les tua tous ou fit prisonniers. En même temps, il reçut dans le port des barques que le comte d’Alais envoyait pour le secourir, et fit entrer dans sa place les Français qui étaient venus dedans. Sur ce bruit, le cardinal de Savoie lui dépêcha un gentilhomme pour le dissuader de mettre des Français dans Mourgues et l’assurer de toute satisfaction du côté des Espagnols ; mais cet envoyé fut fort surpris quand il les vit déjà dedans, et qu’en sa présence, le prince ôta de son col l’ordre de la Toison, qu’il donna à celui qui commandait la garnison espagnole, pour le rendre au gouverneur de Milan, lui disant que puisqu’il ne voulait plus être serviteur du roi d’Espagne, il ne pouvait plus porter ses marques. Il se mit ensuite sous la protection du roi très-chrétien, {a} prit hautement l’écharpe blanche et mit ses places entre les mains des Français, pour les lui conserver, à condition qu’il demeurerait maître souverain de son État ; que les garnisons seraient payées par le roi, mais qu’elles lui obéiraient absolument. Il perdit par ce changement 25 000 écus de rente dans le royaume de Naples ; en récompense de quoi, le roi lui donna le duché de Valentinois, qui valait davantage, et le fit passer au Parlement duc et pair de France. »


  1. Louis xiii.

19.

« a la santé d’un pancratiaste [lutteur] ; mais celle du roi n’est pas si solide. »

Richelieu n’avait alors plus qu’un an à vivre, et Louis xiii, six mois de plus. Valere pancratice est un adage commenté par Érasme (no 1786) qui l’attribue à Plaute dans Les deux Bacchis et le rapproche de Valere basilice [Avoir la santé d’un roi], ce qui ajoute ici de l’ironie, volontaire ou non, au latin de Guy Patin.

20.

« et ce qui est de loin le mieux de tout ».

L’évêque de Chartres nommé archevêque de Reims était Léonor (ou Éléonor) d’Étampes de Valençay (v. note [10], lettre 19) qui occupait le siège de Chartres depuis 1633. Il succédait à Henri ii de Lorraine, duc de Guise (v. note [4], lettre 27) ; v. note [6], lettre 19, pour Jacques Lescot, professeur de théologie au Collège de France, qui lui succédait à Chartres.

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome i, page 289) :

« M. de Chartres, Lescot, a dit plusieurs fois qu’il ne connaissait pas le moindre péché en M. le cardinal. Par ma foi ! qui croira cela pourrait bien croire autre chose. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 5 décembre 1641

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(Consulté le 25/04/2024)

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